Carpates et Tatras à monocycle

Après une acclimatation culinaire à Rzeszów, journée de démarrage avec la rencontre d'un américano-polonais amoureux de sa région et d'architecture, qui va me guider quelques temps, me montrer une source planquée dans la forêt... Ensuite, je vogue entre pistes et petites routes tranquilles pour finir au camping (je ne sais pas encore si les ours sont un vrai problème). La région n'est absolument pas touristique, il n'y a pas grand monde.
N'ayant rien préparé, je tombe par hasard sur un itinéraire de grande randonnée qui traverse l'Est de la Pologne: la GreenVelo, sur le modèle de ce qui existe en Suisse (avec des haltes régulières sur le parcours et quelques infos).
Pour trouver de l'eau, il faut demander aux gens car il n'y a pas de fontaine publique.

Je pénètre dans les Carpates, la station de ski à une altitude de 400m prouve que les hivers sont rudes dans ce coin. Je découvre des gens sympas, pas trop curieux mais souriants, ne me refusant jamais d'eau. Mon polonais est (et restera) limité hélas... L'ours ne semblant pas être un problème, je commence à bivouaquer, avec une préférence pour les églises (autant profiter du patrimoine) ou les terrains de sport.

Le trafic augmente un peu à la mi-journée, mais c'est surtout la chaleur qui me pousse à l'eau dès que possible! Je rencontre des vacanciers, que des Polonais dont des cyclistes qui ont fait le tour des Tatras sur route.

Je me fais doubler par 2 cyclistes qui étaient sur la Race Across Poland, avec voitures suiveuses... pas le même délire.

Le passage de frontière est solitaire, il n'y a personne sur la petite route que j'emprunte. L'arrivée dans la première ville Slovaque est un peu bizarre, avec ses bâtiments communistes... et les gens qui m'ignorent totalement!
Au fil des jours, je vais découvrir qu'en Slovaquie, ne pas répondre à un "dobré!" enjoué et amical (le mien) est normal, faut juste le savoir. Une fois la barrière rompue, ça va mieux, mais le premier abord surprend. Dans les campagnes, c'est comme en Pologne (et chez nous en France!): peu de gens parlent anglais.
A la mi-journée je craque et m'avance en bus, le fessier trop douloureux et le mental entamé par la souffrance due à l'inconfort du monocycle.

Repos à l'auberge dans le centre historique tout mimi de Bardejov. J'y rencontre des français venus mariés leur fils, ça fait du bien de parler un peu...

Je remets cap sur la Pologne avec l'objectif d'emprunter une petite route le long de la frontière, jusqu'aux Tatras.
Belle rencontre avec Delia et sa famille, autour du parc et du "kiosque où coule de l'eau le long de branchages". Delia a voyagé à vélo, et me conseille quelques routes. Elle va regretter par la suite de ne pas avoir insisté pour que je reste prendre le café chez elle, je vais me prendre le plus gros orage du trip juste après.
A propos du kiosque: j'ignore le mot en polonais, mais il en fleurit depuis une dizaine d'années dans cette région. L'idée est de faire couler de l'eau sur des branchages, ce qui dégage un air pur et aurait des vertus. En tout cas ça sent bon et c'est agréable, en plus d'offrir un abri.

Je décide de tenter le coup par la montagne, avec un itinéraire avec une bonne ascension sur route et des bouts de chemins. Je débouche à un col où les vallées vont ensuite se creuser, et déniche un super coin à bivouac le long d'un petit ruisseau.

Dans les gorges, c'est le défilé à vélo et en bateau: les deux balades à faire pour les nombreux touristes. Cette région proche de Zakopane est prise d'assaut l'été par les Polonais. Le long du Dunajec, avant il n'y avait qu'un chemin que Delia m'avait conseillé d'emprunter soit tôt le matin soit en fin de journée. Maintenant, c'est asphalté presque partout et il n'y a plus trop de piétons qui s'y risquent... Je me renfonce ensuite dans la campagne déserte et repasse la frontière.
Bivouac agréable sur une petite terrasse, à priori interdit dans le parc mais ça ne choque personne et plusieurs randonneurs m'ont dit que c'était toléré dans tous les parcs slovaques. Par contre il y aurait quelques ours, donc c'est mieux de prendre ses dispositions, ce que je n'ai pas fait.

Au pied des Tatras, itinéraire majoritairement sur piste cyclable/chemin en bordure de la route où il y a du trafic. Fin de journée un peu chaotique où je peine à trouver un spot à bivouac, je perds ma précieuse crème anti-frottement (et la recherche en vain pendant un moment). J'échoue sur un stand de tir derrière un immeuble en ruines, mais comme d'hab personne ne vient me voir.

Après un ravito à la ville, je retourne avec les ours par des petites routes et sentiers pour finir dans un campement/mission catholique où je rencontre (incroyable!) mes premiers cyclovoyageurs, français et allemand. L'Allemand ne se nourrit que de bières le soir, je n'avais jamais vérifié le cliché, et son trip c'est de gravir tous les sommets du coin à vélo, chargé à l'allemande (lourd). Le couple de compatriotes boucle un voyage de 6 mois en Europe, on passe une bonne soirée.

Je finis tranquillement le périple en cherchant des singles (et en les trouvant!), en m'avançant avec un petit bout de train, puis en m'offrant un dernier bivouac entre deux singles et pistes forestières.
Retour en train à Bratislava, capitale à taille humaine, certes touristique en plein été. Le Danubiana Meulensteen Art Museum vaut le détour.