Rando bivouac dans le Jurassique Polonais

Coin cuisine:

• Un réchaud à alcool
• Une popote avec couvercle
• Un pare-vent en aluminium
• Deux mugs
• Deux cuillères
• Une spatule en bois

Coin nutrition:

• Flocons de sarrasin
• Kasza manna (semoule fine de froment)
• Fromages et saucisses sèches
• Un morceau de lard
• Du beurre
• Du chocolat
• Quelques noix et fruits secs
• Des sachets de soupe de légumes
• Du bon café 

Coin bivouac:

• Une bâche de sol
• Un tarp de 4,5m sur 3m
• Quelques piquets et de la cordelette

Coin couchage:

• Matelas gonflable
• Duvets en plume

Kit feu:

• Une paire de gants de travail
• Un briquet
• Une petite scie pliante
• Mon nouveau Khukuri, le couteau des Gurkhas, la célèbre armée Népalaise

Coin électronique:

• Téléphone
• Powerbank
• Lampe frontale
• Chargeur

5 Avril 

Nous quittons Cracovie sous un grand soleil qui devrait nous accompagner les prochains jours. Nous rejoignons rapidement les premières balises avant de nous laisser guider : rouge et blanc pour Orlich Gniazd, puis la jolie coquille jaune et bleue de Saint-Jacques-de-Compostelle qui partagera un bout de chemin avec nous. Je suis étonné de la facilité de sortir de la ville ; tout paraît fluide. Il n'y a pas de grandes zones industrielles bruyantes, les gens sont calmes, c'est propre et très vert, notamment grâce à de nombreux parcs. Nous qui n'aimons pas les villes, je dois avouer qu'il règne à Cracovie une atmosphère agréable.
Nous avalons rapidement 10 kilomètres et la ville nous paraît déjà bien loin. On se croirait presque dans les Alpes, avec une architecture rustique, montagnarde, et de très belles maisons en bois. Des jolis quartiers résidentiels s'offrent à nous. Nous faisons halte dans une petite épicerie au pied d'une magnifique église vieille de plus de cent ans, toute en bois. La Pologne est un pays très pieux, avec beaucoup d'églises et de croix le long des routes, toujours fraîchement ornées de bouquets de fleurs colorés. Je note que les cimetières eux aussi sont très soignés; toutes les tombes sont recouvertes de fleurs, aucune d'entre elles n'a l'air d'avoir été oubliée.
Nous faisons le plein d'eau pour le casse-croûte et reprenons la route en direction du Parc National d'Ojców, où nous devrions voir notre premier château.

6 Avril


Le vent s'est levé vers 4h et le bruit des rafales à travers les arbres nous a réveillés, mais la nuit a été bonne dans l'ensemble. J'émerge vers 6h30 pour préparer le café et écrire quelques lignes. J'aime ce calme matinal qui règne en forêt avec les premiers chants des oiseaux, et j'ai pris l'habitude de prendre quelques notes en sirotant mon café. La fatigue de la veille se fait sentir ; le retour à la vie nomade après un mois de sédentarité est brutal. Nous traînons un peu ce matin et levons le camp à 9h45. Quelques petites pentes bien raides viennent vite nous échauffer les jambes.

7 Avril

J'ai de bonnes sensations ce matin. Le sommeil a été profond et réparateur. Mon pied n'est pas douloureux et je ne ressens aucune gêne. Nous sommes en route à 8h45. C'est dimanche et il n'y a pas un chat dans le village. Nous le traversons rapidement et apercevons une jolie maison blanche, la "Chata Kocjana" (Chata signifie maison en bois, cabane). Il s'agit de la maison où a grandi Antoni Kocjan avant la Deuxième Guerre mondiale. Célèbre aviateur et pilote de chasse polonais pendant la guerre, mort à Auschwitz en 1944, sa maison a été conservée et elle est aujourd'hui un musée en sa mémoire.

8 Avril

Il ne fait vraiment pas froid, 12 degrés sous le tarp ce matin, des températures agréables pour dormir, et un silence absolu règne dans cette forêt. Aucun animal n'est venu rôder, pas de vent, même le hibou ne nous a pas honorés hier soir.

Quelques kilomètres plus loin, nous abordons le village de Smoleń. Rien n'est ouvert, alors nous demandons de l'eau à une habitante et nous filons vers le château. L'entrée est ouverte mais il n'y a personne. Nous pénétrons dans les vestiges du vieux château de Pilcza, qui nous appartient le temps de la visite. Il est bien conservé malgré l'absence de toiture. Quelques canons sont positionnés en face des meurtrières. Des escaliers nous permettent de longer les murailles et d'accéder aux parties supérieures et au donjon. Nous montons même tout en haut, et la vue panoramique est impressionnante : des forêts et des champs à perte de vue.

 
    

9 Avril

Belle surprise ce matin : la rougeur dans le creux du pied a disparu, juste une légère douleur à la palpation mais rien de méchant. Pas de courbatures, on se sent bien et prêt à attaquer une nouvelle journée.
Imagine, tu arrives chez le médecin avec une grosse inflammation et tu ressors pieds nus du cabinet  ! Oui, je sais, ça dépend de beaucoup de facteurs, en tous cas pour ma part, ça a l'air de bien fonctionner...
C'est la chasse aux tiques ce matin. On en retire trois sur Ada. Après s'être inspectés comme des singes, nous décollons vers 9h.
Petite pause au premier village pour faire le plein d'eau et dévorer quelques pâtisseries. Puis, nous arrivons au château de Bąkowiec, avec une mini piste de ski juste à côté, et un tire-fesse d'une autre époque.

10 Avril

Une nuit de Mer...! Le vent a soufflé toute la nuit, en plus des aboiements incessants des chiens du village voisin. Le ciel est couvert ce matin et le vent continue de souffler alors que je me lève pour préparer le café. Il fait 8 degrés sous le tarp, les températures ont chuté. Mon humeur est aussi maussade que la météo, surtout après que la casserole a été renversée par un coup de vent, nous privant ainsi de café. Nous décidons de ne pas nous attarder et nous nous mettons en route vers 8 heures, en quête de caféine.

Avant même d'arriver au village, nous tombons sur le château de Bobolice. Les jardins sont ouverts et nous y pénétrons un moment pour l'admirer. Ce château est souvent le lieu d'événements tels que des mariages et des tournages de films. Les visiteurs peuvent également profiter d'un restaurant et d'un hôtel de luxe situés juste à côté.

11 Avril

Difficile de s'endormir hier soir, les corps meurtris, pas évident de trouver une bonne position. Mais la fatigue aura fini par l'emporter et quelques bonnes heures de sommeil suffiront. À 5h, je suis réveillé et m'extirpe de dessous le tarp, surmotivé à l'idée d'attaquer notre dernière journée, et à la fois triste de terminer cette aventure qui finalement ne vient que de démarrer. La mise en route du corps demande toujours un peu de temps : les premiers jours sont toujours compliqués, avec des petits bobos, des nuits pas optimales, des sacs mal ajustés, etc. Bref, un tas de petits pépins. Au fil des jours, les habitudes s'installent, les corps s'adaptent, et on n'a plus envie que ça s'arrête. La marche est très addictive. Enfin là, je crois que nos pieds ont plutôt envie que ça s'arrête ! Cette nouvelle expérience en sandales ajoute une difficulté supplémentaire. Quelques jours de repos ne seront pas de refus.
Quelques exercices de mobilité nous font le plus grand bien ce matin. Les corps sont grippés, mais étrangement je ne ressens aucune mauvaise douleur, ni tendineuse, ni articulaire, pas de mauvaises sensations. Je sens le corps reconnaissant, une sorte de musculation au naturel très bénéfique.
À 7h, le camp est plié et nous sommes en route. 6 km pour atteindre le château de Olsztyn. Nous croisons une très belle église tout en bois, plus toute jeune puisqu'elle date d'avant le 13ème siècle. Il y a aussi une représentation de "Saint Idzi" à ses côtés, ...

Une très belle aventure, chargée d'histoire et de beaux paysages, agréablement surpris par le calme du chemin, très peu fréquenté en général, ce qui permet une connexion totale avec la nature. En plus de pouvoir côtoyer des châteaux du Moyen Âge et les nombreuses formations géologiques, nous avons découvert de larges possibilités de bivouac avec d'immenses forêts, des spots d'escalade exceptionnels, et des villages typiques à l'architecture traditionnelle, avec de très belles maisons. Le sentier est parfaitement balisé et fraîchement repeint, avec des panneaux d'informations traduits en anglais qui permettent de comprendre et de s'informer sur ce qui nous entoure tout au long du parcours. Un très beau patrimoine à découvrir, et nous envisageons de refaire le parcours en vélo gravel.

Quant à notre expérience en sandales, ce fut tout simplement une révélation, un vrai tournant dans nos vies de voyageurs. Nous avons ressenti des sensations de liberté et de légèreté incroyables. Je n'ose imaginer ce genre d'expérience en ultra-light. Désormais, les prochaines randonnées se feront en sandales !

Pour ceux qui souhaitent découvrir la région, de nombreuses autres randonnées sont possibles. Pour celle-ci, pas besoin de se charger, les villages permettent de se ravitailler régulièrement. Pensez juste à prendre l'eau nécessaire dans les villages, car il y a très peu de points d'eau sur le chemin, mis à part les premiers jours dans le parc national d'Ojców. Quelques belles auberges ...