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Kayak de mer : techniques

par Johanna dans Voyager sur l'eau 02 juin 2017 4628 lecteurs Soyez le premier à commenter
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On pourrait écrire un livre* sur les nombreuses techniques utilisées en kayak de mer, cet autre article aborde quelques points sur les techniques de pagayage, nous évoquons ici des aspects comme l'embarquement, l'accostage, l'esquimautage, le surf, le pipi en kayak...

*et d'ailleurs il y en a de très nombreux, par exemple "Le kayak et la mer" (de B. Moulin et M. Guégan édité chez Le Canotier)

Faire corps avec le kayak

Le kayak, c’est un peu l’extension aquatique de l’homme. Pour bien le maîtriser, il faut faire corps avec lui. Les points de contact sont très importants. Les appuis des pieds et des cuisses permettent de le contrôler au niveau de la gîte (s’adapter aux vagues), maîtriser la stabilité (on devra d’autant plus faire corps avec son kayak que celui-ci sera instable), faire tourner le kayak efficacement, bien transmettre l’énergie en pagayant. Les cale-pieds doivent être bien réglés. Les jambes légèrement pliées, les genoux touchent la coque, les cuisses sont au contact du kayak via les cale-cuisses. Pour esquimauter, il faut bien faire corps avec son kayak pour lui transmettre l’énergie de la pagaie afin de le remettre droit. On constatera d’ailleurs qu’un kayak sans cale-cuisses est plus difficile à esquimauter. Lorsque le temps est calme et maniable, on peut détendre les jambes au fond de son cockpit. Changer de position est agréable pour les longues étapes mais on perd alors du contrôle.

Kayak de mer : techniques

Embarquer

Monter dans son kayak n’est pas bien difficile une fois qu’on en a pris l’habitude, on peut s’aider de la pagaie pour se stabiliser, soit simplement en prenant appui sur le fond, pagaie verticale ; soit en la mettant en travers à l’horizontale, bloquée derrière l’hiloire, on s’appuie dessus pour entrer dans le cockpit, une pale en appui (au fond de l’eau si très peu de profondeur, au bord de la grève, sur un rocher…).

Au sec ou quand la mer est forte : la méthode « cul-de-jatte »

Quand la mer est forte ou qu’on ne veut pas se mouiller les pieds, on monte dans son kayak alors qu’il est sur le sable, le plus près possible de la mer, l’avant se fait lécher par les vagues. On jupe. Ensuite, à chaque vague on avance vers la mer en se soulevant et poussant avec la main libre et la pagaie utilisée comme un bâton dans l’autre main, comme un cul-de-jatte.
S’il y a des rouleaux, il faut attendre un train de vagues parmi les moins forts (il y a des cycles), et une fois à l’eau, aller le plus vite possible vers le large en se baissant sur le pont lors de la traversée d’une déferlante et en reprenant le pagayage le plus vite possible. Il faut impérativement garder le kayak perpendiculaire aux vagues et maintenir une vitesse élevée. C’est une course contre la montre riche en émotions et qui peut être assez ludique quand tout se passe bien...

Embarquement, stabilisation pagaie à l'horizontale
Embarquement, stabilisation pagaie à l'horizontale
Du bord, technique "cul-de-jatte", étape 1
(Sardaigne côte ouest)
Du bord, technique "cul-de-jatte", étape 1
(Sardaigne côte ouest)
Du bord, technique "cul-de-jatte", étape 2
(Sardaigne côte ouest)
Du bord, technique "cul-de-jatte", étape 2
(Sardaigne côte ouest)
Du bord, technique "cul-de-jatte", étape 3
(Sardaigne côte ouest)
Du bord, technique "cul-de-jatte", étape 3
(Sardaigne côte ouest)
Du bord, technique "cul-de-jatte"
Du bord, technique "cul-de-jatte"
Passer la "barre" en quittant la plage
Passer la "barre" en quittant la plage

Le surf

On peut aller vite en kayak si on utilise les vagues qui arrivent de l’arrière pour surfer. Lorsque la vague arrive, il faut donner une impulsion en ramant fort pour partir au surf. Ensuite on essaiera de garder son cap (si besoin en faisant de temps en temps de la pagaie gouvernail) lorsqu’on est porté par la vague ; en général le kayak a tendance à se retrouver parallèle à la vague, c’est déstabilisant, on risque de passer à l’eau et l’efficacité est négative puisqu’il faut se remettre dans son cap.

Surf et accostage

Cas particulier du surf pour accoster. Il vaut mieux éviter d’arriver sur une plage au surf, à moins de bien maîtriser mais le risque de passer à l’eau et/ou de casser le kayak sont non négligeables. Du coup, on préférera rétro-pagayer pour ne pas partir au surf, on attendra un cycle de plus petites vagues, et, une fois la vague passée au niveau de la moitié avant, on pagaiera fort pour rester sur le dos de la vague qui nous déposera comme une fleur sur le sable. Cette technique est à maîtriser car elle est très efficace et sécurisante. Une fois sur le sable c’est la course contre la montre : on sort le plus vite possible du kayak, on attrape la pointe avant et on le remonte hors de portée des vagues. Si l’on se retrouve dans l’eau à côté de son embarcation, on prendra bien soin de rester entre les vagues (le large) et le kayak (et non pas entre le kayak et la plage), histoire de ne pas se faire envoyer le kayak dessus ce qui peut être très douloureux, voire dangereux.

On prépare l'arrivée au surf !
On prépare l'arrivée au surf !
Surf et accostage...
Surf et accostage...

Esquimauter

L’esquimautage est la technique qui permet de remettre le kayak droit après un chavirage sans avoir à sortir du kayak et sans aide extérieure. Même s’il est rare de chavirer, maîtriser la technique permet de gagner une marge de sécurité intéressante, mais pour cela, il faut beaucoup travailler. Car entre arriver à esquimauter à l’exercice, kayak vide, avec un pince-nez, préparé mentalement, et se faire « cueillir » en randonnée, par surprise, fatigué par une longue étape, kayak chargé, avec du vent, des vagues, du stress, de l’eau froide, il y a une sacrée différence... Il faut donc beaucoup pratiquer, se faire conseiller et aider par quelqu’un d’expérimenté ou un professionnel. Il existe des stages d’esquimautage organisés par des associations, il ne faut pas hésiter à y participer. Pour s’entraîner, un masque de plongée, ou des lunettes de piscine et un pince-nez sont très agréables car ils permettent d’être moins désorienté, de prendre ses marques, de ne pas remplir ses sinus. L’idée est d’intégrer le mouvement d’esquimautage pour qu’il devienne mécanique. S’entraîner ensuite sans ces accessoires est impératif car, évidemment, vous ne les porterez pas lors d’un éventuel dessalage accidentel en randonnée…
Esquimauter avec et sans gilet, kayak chargé… l’idée est de varier le type de situations pour maîtriser le geste en toutes circonstances. Il existe plusieurs techniques d’esquimautage, en maîtriser une sur le bout des doigts est le plus utile ; ensuite, il est intéressant de s’amuser à en découvrir d’autres. La technique à maîtriser est la méthode centrale, car elle est efficace, rapide et ne nécessite pas de changer de position des mains sur le manche. On trouve des didacticiels sur Internet si on veut commencer à apprendre tout seul.
Note : les kayaks sont plus ou moins faciles à esquimauter en fonction de leur forme et des calages du corps dans le cockpit. Un kayak large et stable sera a priori plus difficile à esquimauter qu’un plus fin, mais vous aurez moins de chances de dessaler.

Esquimautage (golfe du Morbihan)
Esquimautage (golfe du Morbihan)
Entrainement à l'esquimautage (avec un masque :-))
(Grèce, mer ionienne)
Entrainement à l'esquimautage (avec un masque :))
(Grèce, mer ionienne)
Entrainement à l'esquimautage (avec un masque :-))
(Grèce, mer ionienne)
Entrainement à l'esquimautage (avec un masque :))
(Grèce, mer ionienne)
Entrainement à l'esquimautage, avec un masque et des amis pour aider :-)
(Croatie, île de Cres)
Entrainement à l'esquimautage, avec un masque et des amis pour aider :)
(Croatie, île de Cres)

Faire pipi en mer…

En mer chaude on peut se mettre à l’eau, et se faire aider par les autres si on n’arrive pas à remonter seul à bord. Cela fait un bon exercice de sécu.

Sans sortir du kayak
On peut utiliser l’écope. Pour les filles c’est un peu plus compliqué. L’écope, ça peut marcher si on stabilise le kayak pour pouvoir s’accroupir, dans un biplace la stabilité est souvent suffisante. Sinon reste la solution de l’éponge ; forcément, il y a des fuites, mais ça reste une solution d’urgence. Habillé(e) pour les conditions froides, l’opération se corse…

Mal de mer

Étonnamment, sur un kayak, on a très peu le mal de mer. Le pagayeur faisant corps avec son kayak et étant quasiment en contact direct avec les vagues, le cerveau n’est pas trop perturbé. Les mouvements paraissent naturels et prévisibles. D’autre part, le regard est naturellement posé sur le milieu qui est en mouvement et il n’y a pas la désynchronisation entre une image fixe (la cabine ou le cockpit d’un bateau par exemple) et un ressenti de mobilité. Pour ceux qui auraient peur d’être tout de même malades (cela arrive), il faut éviter de regarder un point fixe sur le kayak : typiquement chercher un objet au fond d’un bidon étanche peut rendre malade en quelques dizaines de secondes… Au contraire, le regard embrassera l’ensemble du milieu environnant, on sera actif dans son kayak, on le contrôlera au niveau des points d’appui pour maîtriser la gîte et participer aux mouvements au lieu de les subir.
 

Mise à l'eau lorsqu'elle est chaude :-)
(Estérel sur la côte d'Azur)
Mise à l'eau lorsqu'elle est chaude :)
(Estérel sur la côte d'Azur)
Remontée sans aide même dans un kayak pas des plus stables :-)
(ici le Plasmor Catchiky)
Remontée sans aide même dans un kayak pas des plus stables :)
(ici le Plasmor Catchiky)
Remontée sans aide même dans un kayak pas des plus stables :-)
(ici le Plasmor Catchiky)
Remontée sans aide même dans un kayak pas des plus stables :)
(ici le Plasmor Catchiky)
Et voilà ! :-)
Et voilà ! :)
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