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L' "Albracka" ou le vélo-kayak compact

par erwan dans Voyager léger 05 févr. 2014 mis à jour 06 févr. 2014 5979 lecteurs 1 commentaires
Lecture 6 min.

L' "Albracka", une solution à vos vacances?

Texte et photos : Jean Patrice Veilhan

«Carnets d’Aventure» ou «Expemag», c’est souvent pour l’aventure, la vraie, la dure, l’éprouvante.

Pour ma part, je suis tout sauf un grand aventurier! Je ne viens pas vous parler de mes petites vacances, mais de l’Albracka… qui pourrait enjoliver les vôtres!

Qu’est-ce que l’Albracka?

la dernière région inexplorée? les derniers grands condors en voie d’extinction? une formule magique? Non, vous confondez! La formule magique, c’est «Abracadabra». Mais «Albracka» en est une autre, presque aussi magique, car elle permet de voyager dans le monde…
Certains d’entre vous ont vu les films « Harry Potter ». Vous vous souvenez de sa tente? De l’extérieur, une brave canadienne informe. Mais à l’intérieur, un espace immense, presque un palais. Et bien l’Albracka, c’est un peu ça.
A l’origine de l’Albracka, deux magiciens: Andrew Ritchie et Sheri Tingey. Le premier invente un vélo pliable vraiment pliable, j’ai nommé le Brompton®. La deuxième concourt à la mise au point du premier kayak gonflable vraiment léger, à savoir l’Alpacka. Et moi, dans les coulisses, je me contente d’assembler les deux, de trouver un nom à l’hybride formé (l’Albracka), et de lui coudre un sac de transport rien que pour lui. Vous l’aurez remarqué: dans l’histoire, je ne joue que les seconds rôles, et encore!
Une autre façon de dire les choses? L’Albracka, c’est un bijou d’ingéniosité, d’astuce, de technologie… Un bijou par son prix, déjà: 3000 € ;-(. Un bijou par son volume et par son poids. Et surtout par ses possibilités (presque) infinies.

L’Albracka est donc un joyau, que l’on a taillé en 4 facettes. Voyons chacune d’elles:

La facette vélo: l’ALBRACKA

Voilà, le vélo est déplié, prêt à rouler. Pour ceux qui ne connais-sent pas le Brompton®, quelques précisions. Le vélo reçoit à l’avant une sacoche frontale très bien conçue (le T-bag), conte-nant officiellement 30 litres et jusqu’à 10 kg (dans la réalité un peu plus), donc tout ce qui est lourd: notamment l’eau et la nourriture, les outils, l’électronique… et d’une façon générale tout ce qui sert dans la journée. Cette sacoche est fixée sur le cadre et non sur la direction: celle-ci garde donc toute sa directivité! A l’arrière, j’ai opté pour un sac à dos ultra-léger modifié pour qu’il reçoive un sac étanche de 80 litres (le tout fait moins d‘1kg); j’y stocke tout ce qui est volumineux et léger, à savoir tente, sac de couchage et matelas, vêtements, mais aussi la pagaie et le kayak (faut pas les oublier ceux-là! j’en parle bientôt). En gros, 12-15 kg à l’avant, 12-15 kg à l’arrière (certes, j’ai triché un peu avec les limites du fabriquant).

Contrairement à certaines idées reçues, le Brompton® est tout à fait apte à faire de la randonnée: quand un vélo permet de faire une rando de 560km, 6700m de D+, en emportant 26 à 30kg de bagage, je trouve qu’on peut le considérer comme un vélo de randonnée, non? Par ailleurs, et à condition de ne pas avoir de bagages, grâce à son cadre acier, à sa géométrie, à son amortisseur arrière, il n’est pas exclu d’emprunter parfois certains chemins carrossables, et ce dans des conditions de confort acceptables. Ses 6 vitesses très largement étagées permettent de faire face à de bonnes côtes; j’ai néanmoins fait installer un triple plateau de VTT (42/32/22 dents): le 42 me sert en utilisation quotidienne, hors-randonnée donc; le 32 permet d’avaler 95% des côtes avec les 25/30kg de bagages; le 22 c’est pour envisager sereinement les côtes monstrueuses. (Entre deux randonnées, peut-être vais-je lui restituer son mono-plateau de 38 dents… j’hésite.)

Sur la «corniche merveilleuse» du Verdon, alt. 1200m. Contrairement à ce que laisse penser la photo, tout cela est étonamment stable: en effet, grâce aux roues de 16 pouces, le centre de gravité des bagages est aussi bas que sur un vélo classique affublé des classiques 4 sacoches + sacoche de guidon + sac transversal.

La facette kayak: l’ALBRACKA

En quinze minutes chrono (du moins avec un peu d’habitude), le kayak est gonflé, le vélo replié et attaché à l’avant, les sacs étanches sanglés.

Les petits recoins de l’Esterel, loin des plages et de leurs foules. Le vélo est protégé des projections d’eau salée grâce à son sac de transport. L’espace pour les jambes est limité mais correct: au besoin, grâce au fond souple, on peut alterner la position à genou et assise.

L’Alpacka (surtout dans sa version la plus longue, l’Explorer 42, celui que je vous présente) est parfait pour une randonnée de plusieurs jours. Vous le voyez, il accepte sans problème deux gros sacs étanches et un vélo pliant (sac gris et orange sur la photo). D’ailleurs, on ne compte plus les randonnées où certains y ont mis un VTT (un vrai: non pliant!) posé à l’avant. Dans cette randonnée, j’ai pu aller en mer (Calanques de Cassis et Esterel), sur lac (Sainte-Croix et Esparron sur Verdon), en rivière classe II (un petit bout des gorges du Verdon, Dordogne).
Comment se comporte-t-il? Suffisamment bien. Je ne vous sur-prendrai pas en vous disant qu’il va moins vite qu’un kayak de mer; mais il permet d’aller dans l’océan, d’affronter sereinement un bon clapot et un vent léger, à la vitesse moyenne de 3,5km/h. Je n’irai pas soutenir qu’on peut faire des rivières de classe VI; mais la classe II+ ne pose aucun problème.

Un tronçon tranquille des Gorges du Verdon (une partie du matériel, notamment le vélo, a pu être confié aux pompiers pendant 24 heures: merci à eux!): sentier Martel à pied, redescente en packraft. Ah oui! car il ne s’agit pas vraiment d’un «kayak» mais d’un «packraft»: subtile nuance...

J’en entends certains ricaner: «Tu ne parlais pas de ‘bijou’ un peu plus haut?! Et en fait de bijou, Tu nous parles d’un vélo moins rapide que n’importe quel cyclo, moins chargeable, beaucoup moins tout-terrain que le plus basique des VTT; et d’un kayak moins performant que le plus vulgaire kayak moulé en plastique!». C’est vrai. Sauf qu’il y a les facettes 3 et 4… et elles changent tout!

La facette: transport en avion

Je sais bien que prendre l’avion n’est pas le moyen le plus écologique de commencer un voyage. Mais personnellement, j’habite à la Réunion, et je n’ai donc guère le choix. Et que celui qui n’a jamais pris l’avion pour ses vacances ou une rando me jette la première pierre!. Bon, admettons le principe qu’il faut parfois recourir à l’avion.
Là, on s’aperçoit que la plupart des compagnies aériennes n’autorisent désormais qu’un seul bagage en soute, de 23kg. Glurpps! Pas facile pour transporter et un vélo, et un kayak, et une pagaie, et du matos de camping! Alors il a fallu s’adapter...
Ce sac, sur la photo, c’est l’Albracka. L’Albracka en totalité: vélo, kayak, pagaie, et même un peu plus. Il tient compte du fameux L+P+H = 158cm. Il offre 120 litres de rangement. Il ne pèse que 0,4 kg, et autorise donc 22,6 kg de bagages. Le Brompton® et ses accessoires font 16 kg, l’Alpacka et sa pagaie et son gilet 5 kg. Ca passe!
Tout le reste du matos va dans le sac cabine, lui encore optimisé dans ses cotes et son poids: L+P+H=115cm, et 120 grammes seulement. Ultra léger, un peu fragile… sauf qu’il n’y a que moi qui le manipule, donc je fais attention! Et cela me fait vraiment 10kg de bagages possible.


Le sac «fait maison» avec une vieille toile de tente recyclée: 120 litres… mais 390 grammes seulement: donc 22,6 kg de bagages utile! La photo montre comment le matelas auto-gonflant entoure et protège le vélo. Elle ne montre pas que le packraft peut aussi entourer le vélo dans l’autre sens, afin que les «six côtés» du vélo soit protégé.

Certains s’insurgent peut-être: «Mettre un vélo, donc un truc fragile, dans un sac ultra-léger, c’est de la folie! Quand on voit comment nos bagages sont tirés, jetés, violentés!» Sauf que le sac a été dimensionné pour qu’un matelas autogonflant 63x191cm en fasse tout le tour. En fait, le vélo est protégé par 3cm de mousse tout autour de lui (et sur les côtés par la tente, le sac de couchage, ou le packraft).
Vous aurez peut-être noté que ce sac de transport est aussi celui qui protège le vélo des éclaboussures en mode kayak, notamment lorsqu’il s’agit d’eau salée en mer.
Plus compact que cela pour voyager, je ne connais pas… Si, une paire de chaussures! Mais contrairement à Kilian Jornet, je ne sais pas courir très vite et très longtemps, d’où le vélo. Et contrairement, peut-être, à Jésus-Christ, je ne marche pas sur l’eau, d’où le kayak.

La facette: transport en train, en bus, en voiture…

La dernière facette est moins fondamentale, mais n’est pas à négliger pour autant. Il s’agit de tout le reste! Quand j’ai envie de changer de région et que je dois prendre un bus ou un train, voire faire du stop (eh oui, je l’ai fait! Alors que faire du stop avec un vélo normal: aïe!). Quand je désire visiter une ville et que je préfère être dans une chambre d’hôtel. Quand j’ai envie de partir faire une petite marche à pied et que j’ai besoin de laisser vélo et kayak à n’importe quel magasin pour 24 heures…
L’Albracka se reconfigure différemment. Le sac à dos quitte le porte-bagage ou la proue du kayak pour venir sur mon dos. Le vélo se replie en 15 secondes, est mis dans son sac, et atterrit dans ma main gauche. Tandis que la main droite saisit la sacoche de guidon. En gros 13 kg à gauche, pareil à droite, pareil derrière. Ca ne donne pas vraiment envie de courir le marathon, mais ça permet d’envisager sereinement de remonter un quai de gare, ou les escaliers qui mènent à la chambre d’hôtel, car la masse est compacte et donc se porte facilement.
Avec ce chargement, impossible de savoir que vous avez un vélo. Du coup, tous les TGV s’ouvrent à vous. Aucune compagnie de bus ne vous surtaxe, pas plus que les ferrys. Aucun hôtelier ne s’inquiète que vous mettiez votre vélo sur la moquette de la chambre. Supermarchés, musées, etc: tout devient presque simple. Vous voulez partir marcher? Vélo, kayak et matos de camping tiennent dans un seul sac compact que l’on peut facilement confier, à un magasin par exemple.

Dans le quotidien d’un voyage multiforme, ça change la vie!!

(Remarque: Je n’en ai pas parlé précédemment, mais au moins autant que le poids, c’est le volume qui doit attirer l’attention. D’où une pagaie 4 parties, une tente compacte, un sac de couchage en plumes, un gilet gonflable, un réchaud à bois, un filtre à eau, des sacs de transport et sacs étanches très fins…)

Commentaires
Pitou - 05 sept. 2017
1 messages
J'ai testé la même idée avec un matériel plus bas de gamme: twist2 de gumotex et quickfold de KS cycling. C'est un moyen très sympa de visiter les villes portuaires du nord (Gand, Bruges, Copenhagen, Amsterdam par exemple). Je m'en suis aussi servi pour voyager en Norvège dans les fjords. Souvenirs merveilleux! Tant qu'on évite les gros dénivellés, la combinaison fonctionne bien.