Hivernale sur la brèche
Un beau raid à ski de rando de printemps et deux beaux bivouacs perchés à la rencontre des géants et des stars du massif de Gavarnie - Mont-Perdu : brèche de Roland, Marboré, mont Perdu... Yann, pyrénéiste de la première heure, nous emmène dans l’un de ses jardins préférés.
Pour les montagnards bordelais comme moi, Gavarnie, dans les Hautes-Pyrénées, est l’un des massifs les plus faciles d’accès et nos vallées de prédilection sont celles d’Aspe, d’Ossau, des Gaves (Lourdes - Cauterets - Barèges - Vignemale - Gavarnie) et d’Aure (Saint-Lary). J’avais 10 ans lors de ma première ascension du pic du Taillon (3144 m) par la fameuse brèche de Roland. Depuis cette époque, j’aime l’altitude, et je reviens en toute saison dans le secteur pour arpenter les hauts sommets. Cette année, mon ami Renaud et moi avons le long week-end de Pâques pour profiter du beau temps et de la neige. Le BERA (Bulletin d’Estimation du Risque Avalanche) n’est pas alarmant, la neige est bien transformée. Nous nous rejoignons à Lourdes, lui en train de nuit depuis Paris (la réouverture de ces lignes l’enchante), moi depuis Bordeaux en 2h30 de TGV, et effectuons les derniers kilomètres jusqu’à la station de Gavarnie-Gèdre avec une voiture de location.
Très (trop ?) léger
Je n’aime pas les stations de ski mais c’est un peu hypocrite, car j’emprunte volontiers les routes qui y mènent, tellement utiles pour m’approcher de la montagne. Celle qui mène aux départs des pistes de Gavarnie-Gèdre est bien déneigée et permet de se garer aux Espécières à 1850 m, un point de départ hivernal très haut pour les Pyrénées. Dans la montée jusqu’au col de Tentes (2208 m) – en bordure des remontées mécaniques fermées à cette date* –, nous suivons la pente douce et régulière de la route, difficile à deviner sous nos spatules. Au col, on change d’univers : après un peu moins de deux heures d’ascension à l’horizon étriqué, la vue est tout d’un coup grandiose. Le cirque de Gavarnie se dévoile en partie, la face nord du pic du Taillon impressionne, et les connaisseurs cherchent le glacier suspendu des Gabiétous. Nous avons de la chance, les conditions de neige sont parfaites pour parcourir la section presque horizontale menant ensuite au port de Boucharo. Car ici, ça peut vite tourner au vinaigre – en cas de neige fraîche ou gelée, du risque d’avalanche élevé, ou en fin de saison par neige trop molle ou manquante. Alors aujourd’hui, on savoure.