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Acheter un âne pour voyager

par Manon dans Dossiers 24 mars 2023 819 lecteurs Soyez le premier à commenter
Lecture 4 min.

Acheter un âne, c’est en acheter deux (voir plus bas « Matériel et conditions nécessaires »), c’est s’engager pour une vie entière puisqu’il peut vivre une quarantaine d’années, et c’est aussi organiser tout un quotidien autour de lui. Cela doit donc être une décision mûrement réfléchie concrétisant une vraie passion.

Photo : Sébastien Le Meur
Photo : Sébastien Le Meur

Bien choisir son âne !

L’essentiel est de commencer par bien définir son projet : qu’est-ce que je veux faire avec mon âne ? Nous prendrons ici le cas de la randonnée loisirs et du voyage.
Ensuite, la première étape consiste à prendre tout le temps nécessaire pour bien se renseigner auprès de professionnels et d’éleveurs. L’association ADADA par exemple aide les futurs propriétaires à comprendre quel type d’âne convient le mieux à leurs projets.
Il faut savoir que, contrairement aux chevaux, il n’y a pas vraiment de races d’ânes, fruit d’un travail de sélection minutieux établissant des standards, ou alors très peu et créées très récemment. C’est le cas par exemple du Baudet du Poitou ou du Grand Noir du Berry, qui ne nous intéressent pas ici, car mal adaptés à la randonnée, trop grands, et chers. Nous laisserons également ici de côté les mules et mulets, beaucoup plus proches des activités liées à celles du cheval.
Ce qui compte surtout, c’est l’aspect physique de l’animal, son gabarit. Pour la randonnée, on privilégiera des ânes plutôt petits, entre 1,10 m et 1,30 m au garrot, d’aspect solide (pattes droites, dos non courbé, œil vif) et de sabots sains. La capacité de portage d’un âne est proportionnelle à sa taille et à son poids, plus il est grand et lourd, mieux il portera.
L’idéal serait de trouver un tout jeune adulte, bien traité, hongre (mâle castré) ou ânesse. Si l’occasion se présente, c’est même un plus de pouvoir faire connaissance avec l’ânon pendant le sevrage. Toutefois, suivant l’adage « à jeune cheval, vieux cavalier, à vieux cheval, jeune cavalier », pour un premier achat on préférera un âne déjà mûr, éduqué et avec de l’expérience. Dans ce cas, marcher au moins une journée avec lui pour essayer de comprendre comment il a été formé, et surtout voir s’il a été déformé.
Il faut compter entre 500 et 1000 € pour une jeune ânesse en bonne santé, vaccinée et pucée. Les mâles et les adultes sont moins chers.

Photo : Sébastien Le Meur
Photo : Sébastien Le Meur

Matériel et conditions nécessaires

Un âne a des papiers d’identité : son livret (nom et adresse du propriétaire, parents, caractéristiques physiques de l’âne), son numéro SIRE (inscrit au registre des équidés) et sa puce.
Un âne seul est un âne malheureux. Il faut donc bien prendre en compte qu’un âne a besoin de partager son pré avec un autre âne ou d’autres animaux de sa taille. Une poule ou un humain par exemple ne conviennent pas comme camarade de jeu, les armes physiques ne sont pas les mêmes.
Un terrain d’un peu moins de 2 hectares pour deux ânes est suffisant en prévoyant du foin pour l’hiver. Il faut surtout éviter qu’il mange trop. Son métabolisme, déterminé par ses origines géographiques pauvres en végétation, lui permet d’engranger beaucoup de nourriture tant qu’il peut manger, afin de faire face à une éventuelle disette future. Il aura donc tendance à se goinfrer, et il faut l’éviter.
On peut diviser le terrain pour ne pas tout manger d’un coup, et cela permet aux autres parties de se régénérer.
Une botte de foin (environ 300 kg) peut suffire à nourrir deux ânes pendant deux mois.
Un abri est nécessaire, l’âne n’aime pas la pluie ni l’eau en général.
Un van est aussi indispensable si l’on veut randonner plus loin qu’autour de la maison. Il faudra alors les entraîner à y monter. Astuce : en faire leur abri, en libre accès dans le pré, il leur deviendra familier.
Pendant le transport, il est possible de les laisser libres sans les attacher, il faudra bien capitonner les parois pour ne pas qu’ils se blessent et installer une surveillance vidéo pour plus de sécurité. A chacun ses méthodes.
Concernant le choix d’un bât, il faut trouver un juste équilibre entre son poids et sa capacité de répartition de la charge : le plus long et bas possible sans blesser ou gêner les mouvements de l’âne. Un bât s’accompagne d’un tapis sur lequel le poser. Et pour les attaches : une ou deux sous-ventrières + 1 sous-queutale ou avaloir + 1 bricole de poitrail (facultatif mais pratique pour mettre de l’anti-mouche).

Photo : Mathieu Prod'homme
Photo : Mathieu Prod'homme

Soins et éducation

La clé est de passer dès le début un maximum de temps avec lui pour s’apprivoiser mutuellement : long processus permettant de s’habituer l’un à l’autre et bonne occasion de lui apprendre à se laisser toucher partout pour faciliter les soins (pratique notamment lorsqu’il faut retirer les tiques).
Pour les futures randonnées, il faudra penser à habituer son âne à l’inhabituel : des vêtements colorés, des bruits et objets bizarres (moteurs, vélos, etc.).
L’âne est un animal rustique mais à surveiller, il ne se plaint jamais mais aux premiers signes de mauvaise santé, c’est souvent trop tard.
Sa santé passe d’abord par les sabots qui demandent des soins réguliers. Il faut alors apprendre les gestes de bases (surtout lever et faire lever les pattes) pour leur entretien (les tailler notamment) et régulièrement faire appel à un maréchal-ferrant pour les parties plus techniques.
Ils peuvent aussi s’user très vite sur le goudron, surtout les antérieurs, et s’abîmer dans l’humidité. Pour donner un exemple, Gilbert (cf. ses récits en Dordogne et dans le Berry) avec ses deux petites ânesses (1 m au garrot) ne parcourt jamais plus de 200 km (environ 2 semaines) en randonnée. C’est donc un élément qui peut compliquer le voyage au long cours. Il y a alors la possibilité de ferrer, ou de confectionner des hipposandales (très chères dans le commerce). Notons toutefois que Julie (cf. CA64), de son côté, n’a jamais rencontré ce problème d’usure avec Jules.
Les loueurs quant à eux peuvent faire tourner leurs ânes pour laisser le temps au sabot de repousser, et empruntent peu le macadam.

Photo : Mathieu Prod'homme
Photo : Mathieu Prod'homme
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