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Philosophie du voyage nature 7

de l`effet néfaste de notre passage...

paleo_nico - 03 juil. 2006
82 messages
Salut,
comme beaucoup d`entre vous je voyage, la plupart du temps, vers des destinations encore épargnées par le tourisme de masse et ses méfaits. Mais ma simple présence dans certaines contrées peut, elle aussi, avoir un impact sur la société que je visite.
J`ouvre donc le sujet: comment voyagez-vous dans ce genre de destinations? A quoi faites vous particulièrement attention...
Vaste débat, isn`t it? :D
Nico

Johanna - 04 juil. 2006
659 messages
Salut Nico,
Question vaste et pertinente que tu poses là.

Je pense également que par notre simple présence/passage dans des contrées reculées et surtout éloignées du mode de vie occidental, eh bien on a un impact qui, à mon avis, est négatif ; il s’agit en quelque sorte d’une pollution culturelle.

C’est un débat que l’on a eu récemment (en Mongolie notamment). On en est arrivé à la conclusion qu’on ne peut pas voyager (même de façon « naturelle » – à pied, à vélo, etc. – par opposition aux 4x4 aux vitres teintées) sans avoir d’impact sur les locaux. Alors, nous sommes-nous dit, soit on ne voyage plus, soit on essaye de limiter cet impact en se disant que, de toute façon, la mondialisation (et donc la propagation des valeurs culturelles et du mode de vie de l’Occident) est inévitable, et passe bien plus par les media - la télé en n°1 - que par nous les voyageurs. Ainsi, au fin fond d’endroits reculés, on voit de plus en plus de paraboles permettant aux programmes étrangers d’arriver.

Si tu as le Carnets d’Aventures n°4, lis p48 l’encart « Rencontres », j’aborde un peu ce problème en rapport à la Mongolie. Globalement ce que je dis c’est que même sans vouloir « étaler nos richesses » ni influencer les populations locales, on le fait quand même rien qu’en passant avec nos vêtements et équipements technologiques.

L’exemple de l’appareil photo numérique est illustratif : autant il nous a servi à de nombreuses reprises d’outil de contact avec les locaux, et même un outil sympathique grâce auquel on a passé des moments de franche rigolade avec ces gens dont on ne baragouinait que qq mots de leur langue. Autant c’est un outil pervers car c’est un « gadget » technologique qui ne fait pas partie de la vie des nomades de la steppe, et, comme ils trouvent ça amusant, ils se disent que « la vie occidentale, ça doit être génial ; toutes ces choses si amusantes, il nous en faut aussi. Allons donc nous installer en ville, c’est là que nous pourrons accéder à toutes ces choses ». Et hop, même sans le vouloir, avec un appareil photo, une tente, une poche à eau avec pipette, etc., on leur fait miroiter les « paillettes » de la vie occidentale. Et eux, croyant accéder au bonheur, alors que souvent, ils sont heureux là où ils sont et ne manquent de rien (en tout cas, rien de nécessaire à la vie ; le reste étant des besoins créés…), ils partent se sédentariser dans des ghettos de yourtes, vendent leur troupeau et perdent donc leur moyen de subsistance, ne trouvent pas de travail en ville et deviennent des clochards…

Bref, même s’il y a des choses inévitables, on peut tout de même faire attention à ne pas étaler trop nos gadgets technologiques. Faire attention aussi avec l’argent, à ne pas déséquilibrer des économies locales. Par exemple, on a parfois envie de laisser un cadeau ou de l’argent à un hôte. C’était souvent le cas en Mongolie où les nomades sont extrêmement accueillants et où nous laissions une offrande en argent sur l’autel des ancêtres de la yourte pour compenser les dépenses occasionnées pour nous offrir des repas. Il faut dans ce cas veiller à laisser un montant raisonnable correspondant à la valeur locale des choses : pour un repas par exemple, laisser le montant que l’on aurait payé dans une petite auberge.
Bien évidemment, il faut veiller à être respectueux des us et coutumes, ça ça paraît logique.

Long message que je viens d’écrire… mais le débat est large et intéressant !

paleo_nico - 05 juil. 2006
82 messages
oui, oui, j`avais bien lu ce que tu as écrit à propos du temps passé (2 jours!) à déchiffrer les adresses, pour envoyer les images prises dans les familles. C`est d`ailleurs quelque chose d`indispensable mais souvent si fastidieux qu`il faut une grande motivation pour aller jusqu`au bout de la démarche. Ce sont ces petits détails qui sont finalement les plus importants.

En fait si on pousse la logique de "ne rien déranger" il faudrait ne plus voyager... Nous allons chez eux humblement (à pieds, à vélo, en parapente...) pour nous enrichir de leur différence mais nous apportons en nous les germes de la disparition de cette différence. Pas facile de s`accommoder de cette idée.

Notre relation à l`argent est, à mon avis, un point important de notre démarche de rencontre `propre`. L`action de laisser une somme d`argent, que nous estimons être à la hauteur des dépenses occasionnées par notre passage, n`est-elle pas conditionné par notre logique occidentale?
Ma (toute) petite expérience africaine m`a enseigné que mes hôtes accordaient beaucoup d`importance aux images de nos familles respectives. J`ai passé des soirées entières à éplucher les albums (photos en vrac!) fièrement exhibés, avec tous les détails de parenté expliqués dans une langue incompréhensible. Et lorsque c`était mon tour de sortir les images de ma famille ou de mon lieu de vie (montagne, neige, etc...), les yeux s`écarquillaient pour mieux enregistrer le moindre détail.
Finalement, lorsqu`à la fin du séjour je laissais une ou deux photos, il me semblais percevoir une grande reconnaissance dans leurs regards, comme si je leur confiais une petite partie de moi-même. Réaction bien plus chaleureuse que lorsque je leur laissais une petite somme d`argent, au début du voyage.

Johanna a bien expliqué comment ils avaient répondu à ce besoin de remercier leurs hotes. Est-ce que certains ont trouvé d`autres solutions? Je pense aux symboles universels comme le sel ou le café...

Nico

Johanna - 05 juil. 2006
659 messages
Je trouve ta phrase sur les germes de la disparition de la différence très bien dite !

Pour l’argent, c’est vrai que laisser de l’argent provient peut-être de notre logique occidentale. Et c’est bien vrai aussi que pouvoir laisser autre chose c’est bien ; les photos sont un bon exemple ; en Mongolie aussi, l’une de nous avait pensé à emporter des photos de sa famille et ça plaisait bien. De même pour le sel, le sucre ou autre denrée utile (non produite par l’hôte).
Le truc c’est que quand on voyage à pied (par ex), on a déjà souvent du mal à transporter assez de provisions pour nous-mêmes, c’est donc difficile de prévoir en plus des paquets de sel, nourriture ou autres cadeaux volumineux/lourds à offrir à nos hôtes.
En même temps, lorsqu’il s’agit d’hôtes qui ont peu de ressources et qui offrent un repas copieux pour 4 personnes, nous préférions laisser une offrande en argent pour compenser cette dépense, sachant que parfois, la quantité de nourriture offerte correspondait à peut-être 4 jours de ce qu’ils consommait eux-mêmes, donc ça nous paraissait gênant de ne pas laisser un petit quelque chose en argent, ce qui n’empêche évidemment pas de passer du temps avec eux à regarder des photos (ou les cahiers de leurs enfants parfois) et si possible à leur montrer les nôtres, voire leur en donner.

paleo_nico - 05 juil. 2006
82 messages
entièrement d`accord avec toi, Johanna.
J`ai, la plupart du temps, opté pour la même solution. D`autant qu`en plus de notre maigre nouriture il nous faut aussi porter notre parapente ;) Donc même problématique, même réponse. Mais l`idée des photos est à retenir comme alternative ou complément, et suivant la destination.
Nico.

Gali - 06 juil. 2006
10 messages
Chaque civilisation s`est construite au contact des autres. La richesse de notre culture est le fruit des échanges de plusieurs siècles. Je pense dons qu`on ne peut pas considérer forcément qu`aller en pays étranger est néfaste à celui-ci. C`est comme cela finalement que les sociétés humaines se sont développées.

Le problème aujourd`hui est la sur représentation et le quasi monopole d`une seule et même culture et surtout la domination d`une vision unique du mode de vie fondée sur le progrès. C`est je pense à cause de cela que notre présence dans des endroits, qui n`ont pas cet accès aux progrès techniques, entâche les richesse des différences culturelles, puisque le modernisme est devenu LA culture par excellence, et tout pays en voie de développement ne rêve que de cette croissance et de l`innovation.
Mais je me demande bien où nous mènera cette course à la croissance qui depuis 50 ans a réussie à bouleverser de nombreux phénomènes naturels. Sur le court terme bien sûr, c`est d`une amélioration du niveau de vie que l`on parle. Sur le long terme, la question reste sans réponses. Ou si, le bilan est lourd de conséquences d`une utilisation de la technique à tout va. Du coup, aujourd`hui l`innovation doit se mettre au service de ses propres erreurs, réorganiser les villes...

Bref, ce que je voulais dire, c`est que le monde est peut-être en train de perdre de ses richesses humaines à cause, et c`est toujours pareil, une question de puissance,de pouvoir, de domination...

paleo_nico - 04 août 2006
82 messages
marrant les réactions sur le forum `compagnons de voyage` au sujet de la Nouvelle Calédonie. Ne serions nous pas en train de juger les populations autochtones, et leurs coutumes, avant même de les avoir rencontrées?
Bon exemple pour relancer un peu le sujet de ce topic :P héhéhé

déjanté - 04 déc. 2007
7 messages
je pense aussi que l'argent a une place trop importante dans notre culture. Durant mon voyage je n'ai quasiment jamais laissé de l'argent aux hotes qui m avaient invité de leur plein grés. C'est habituer la personne a recevoir de l'argent en échange de l'hospitalité pratiqué naturellement. Forcément, en france tout est payant, mais dans beaucoup de culture moins "évoluée" que la notre, l hospitalitée est encore une tradition ! Par contre, je laisse souvent une foto et un petit mot. Ou bien j'achete quelque chose, d'utile et de local, pour ne pas dénaturer les relations avec les "touristes"; du riz, un cochon, un alcool...

mais y a pas a dire, cette notion d'argent me travaille...

j'essai aussi le plus possible de voyager de facon simple, manger comme les locaux, vivre avec la meme quantité d'argent, faire soi meme un repas en retour plutot que donner de l'argent. Les fringues simples, voir un peu sale, peuvent aussi gommer notre aspet high tech, goretex et compagnie.
j'avait souvent un aspect vagabon, et meme si cela reflete une certaine hypocrisie puisque mon compte en banque est fourni, cela reflete réellement mon train de vie durant le voyage.

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