Re traversée du Mercantour par les lacs

23 juillet
Mon intention était de partir de Menton, mais le monde et la chaleur, m'ont fait accepter la proposition de ma covoitureuse, qui allait à Castellar, de partir de ce joli petit village accroché au premier contrefort montagneux des Alpes Maritimes.
Départ 18 h pour une heure de marche afin d'atteindre le Plan de Lion et mon premier bivouac.
Un sentiment un peu particulier, de mal être, m'a envahi sur ces premières heures. Le contraste est violent entre la vue sur Menton et Monaco avec leurs yachts... et les nombreux vêtements abandonnés par les réfugiés qui ont traversé la frontière par ces chemins ces derniers mois...

24 juillet
Comme à mon habitude, départ tôt (6h30) afin de profiter de la fraicheur et des éclairages du matin.
Au premier col, le col du Berceau, mais le dernier pour les randonneurs du GR 52 Nord Sud, je prends le temps de monter sur les deux petites pointes où la vue sur la méditerranée est plutôt sympa.
Ensuite direction le Grand Mont par un sentier noté en pointillé sur la carte, du coté français. Je comprends pourquoi les pointillés : le sentier est en train de se perdre et n'existe quasi plus. Au pas de la Corne il est plus facile de passer par l'Italie où existe un vrai sentier.
Je profite de cette belle journée ensoleillée pour essayer mon nouveau chargeur solaire qui s'avère très efficace.
Grosse chaleur pour descendre à Sospel... Le manque d'eau se fait sentir. Par miracle il reste un petit filet d'eau, non pas à la source de l'Albaréa, mais à la côte 817m.

25 juillet
Petit complément de courses à Sospel et 18 kg sur le dos pour assurer 7 jours de marche jusqu'à Isola 2000.
Départ 6 heures car il était annoncé de grosses chaleurs.
Jusqu'à Mangiabo, pas de répit : ce n'est que de la montée et surtout pas d'eau. 
Le premier point d'eau se trouve à la ferme des Cabanes Vieilles.
Juste avant la Baisse de Linaire deux marcassins sortent des fourrés. Ils ne m'ont pas vu. Je les observe quelques secondes avant de faire claquer mes bâtons afin de les effrayer. Je n'avais aucune envie de voir la mère sortir du bois et avoir à mon égard je ne sais quelle réaction !
Des orages quasi quotidiens depuis début juillet ont fait un paysage très verdoyant.
A midi, premiers nuages accompagnés des premiers coups de tonnerre et déjà je dois m'abriter de la pluie.
Heureusement ce n'est qu'une averse de 20 minutes et déjà le soleil revient.
Confiant, je m'installe sur une crête près de l'Authion.  Ce sera bien plus sévère vers 17h. Un gros orage, du vent en rafale et je maintiens de la tente durant 1/2 heure...
 

26 juillet
Les éclairages ce matin sont superbes, les couleurs sont presque saturées.
Au niveau de la pointe des trois Communes j’aperçois au loin un troupeau de brebis. Les patous mon vue et déjà ils aboient. Je préfère sortir du sentier et passer par la crête plutôt que d'aller à leur rencontre. Certains sont assez cool et font la différence entre un homme et un loup, d'autre pas...  
A part le troupeau, je ne croise quasi personne. Juste un couple de randonneurs au Pas du Trem qui  hésite à passer par la  cime du Diable. Je les encourage.
Après le casse-croute et une baignade rapide au lac de la Muta pour cause de nuages bien menaçants, je trouve la foule au refuge des Merveilles.
J'avais prévu un bivouac au lac Niré mais à 13 h l'orage en a décidé autrement.
Musique et promenade entre deux averses autour du refuge pour le restant de l'après-midi.

27 juillet
La nuit a été mouvementée. Un renard a tiré mon sac en dehors de l'abside et m'a volet mon petit sac de vivres de course. Le temps de sortir de mon duvet et j'ai aperçu ses yeux brillants dans l'éclairage de ma frontale. Durant 3/4 d'heure j'ai essayé de le retrouver mais en vain. Un peu partout avait été dispersé des emballages de saucisson, biscuits, poubelles ainsi qu'un sac avec bandoulière, qu'il n'a pu ouvrir, mais qu'il avait sorti d'une tente voisine en la déchirant. J'ai retrouvé mon petit sac au matin, à 50 m de ma tente avec la moitié seulement des barres aux noix

Pour ceux qui veulent découvrir les gravures rupestres de la vallée des Merveilles, il faut prendre un guide au refuge.
Ca se comprend quand on voit comment, celles visibles sur GR, ont été vandalisées. C’est lamentable !!!
De la Baisse de Valmasque la vue est superbe sur le lac du Basto et sur les chamois qui jouent sur les pelouses alentour.
Au lac Niré, c’est une vraie invitation au bivouac (les petits lacs du dessus). Dommage que l’orage de la veille soit arrivé si tôt et m' empêchant d'y aller.
Au col de Fenestre, ce sont les bouquetins qui ont squatté un ancien baraquement militaire. Ils entrent et sortent par les portes et les fenêtres.
Visiblement ils ont l'air de bien s'amuser !

28 juillet
Encore une belle journée de soleil pour passer le col de Fenestelle avec les chamois qui détallent de partout.
La descente du col est surprenante de par son tracé incroyable et de par la vue sur la face sud de l'Argentera.
La montée au col Brocan est également surprenante. 800 mètres de D+ droit dans la pente avec des pierriers et de gros éboulis. Sur l'autre versant la descente sur les névés était bien plus ludique...
Au final, un beau coin de bivouac avec source et torrent pour la cryothérapie de fin d'aprem.

29 juillet
Aujourd’hui, c'est la journée des lacs. Comment ne pas résister au trempage... je dit "trempage" car baignade serait un peu prétentieux quand l'eau est à 12° !
C'est dimanche, et à partir de 11 heure, il y a du monde sur les sentiers, à pied et à VTT (électriques), mais personne dans l'eau.
J'ai eu une petite pensée pour l'équipe de CA lors d'un "grand huit dans le Devoluy" où on les voit porter les vélos. On ne porte pas un vélo électrique, on actionne le moteur et on marche à coté...
Très bel itinéraire le long de tous ces lacs avant de bivouaquer aux lacs de Terre Rouge où, à partir de 16h, il n'y avait plus personne... J'ai pu alors profiter d'une vrai baignade (17 18°) !

A 8 heure je suis à l'ouverture de la boutique d'Isola 2000 pour me ravitailler.
Les barres que le renard m'a subtilisé ne m'ont finalement pas trop manqué.
Après 4 à 5 jours de marche, je suis toujours surpris par la capacité d'adaptation du corps aux efforts demandés (David Manise pourrait expliquer tout ça...!). Pour ma part, je ne sens plus le poids du sac, le rythme de marche s'accélère, je grignote moins, les montées et les descentes s’enchainent sans trop ressentir la fatigue. Mes étirements quasi quotidiens et mes trempages en mode cryothérapie y sont certainement pour beaucoup. Je prends soin de mon corps et il me le rend bien. Il ne me reste plus qu'à profiter pleinement de la nature et des paysages.

Aujourd'hui je retourne sur le lieu de mon accident de 2016 afin de revoir Julio qui, à 81 ans, passe une partie de l'été dans un ancien baraquement militaire... Mais cette année, il n'est pas là.
Près du col du Lausfer, il y a de nombreux randonneurs qui effectuent la boucle des lacs proposée au départ du sanctuaire de Santa Anna.
Vers 13h, après le col de Saboulé, il n'y a plus âmes qui vivent et le ciel devient menaçant du côté français. Un panneau m'indique le Passo del Bue à 40 mn. Super je suis bientôt rendu. Visiblement il y a comme une erreur : il m'a fallu un peu plus d'une heure pour l’atteindre et les premières gouttes arrivent.
Arrivé sur la crête et en voyant l’apic derrière, j'ai pensé m'être trompé d’itinéraire. J’allume mon téléphone, contrôle ave...

31 juillet
A nouveau, un temps splendide pour démarrer cette journée.
Connaissant l'itinéraire par le pas de Corborant et le mont Ténibre, je décide de passer par le sentier balcon au dessus de la vallée de la Tinée. Ce n'est pas le meilleur choix. Le sentier est certes  bien tracé, mais on a longtemps la vue sur la station d'Auron qui est en face...
Je sens les températures monter de jour en jour et vers 11 heure, à la vue du lac de Rabuons la tentation est grande de faire un petit plongeon. Je garderai ce plaisir jusqu'au pique nique au lac Malignes en-dessous des lacs de Ténibre. Après un petit point météo, pas de doute, on parle de canicule...
De nouveau le ciel se charge rapidement et de nouveau je mets le turbo pour atteindre les lacs de Vens.
Cette fois, je n'ai droit qu'à quelques gouttes avant un beau coucher de soleil.

1er aout
Après les deux après-midi de marche en mode turbo afin d'éviter les orages, je décide qu'aujourd'hui sera une journée de repos avec une petite étape. 
Il n'y a que très peu de randonneurs dans ce secteur (dans la journée d'hier je n'ai croisé que 4 randonneurs) alors que le paysage est superbe. Il faut préciser que le GR 5 passe sur l'autre versant de la vallée ,et notamment par Auron. Je n'ai rien contre Auron mais faîtes le détour par les Vens et vous comprendrez...
Les lacs de Vens, les aiguilles de Tortisses, la créte du col de Fer au pas de Morgon, les lacs Morgons et le salso Moreno, tous valent le détour.
Vers 13 heures, j'arrive au gite de Bousièyas, et un après-midi à ne rien faire, c'est pas mal aussi. Par chance il reste une place pour la nuit.
Ce gîte aussi vaut le détour. Super accueil de Laurence et de son compagnon cuisinier qui nous a préparé de très bons plats et que dire du dessert...
Le soir, en fin de repas nous avons eu droit en bonus à un super exposé, de Laurence, sur le hameau de Bousièyas et sur le gypaète barbu qui, dans le même temps, est venu nous survoler.

2 aout

Il me reste deux étapes pour rejoindre Barcelonnette.
La météo annonce des orages dès 8 heures le 3 aout, mais s'il le faut je ferai du stop de Baillasse à Barcelonnette.
A 6 heures je prends le petit déjeuner pendant qu'un jeune randonneur quitte le gîte. Il espère faire deux étapes dans la journée afin d'arriver un jour plus tôt à Nice.
Je pars à 6h30 et après 10mn de marche c'est l'euphorie. Je retrouve les mêmes sensations que j'avais eues lors de la traversée des Pyrénées.(Cf my trip : de l'océan à la méditerranée par la HRP) Cette après-midi de repos a été bénéfique. Je sens une grosse énergie dans tous les muscles de mon corps. Là je me dit que ce soir je serai à Barcelonnette et éviterai les orages annoncés pour le 3 aout.
A 7heures, le jeune randonneur redescend en courant avec deux patous accrochés aux fesses. Je lui dis d’arrêter de courir... ce qui a pour effet de calmer les patous qui repartent tranquillement vers le troupeau.
Nous coupons à travers bois jusqu’au pied de la falaise afin de passer au-dessus du troupeau et redescendons plus loin.
Nous marchons ensemble, non sans rire de cette situation qui s’est bien terminée, avant de nous quitter au col de la Colombière.
A 11h30, je pique-nique les pieds dans l'eau du ravin de la Moutière.
Après un bon café à Bayasse, je repars sous une grosse chaleur, direction le col de Four, le c...