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Vacances multisports avec quatre enfants

par Coralie dans Récits et entretiens 29 févr. 2012 mis à jour 16 juin 2017 4748 lecteurs Soyez le premier à commenter
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Partir à vélo, en canoë, à ski ou pied, tous les moyens sont bons, même avec quatre enfants !


« Mais vous faites ça avec les enfants ?! »
Ben oui …sommes-nous obligés d’admettre à ceux à qui nous racontons nos vacances.

Rando avec les enfantsOui, on ne sait pas où on dort ce soir,
Oui, on se lave tous les quatre jours, enfin un peu plus que les dents,
Oui, il nous arrive de manger de la purée tous les six abrités sommairement par notre bâche,
Oui, on finit parfois le riz froid de la veille au petit déjeuner parce qu’on n’a plus de pain,
Oui, on mange nos saucisses grillées sur une plage de galets sans croiser personne pendant huit jours (c’était au Canada),
Oui, ils portent des sacoches sur leur vélo et râlent dans les montées (mais pas toujours),
Oui, y’a deux enfants seuls dans un canoë,
Oui, ils savent monter 800 mètres de dénivelée dans la neige, skis aux pieds, à condition qu’on leur raconte le dernier roman policier qu’on a lu,
Oui, ils savent faire fondre la neige pour cuire les pâtes,
Oui ils ont parfois peur des ours quand on bivouaque (toujours au Canada),
Oui, ils s’endorment vite et nous aussi, n’importe où, pourvu que ce soit l’aventure, après une journée sur l’eau, sur la neige, après les sommets et les cols, au bout d’une journée de canoë, de marche, de vélo ou de ski de randonnée !

Texte : Bénédicte Parmentier

Photos : Famille Parmentier


Pour tout savoir sur le voyage en famille, lisez le dossier de Carnets d'Aventures n°27 en kiosque ce 1er mars (voir le sommaire, le commander).

 

Les débuts

Nos premières aventures sur plusieurs jours en bivouac remontent à l’Australie, aux cinq ans d’Isidore, le dernier de nos quatre petits aventuriers.

L’été d’avant, on était allé de refuge en refuge en Autriche, avec quatre jours de nourriture dans les sacs des adultes… pour nous six !

Rando avec les enfants
Rando avec les enfants

Les enfants portaient chacun leur compagnon en fourrure pour les plus jeunes (quatre, six et sept ans), le premier Harry Potter pour l’ainée (alors tout juste âgée de huit ans), un sac à viande, leur pyjama et une polaire : pas de pantalon…et quand il s’est mis à neiger à 2000 mètres en plein mois d’Août, ils se sont transformés en petites tortues courageuses avec leur sursac qui leur couvraient le dos ! Mais on était doublement accueillis quand on arrivait enfin au sec !


Les vaillantes petites tortues de couleurs
Les vaillantes petites tortues de couleurs

L’année suivante, nous avons sillonné à pied les îles Whitsunday (au milieu de la côte du Queensland en Australie) et vécu là quelques nuits magiques, au bout du monde, sur le sable blanc parmi les iguanes (vivants) et les coraux (morts) !


Les îles Whitsunday en Australie à pied

Les îles Whitsunday en Australie à pied
Les îles Whitsunday en Australie à pied

Deux ans plus tard, nous avons fait l’ascension du mont Ténibre (un de nos hauts sommets des Alpes Maritimes !) à 3031 mètres d’altitude en quatre jours en dormant en refuges.
Chaque enfant avait pu emporter, en plus de la paire de chaussettes de rechange, une canne à pêche pour Andéol, un carnet de dessin et de la peinture pour Bergamote, des chaussons d’escalade et un baudrier pour Pimprenelle et des raquettes pour Isidore !  Chacun sa distraction pour occuper les pauses à l’arrivée au refuge ou après le pique-nique du midi…

 

Vers une plus grande autonomie…

On s’est vite rendu compte que malgré nos pieds aguerris et la meilleure volonté du monde, on ne pouvait pas porter les tentes, le matériel de cuisine, les vivres et l’eau pour plusieurs jours sur nos deux seuls dos aussi grands soient-ils…comme l’aventure plait aux enfants autant qu’à nous, on s’est donc équipé en 2006 de trois canoës gonflables (on a descendu plus de six rivières et quelques côtes en Corses sans jamais crever) : les canoës supportent beaucoup plus de poids que nous, ça nous épargnent de la fatigue et en plus, c’est vite plié pour les monter dans le train!
Chaque parent prend un garçon dans son canoë et les filles forment un équipage toutes les deux. On charge au minimum : trois bidons de 25 litres pour six duvets, les pyjamas et les frontales (pas d’animaux à poils cette année), deux tentes, trois sacs étanches pour les polaires, les k-ways et la pharmacie. « Oui Pimprenelle, on a le droit qu’à un seul T-shirt par personne ! ». Mais ça suffit, on vit toute la journée en maillot et en méduses (chaussures de plage à la mode dans les années 70). On descend presque chaque jour dans un village pour se ravitailler en eau et nourriture, avec cet accoutrement, le succès est garanti !
Ainsi, nous descendons le Tarn (deux fois cinq jours), l’Allier (10 jours), l’Aude (quatre jours) et la Restigouche (six jours en totale autonomie totale au Québec) !

Descente de rivière en équipages

Descente de rivière en équipages

Bien sûr il y a les portages lorsque certaines zones sont infranchissables, bien sûr il y a quelques moustiques, bien sûr il arrive que le sac de nourriture prenne l’eau et que l’on découvre la macédoine de légumes lorsqu’on attend la compote parce que l’étiquette est tombée. Mais quel plaisir de s’arrêter dans un endroit oublié de tous pour dormir, d’y faire du feu et de n’avoir pour voisins que les étoiles et le doux bruit d’une cascade au loin !
 

Et maintenant ça roule !

Il y a deux ans on pouvait (enfin) reprendre nos vélos, en famille cette fois. Il nous tardait de pouvoir vivre avec les enfants cette expérience fabuleuse du voyage nez au vent ! Nous avions traversé à deux l’Islande et la France d’Est en Ouest à deux reprises avec des amis et nous en gardions de fabuleux souvenirs.


Apprentissage en famille de la cartographie
Apprentissage en famille de la cartographie

Nous voilà donc repartis à six cette fois. La première expérience fut tentée au Québec : on avait emporté avec nous nos sacoches et sacs étanches (ceux du canoë), nos tentes, notre popote rustique qui prend peu de place (24 cm de diamètre sur 15 cm de haut) et nos assiettes en plastique casées à l’intérieur et puis trois fois rien par personne, ce qui finit toujours par faire pas mal quand on multiplie par six ! Nous avons passé sept jours à vélo sur une voie verte en bivouaquant sauvage ou sur des aires de camping naturelles sans eau mais avec toujours avec un barbecue, ce dont les québécois ont le secret ! Quand on quitte les bords des lacs bien plats, on se frotte aux longues routes pentues mais la promesse d’une glace au village prochain fait avancer les petites jambes !


Le temps du réconfort autour d'un bon feu !
Le temps du réconfort autour d'un bon feu !

Notre seconde expérience était en Serbie l’an dernier et suivait la même idée : partir découvrir au gré de nos pédales les paysages, le Danube et les Serbes…Hormis un couple d’Allemands, nous n’avons croisé aucun autre cyclotouriste. On passe souvent pour des originaux, mais on est toujours très bien accueillis partout où l’on s’arrête.

Depuis on a pédalé en  France : dans le Lubéron, les Cévennes, toujours loin des campings, loin du bruit, en s’éloignant toujours de la facilité pour se rapprocher de la simplicité et toujours en famille. C’est vrai que chacun doit faire beaucoup d’efforts mais on prend le temps de regarder, de sentir, d’aller à la rencontre des autres et on se sent heureux d’avoir réussi cette route tous ensemble !
 

Même en hiver !

Eric (le papa) est adepte des courses de ski alpinisme depuis ses années d’études d’ingénieur et participe chaque année à des raids. Il nous a amenés au ski de rando en douceur ! D’abord la maman puis les enfants dès qu’ils ont pu mettre des raquettes aux pieds pour monter (on leur portait chaussures et skis jusqu’au sommet). Lors de notre première sortie tous les six, Pimprenelle avait neuf ans, Bergamote huit, Andéol six et Isidore cinq).


Rando à ski avec les enfants
Rando à ski avec les enfants

Au début, nous choisissions des courses courtes mais gratifiantes, on s’arrangeait pour partir lorsqu’il faisait beau et que le risque d’avalanche était faible. On a d’abord équipé les skis de piste des enfants avec des fixations Diamir qui sont modulables pour passer de l’un à l’autre, ils gardaient leurs chaussures de ski alpin (ils n’avaient même pas d’ampoules), et quand leurs skis sont devenus trop petits, on les a changés pour des skis de randonnée. Isidore, du haut de son mètre quarante, a des skis de 1m55 !

Cette année, on a réussi à dormir dans un refuge non gardé (très froid donc !) avec des amis et leurs trois enfants. L’année dernière, on a fait quatre jours de rando avec quatre autres familles dans les Pyrénées à partir d’un gîte à Barèges : les enfants montaient parfois plus de 900 mètres dans la journée stimulés les uns par les autres, ils étaient loin d’être les derniers en descente !
Quand on enlève les peaux des skis là-haut, qu’on mesure le chemin parcouru en croquant dans le saucisson attendu, on se dit que le plaisir est transmis…


Rando à ski avec les enfants
Rando à ski avec les enfants

 

Et le matériel dans tout ça, ça finit par coûter cher ?

Non ça ne coûte pas cher, à condition de ne pas toujours avoir le matériel dernier cri...on a longtemps fait du vélo au long cours en short basique avec des selles de ville et des sacoches en carton bouilli recouvertes de plastique orange (mais elles sont allées faire le tour de l’Islande et en sont revenues !). On s’est quand même équipé de belles sacoches étanches car c’est vrai qu’on peut à peu près tout faire supporter à des enfants, si on les nourrit bien  (les pauses « kit-kat » sont indispensables pour le moral et l’énergie !) et qu’on les met au sec le soir !
Pour les canoës : l’investissement (500 euros*trois) est vite amorti (huit jours de canoë)  si on compare au prix de location à la journée des canoës (au moins 100 euros pour nous six) et à l’hébergement en camping (35-40 euros pour nous six).
Quant au ski de rando, le calcul est vite fait au regard du prix des forfaits en station (240 euros/jour pour une famille de six), l’équivalent d’une paire de ski d’occasion !

Au-delà du matériel, ce qui nous fait avancer c’est le courage et la bonne humeur : lorsque l’un de nous en manque, les autres sont là pour en distribuer généreusement et tout le monde repart. Les enfants sont champions pour ça « hein dis papa, on va le retrouver le canoë qui est parti sans nous ? »

Alors voilà comment l’aventure nous nourrit, nous construit. Elle nous anime, elle nous réjouit d’avance, sur place et après !
Voyager léger (enfin le plus possible), ouverts, prêts pour les surprises, faire feu de tout bois, (nous sommes tous passés par les scouts !), en famille, c’est possible. Ce n’est que du bonheur à inventer !

 

Bénédicte Parmentier

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