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Small world on a bike : cyclo-grimpeurs sans date de retour

par Johanna dans Récits et entretiens 08 nov. 2018 mis à jour 08 déc. 2018 448 lecteurs Soyez le premier à commenter
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Small world on a bike : cyclo-grimpeurs sans date de retour

Small world on a bike : vélo et escalade autour du monde
sans date de retour !


C'est à l'occasion du dossier "Voyager sans date de retour" de Carnets d'Aventures 52 que Noémie et Adam ont écrit un article passionnant dont voici l'introduction : « Lorsque nous nous sommes rencontrés en octobre 2014, nos vies respectives avaient déjà pris un tournant inattendu. Adam avait quitté Londres et son travail chez un producteur de musique renommé pour se consacrer à l’escalade. Je m’étais pour ma part expatriée au Canada pour apprendre l’anglais et grimper à Squamish. Pendant qu’Adam réalisait son rêve vertical sur El Capitan au Yosemite, j’avais enfourché mon vélo en direction du Mexique. Notre vision de la vie avait déjà changé. Ni Adam ni moi ne voulions retourner dans un bureau, ni consacrer notre vie à travailler. Nous avions abandonné l’idée d’une carrière et d’une quelconque ascension sociale. Il était temps de nous libérer des modèles imposés par la société, de nous saisir de notre liberté et de vivre nos passions à fond. »

Deux années de vie commune leur permettent d’élaborer un projet et de le mettre en œuvre. Fin 2016, ils partent à vélo à la découverte du monde et de ses falaises. Un voyage sans date de retour, ou plutôt une nouvelle vie de nomadisme et d'aventure.
Après leur article pour CA52 écrit sur la route au printemps 2018 ; ils nous envoient de leurs nouvelles en fin d'année, à lire en images ci-dessous !

Par Noémie et Adam Looker-Anselme
Suivez-les sur leur site small world on a bike et sur leur page Facebook !
 

Des nouvelles de Noémie et Adam fin 2018 !
 

L’heure des décisions

À l’heure de finaliser notre article pour Carnets d’Aventures 52 en mai dernier, nous étions en Corée du Sud, incertains quant à la suite de notre itinéraire. La Chine nous ayant refusé le visa pour la seconde fois, la Russie ayant fermé ses portes aux Britanniques en vadrouille, nous avions abandonné nos projets de big wall au Kirghizistan et avions envisagé un été au Japon. Oui mais voilà, le Japon n’a pas de grandes parois propices à des aventures verticales sur plusieurs jours. Après des mois à s’interroger, on a fini par penser plus globalement. Notre objectif de base était de ne prendre aucun avion. Seulement voilà, si l’on veut pédaler et faire de l’escalade à la bonne saison au bon endroit, essayer de prendre un bateau pour relier un continent à un autre rend notre voyage bien plus compliqué. Nous avons donc fini par accepter l’idée de prendre un autre avion, cette fois non contraints par des visas mais choisi. C’est décidé, l’heure est arrivée d’aller en Amérique.

Small world on a bike : cyclo-grimpeurs sans date de retour

Le nouveau monde

En juin dernier, nous avons donc décollé de Busan pour le Canada. Noémie ayant vécu à Vancouver, nous avons pu passer 10 jours à nous remettre du décalage horaire chez des amis. Après des retrouvailles très agréables, nous avons enfourché nos vélos pour Squamish, destination de grimpe incontournable. La soudure du cadre d’Adam (qui avait cassé en Corée) ayant lâchée en arrivant, nous avons passé un mois et demi à faire de l’escalade sur place en attendant le nouveau cadre. Entre l’Asie du Sud-Est et la Corée du Sud, la différence du cout de la vie nous avait déjà choqués mais ici, c’était encore une autre histoire. Peu importe, le granit du Chief, notre emplacement de camping sauvage dans la forêt à deux pas de la rivière et nos soirées avec des amis valent bien ce nouveau trou dans le budget. Nous ne sommes plus vraiment inquiets de ce côté-là puisque nous avons tous les deux obtenu un Permis Vacances Travail pour le Canada et nous pourrons donc travailler dès que nous en aurons besoin.

Small world on a bike : cyclo-grimpeurs sans date de retour

Changements de dernière minute

Au mois de juillet, l’annonce du mariage des parents de Noémie pour septembre et un cancer dans la famille d’Adam nous bousculent à nouveau. En quelques jours nous élaborons un nouveau plan qui inclut un retour de 2 semaines en Europe, en Angleterre pour Adam et en France pour Noémie. Les billets sont réservés depuis San-Francisco et nous nous donnons 7 semaines pour parcourir les 2300 kilomètres jusqu’en Californie. Une fois le nouveau cadre reçu, Noémie passe 2 jours à le remonter avec les anciens composants pendant qu’Adam organise l’envoi du matériel de grimpe. Puisqu’aucune pause escalade n’est prévue entre Squamish et Yosemite, nous voulons pédaler “léger”. Le 4 août, nous reprenons la route vers le sud. Notre itinéraire par la Sierra Cascades est rapidement remis en cause par les feux de forêt et nous nous rabattons sur la côte pacifique. Dauphins, baleines grises, phoques, baleines à bosses, pistes sauvages, camping sur la plage, arbres millénaires, couchers de soleil incroyable, Noémie oublie vite sa déception de retourner sur une route qu’elle a déjà parcourue et se laisse surprendre par les nombreux détours qu’elle avait n’avait pas pris.

Un retour salutaire

Le 10 septembre, après 2 ans ensemble 24h/24 et 7j/7, nous nous envolons chacun de notre côté pour retrouver nos familles. Nous aurions préféré rentrer ensemble et plus longtemps pour avoir le temps de voir plus de monde. Nous avons fait du mieux possible au vu des conditions et des contraintes de chacun. Nous ne regrettons pas notre décision, nous avions tous les deux envies d’être là pour nos proches. Ne pas se voir pendant deux semaines est également positif. À force de tout partager, nous avons parfois l’impression d’oublier que nous sommes deux personnes différentes. Passer du temps chacun de notre côté avec nos familles nous a fait beaucoup de bien. De retour aux États-Unis, nous nous sommes remis en selle pour les derniers 300 kilomètres jusqu’au Yosemite.
 

Small world on a bike : cyclo-grimpeurs sans date de retour

Une boucle est bouclée, une histoire qui continue

Yosemite. Parc national américain historique, le premier du genre. Yosemite, c’est aussi là que nos chemins se sont croisés il y a 4 ans alors que Noémie pédalait du Canada au Mexique et qu’Adam grimpait les parois mythiques de la vallée. Revenir ici ensemble à vélo pour faire de l’escalade est symbolique. Nous avons fêté les 4 ans de notre rencontre et nos 2 ans sur la route au sommet de notre premier big wall, Liberty Cap. Une ascension de 3 jours et 3 nuits, dont une suspendue sur notre portaledge au-dessus d’une cascade. Après 50 jours incroyables dans cet endroit magique et 2 autres big wall, l’hiver nous a poussés à remballer nos sacoches et à repartir. Alors que nous avions prévu de remonter travailler au Canada tout de suite après Yosemite, nous avons changé d’avis au dernier moment. Nous pédalons en ce moment vers le sud pour aller grimper à Joshua Tree, un autre parc national américain grandiose. Nous voilà sur la route de la Sierra Cascades que nous n’avions pas pu prendre cet été. Cette fois ce n’est pas la fumée mais la neige qui nous accompagne, les paysages en sont d’autant plus sublimes. À l’expiration de notre visa américain fin décembre, nous prendrons le train pour retourner au Canada. Habitués à vivre dehors et amoureux de la vie sauvage au confort limité, nous avons prévu d’acheter un camion. Ne pas avoir de loyer à payer nous permettra de travailler juste assez pour mettre des sous de côté tout en profitant du pays. L’idée est d’économiser suffisamment pour renfiler nos costumes de cyclo-grimpeurs d’Alaska jusqu’en Argentine. Avant de travailler “pour de vrai” au printemps, nous prévoyons de passer quelques mois à éditer les vidéos que nous voulons terminer depuis un moment, dont un film sur la Pamir Highway pour lequel nous voulons lancer une campagne de financement participatif. Hâte de découvrir où la route nous mènera…
A suivre !

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