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Rêve nomade : en famille à vélo et escalade dans l'Ouest américain

par Johanna dans Récits et entretiens 11 mars 2019 1488 lecteurs Soyez le premier à commenter
Lecture 7 min.
Rêve nomade : en famille à vélo et escalade dans l'Ouest américain

À vélo à la découverte des jolis spots d'escalade de l'Ouest américain et au Mexique !
François-Xavier et Cécile nous racontent cette riche année en famille dans Carnets d'Aventures n°55 spécial Année Sabbatique !
Ils nous donnent ici leur regard sur le voyage au long cours en famille, à vélo avec un enfant, nous parlent de leur retour, leurs coups de coeur pendant le voyage, leur budget...

Texte et photos : François-Xavier et Cécile Delemotte
revenomade.com

Rêve nomade : en famille à vélo et escalade dans l'Ouest américain

Voyager à vélo avec des enfants : quelques astuces

Voyager à vélo avec des enfants est tout simplement magique et leur simple présence vous fera faire des rencontres impossibles autrement. Et si la logistique est un peu différente, elle n’est en aucun cas plus compliquée. Voici quelques trucs pour que votre voyage se déroule au mieux :
-    Lors de la préparation du voyage, impliquez vos enfants à toutes les étapes, en étant les plus transparents possible. Votre voyage sera le leur et ils seront motivés s’ils ont eu leur mot à dire.
-    Pourquoi pas débuter par des sorties de quelques jours avant le grand saut ? La France regorge de régions propices au vélo, pour tous les goûts.
-    Il n’y a pas d’âge pour rouler avec des enfants, qu’ils soient bébés ou adolescents. Le tout est d’adapter le voyage, la destination, la durée et le matériel.
-    Les enfants sont beaucoup plus endurants que l‘on croit, pour autant qu’ils soient motivés. Le secret ? Les divertir en roulant : raconter des histoires, chanter, jouer… Les possibilités sont infinies. Multiplier les pauses et diversifier les étapes sont aussi importants.
-    Si voyager à vélo en famille est merveilleux, ce n’est pas une raison pour rouler tous les jours. Variez les plaisirs et profitez-en pour visiter, randonner, vous baigner… ou simplement ne rien faire.
-    Si vos enfants sont assez grands, faites en sorte qu’ils aient des responsabilités : monter/démonter la tente, faire les courses, nettoyer les vélos, faire à manger : ils en redemanderont !
-    Leur vélo est aussi leur univers : s’ils ne peuvent pas transporter autant de matériel que vous, ils seront fiers d’embarquer leurs doudous, jouets, et autres petits secrets. En passant, pas besoin d’emporter de nombreux jouets, ils réaliseront vite qu’ils joueront plus avec ce qu’ils trouveront en chemin !
Convaincus ? Embarquez, vous reviendrez soudés comme jamais.

Vélo-grimpe au long cours en famille, est-ce bien raisonnable ?

Voyager à vélo sur la route des parois d’escalade est un concept merveilleux. C’est joindre l’utile à l’agréable, limiter son empreinte écologique, et combiner deux voyages en un. Avec des enfants, sur une longue durée, ça devient un petit peu plus compliqué… En famille à vélo, on ne part pas tout à fait léger, encore moins si l’on doit prévoir de rouler sous tous les climats et être équipés en conséquence. Si, en plus, il faut emporter le matériel d’escalade pour grimper sur des parois où l’on doit prévoir ses coinceurs… Cela devient mission pratiquement impossible.
Il faut donc ruser et choisir ses batailles. Voici nos astuces pour rouler et grimper, le sourire aux lèvres :
-    Restez légers et privilégiez les sites d’escalade où vous n’avez besoin que du minimum : une corde, des dégaines, quelques mousquetons… Vous trouverez souvent d’autres partenaires sur place pour vous prêter le matériel qui vous manque.
-    Aux États-Unis et au Canada, optez pour l’option poste restante : vous envoyez le matériel d’escalade à votre attention d’un bureau de poste à un autre, et vous évitez de vous le trimbaler entre les deux. Seule contrainte : récupérer votre matériel dans les 30 jours suivants. Il y a des bureaux de poste partout, même au Yosemite.
-    Évitez les sites de grimpe trop isolés ou loin des routes, surtout dans le désert. Parce que pour rejoindre cette belle paroi à 50 km dans le désert il vous faudra beaucoup d’eau…
-    Lorsque vous grimpez, mettez vos vélos en sécurité et n’oubliez pas les cadenas et les astuces, comme débarquer la chaîne du plateau avant : celui qui volera votre vélo pédalera dans le vide et détalera dans la panique, oubliant votre vélo…

Voyage au long cours, et après ? Le retour.

Après une expérience de vie si intense, il est courant, au retour, de sombrer dans une sorte de dépression post-voyage. Tout nous semble fade, futile, superficiel, notre entourage ne semble pas intéressé, au-delà des premiers jours, à ce que nous avons vécu et, « de toute façon, ils ne peuvent pas comprendre… ». Le retour à la routine déprimante, est-ce une fatalité ? Dans notre cas, en tout cas, nous ne sommes pas passés par de tels stades.
Voici quelques trucs pour sublimer la routine (oui, c’est possible) :
-    Préparez un nouveau voyage ! Sans être aussi longues, vos prochaines vacances peuvent être aussi excitantes ou, pourquoi pas, un autre voyage au long cours d’ici quelques années. Il faut battre le fer pendant qu’il est chaud.
-    Gardez l’esprit de votre voyage vivant et présent : échangez avec les contacts que vous avez rencontrés, planifiez des retrouvailles, rédigez un journal post-voyage, un article dans Carnets d’Aventures ou, pourquoi pas, un livre, encadrez vos photos, montez un film, participez à un festival de voyageurs…
-    Voyagez au quotidien : (re)découvrez votre coin de pays autrement, débutez une nouvelle activité, un nouveau sport, impliquez-vous dans une association… Et pourquoi ne pas retourner aux études pour démarrer un nouveau métier ?
Notre vie est ce qu’on choisit qu’elle soit. À nous de la rendre passionnante et d’illuminer notre quotidien !

On the road again.
Cécile en plein mythe américain, du côté de Monument Valley.
On the road again.
Cécile en plein mythe américain, du côté de Monument Valley.

Budget pour notre voyage

Côté budget, nos dépenses quotidiennes furent a priori relativement élevées (30 € par jour et par personne). Au-delà de l'éventuel logement et de la nourriture, nous avons inclus dans ce budget les dépenses ponctuelles indispensables à ce voyage : les assurances voyage et frais de santé comme les vaccins (2,5€), le renouvellement du matériel durant un voyage au long cours à vélo (3€), les transports (2€), les loisirs (2,5€), ou encore les frais éventuels de téléphone ou de balise satellite, les frais bancaires lorsqu’on retire de l’argent à l’étranger…
Quelques conseils pour économiser :
-    Pour se loger, le réseau Warmshowers.org fait des miracles : vous serez hébergés gratuitement, tout en faisant des rencontres inoubliables. Il ne faut pas non plus hésiter à aller sonner chez les gens pour leur demander si vous pouvez camper sur leur terrain (surtout s’il est grand), surtout en Amérique du Nord : si la propriété privée est sacrée, les gens n’en sont pas moins généreux (en particulier si vous voyagez avec des enfants). En tout, nous avons passé un tiers de nos nuits chez l’habitant, la moitié en camping ou en bivouac, le reste en motels (surtout en Amérique Centrale où ils sont bien moins chers).
-    Pour la nourriture, en Amérique Centrale, il revient souvent moins cher de manger dans les comidas, les taquerias ou sur les marchés, plutôt que de faire des courses. La nourriture est plus fraîche, plus saine, plus nourrissante… Et l’on découvre des saveurs locales, tout en rencontrant les gens !
-    Pour les dépenses externes, si vous avez un téléphone, procurez-vous une carte SIM du pays, qui vous permettra de communiquer avec vos hôtes Warmshowers, tout en n’explosant pas votre forfait. C’était essentiel pour nous.
-    Pour le matériel, plus vous partez pour longtemps, plus vous avez intérêt à privilégier la qualité, si vous le pouvez. Vous minimiserez les bris et les remplacements, et économiserez à terme. Pensez à vous procurer du matériel facilement réparable ou remplaçable, même dans les coins les plus reculés. Par exemple, privilégiez des vélos en acier (réparables partout) ou les roues de 26 pouces, seul format standard que vous trouverez partout dans le monde.
-    N’oubliez pas le sponsoring : si votre projet est unique, différent et original, si vous avez l’énergie (ou les contacts) pour approcher les sponsors et si vous êtes prêts à communiquer en retour, vous avez tout à gagner.
À long terme, il n’y a pas de petites économies !

Rêve nomade : en famille à vélo et escalade dans l'Ouest américain

Le Mexique, notre coup de cœur : une destination tout sauf dangereuse

Avant d’entrer au Mexique, tous les Américains que nous croisions sur la route nous prédisaient les pires déboires si nous y allions. C’est vrai qu’avec tout ce que l’on entend aux nouvelles, à propos des gangs criminels, de l’insécurité…
Après avoir roulé 5 mois dans ce pays, c’est pourtant tout le contraire que nous avons vécu au quotidien. Dans les rues des villes et villages, nous nous promenions absolument sans crainte, de jour comme de nuit. Il faut dire que nous étions rarement dans les grandes villes, qui attirent et concentrent, au Mexique comme partout, le vol et le crime. Dans les villages, rien de tel : la vie s’écoule doucement. Tout se sait et tout le monde se connaît, de toute façon. Loin des villes, le bonheur. Bien sûr, nous adoptions toujours les règles fondamentales de prudence : rester discret, ne pas montrer de signes extérieurs de richesse, éviter les quartiers et régions à risque.
Clarifions donc une idée reçue : le Mexique est, dans son immense majorité, un pays sûr et très accueillant, contrairement à ce qu’en disent les médias alarmistes européens et nord-américains, n’en déplaise aux Donald Trump de ce monde. Certes, la violence existe. Bien sûr, il ne faut pas trop s’attarder dans certaines régions, notamment le long de la frontière américaine, mais il suffit de demander aux Mexicains quels sont les endroits à éviter pour avoir l’heure juste. Oui, les patrouilles de jeeps de l’armée sillonnent les routes et les barrages sont fréquents, mais on s’y fait : ils font partie du paysage. D’ailleurs, nous n’avons été arrêtés qu’une seule fois par l’armée : parce qu’ils s’ennuyaient et étaient curieux d’en savoir plus sur notre aventure… Ils n’ont jamais demandé nos passeports !
Allez au Mexique, et vous découvrirez un pays attachant, vibrant, riche, à mille lieues des clichés.
 

Seuls au monde.
Le bonheur d’un bivouac sur la plage El Requesón, Baja California (Mexique).
Seuls au monde.
Le bonheur d’un bivouac sur la plage El Requesón, Baja California (Mexique).

Rêve nomade, en quelques chiffres

Si l’on devait résumer notre aventure en quelques chiffres ?
-    17 mois de voyage
-    8 pays visités : Canada, États-Unis, Mexique, Belize, Guatemala, Nicaragua, Costa Rica, Panama
-    15.400 km roulés (dont 5300 par Emma toute seule sur son vélo)
-    125.000 m de dénivelé positif
-    63 km parcourus en moyenne chaque jour, à 14 km/h
-    Plus grosse distance quotidienne : 157 km entre Revelstoke et Golden (Canada), avec 1700 m de dénivelé positif. Plus de 12 h en selle…
-    Record de vitesse : 97 km/h, à Monument Valley (États-Unis), Emma et FX ensemble. Et encore, on a freiné…

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