Marcher au plus près du méridien de Greenwich
Longitude zéro, suivre la ligne
François a relevé le défi : faire le lien entre l’abstrait et le concret, le virtuel et le réel, le plan et le terrain, la carte et le paysage ; il a emprunté les chemins qui suivent au plus près le méridien de Greenwich dans sa partie européenne, pour créer un itinéraire thématique continu entre l’Angleterre, la France et l’Espagne. Êtes-vous prêts à rester dans la ligne ?
« Les méridiens sont des lignes à parcourir ». Cette phrase est devenue pour moi une évidence, un concept, une voie à suivre, une règle de jeu. Une règle unique : marcher au plus près d’une longitude choisie, plein sud ou plein nord selon mon choix. Les contraintes d’écriture données à un écrivain adepte de l'Oulipo l'obligent à développer son imagination et trouver son style propre. L’Oulipo de la marche provoque les mêmes bienfaits : imaginer la voie, contourner les obstacles, anticiper les difficultés ou les résoudre lorsqu’elles se présentent. Votre style de marche se modifie ; à la longue, votre style de vie aussi.
Ligne virtuelle, terrain réel
Méridien de Greenwich, longitude 0°, méridien-origine. Dans sa partie européenne, c’est une jolie ligne droite de 1680 kilomètres qui traverse trois pays : l’Angleterre, la France et l’Espagne. Altitudes de départ et d’arrivée : 0 mètre à Sand Le Mere (Royaume-Uni), 0 mètre à Altea au sud du golfe de Valence (Espagne). Point le plus élevé : 3073 mètres sur l'épaule du Marboré qui surplombe le cirque de Gavarnie dans les Pyrénées. Mais à cet endroit, on peut aussi retomber à 0° Celsius.
0°00' et 59" : cinquante-neuf secondes (pas de temps mais d’espace) pour faire le zigoto sans trop zigzaguer, car le zigzag allonge le kilomètre… et le temps ! Cinquante-neuf secondes c'est, à une seconde près, un espace d’une minute. Selon mister Google Earth, cette minute représente un espace de 1250 mètres en moyenne, à l’est et à l’ouest du méridien (dans les pays européens), soit une bande de 2,5 km de large où l’on peut espérer trouver un chemin sans avoir à utiliser la serpe qui m’avait servi à couper les ronciers lors de mon tour d’Indre et Loire. Mais là, ma « règle du jeu » était de 300 mètres d’écart seulement ! Cette fois, je voulais parcourir des chemins que chacun pourrait reprendre à ma suite. Cet espace fut mon terrain de jeu.