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Tasmanie

par Johanna dans Dans le monde 27 août 2007 mis à jour 30 oct. 2012 19006 lecteurs Soyez le premier à commenter
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Trek, vélo et kayak

Texte : Lucille Verbaere
Photos : Benoît Verbaere

Article publié dans Carnets d'Aventures n°4 (n° épuisé).


Avec plus de 20 000 km de chemins de rando et un cinquième de sa superficie protégé en parcs nationaux, la Tasmanie est un petit paradis pour les amateurs de nature vierge et de sports de plein air. Comme la plupart des îles montagneuses, elle possède une grande diversité de paysages : des plages désertes de sable fin de la côte est aux à-pics de Cradle Mountains ou Frenchman’s cap, en passant par les forets primitives du sud-ouest, on peut y faire un séjour très varié, sans avoir à avaler les kilomètres, ce qui est plutôt rare en Australie...

Le vélo serait donc le moyen de transport adéquat si la météo y était moins capricieuse. Ce n’est pas une légende, malgré 4 saisons officielles bien distinctes, la Tasmanie peut subir les pires tempêtes à n’importe quel moment de l’année et le temps peut être bien différent à quelques kilomètres de distance. La plaine de l’est est souvent balayée par des vents violents sans cesse changeants. À l’ouest, les tempêtes en mer sont fréquentes et la pluviométrie impressionnante. Ou encore, il peut neiger ou grêler en plein été dans la partie la plus montagneuse du centre. Comme les rangers des parcs nationaux vous le répètent à tout va, il ne faut pas partir sur les sentiers sans un kit minimal de survie, doudounes et duvet chaud étant plus que recommandés.

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Bryan's Beach dans le Freycinet National Park


Côté culture, la Tasmanie est souvent considérée par les Australiens comme un haut lieu historique car c’est là que les Anglais ont envoyé leurs premiers « colons » (pour la plupart des bagnards), mais tout est relatif, les plus vieux bâtiments datent d’à peine plus de deux siècles. Sujet encore sensible partout en Australie, la question des aborigènes commence doucement à refaire surface en Tasmanie, alors qu’ils ont été exterminés au 19ème siècle par des colons particulièrement hostiles. On comprend maintenant que ces cueilleurs de baies nomades, au mode de vie en apparence très primitif – pas de feu, pas d’habitation durable – avaient en fait choisi leur existence selon une philosophie complexe basée sur le respect de la terre : ils effaçaient par exemple toute trace de leur passage pour ne pas perturber son équilibre, ce qui rend difficile toute recherche à leur sujet.
Malgré quelques dérapages écologiques comme le barrage du lac Pedder dans le sud-ouest, les Tassies ont réussi à préserver un écosystème unique, en particulier dans la partie ouest de l’île. De nombreuses espèces d’animaux plutôt exotiques pour nous autres Européens y cohabitent, telles les wapitis et autres espèces de marsupiaux, les wombats ou encore les platypus et – moins réjouissant – quelques espèces de serpents et d’araignées extrêmement venimeuses.

Vous l’aurez compris, on ne va pas en Tasmanie pour se dorer la pilule au soleil, on n’y va pas non plus pour visiter des musées, ni pour se plonger dans une culture très différente, mais plutôt pour y découvrir une nature vierge et une faune exceptionnelle !

Voici un petit tour de l’île, à notre sauce : le but n’est pas de faire une liste exhaustive, mais juste une petite sélection pour vous faire saliver…

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A gauche : Overland Track - Jour 2, près de Windermere
A droite : Walls of Jerusalem, Le trône du roi Salomon

Freycinet National Park

C’est une péninsule de la côte est qui bénéficie d’un microclimat souvent favorable aux baignades dans des eaux limpides. On peut y faire le tour en 2 jours de marche ou de kayak, avec un bivouac très chouette au milieu des wapitis, sur les plages de sable fin.

Traversée de la plaine de l’est

Un itinéraire à VTT au milieu de grandes étendues parsemées d’énormes eucalyptus : 4-5 jours de bonheur sans voir une voiture, mais il faut bien choisir le sens de la traversée en fonction du vent.

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Le BlowHole de Bicheno : au départ du nord-est sauvage

Walls of Jerusalem

2-3 jours de rando dans des paysages grandioses, entre falaises et multitude de petits lacs. À faire absolument malgré l’accès difficile lorsqu’on n’est qu’à pied. Cette partie de la zone protégée par l’Unesco peut être reliée à l’Overland Track en coupant à travers le plateau à la boussole, mais il faut prévoir plusieurs jours d’autonomie car les nombreuses zones marécageuses peuvent vous obliger à faire quelques détours…

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Walls of Jerusalem, impossible de tous les compter : 1 million de lacs dans la région !

Overland Track

Un mythe pour les randonneurs, 5-6 jours de marche dans des paysages grandioses et variés. Cet itinéraire traverse la partie la plus sauvage de l’île du nord au sud. Victime de son succès, le parc a mis en place un système de quota journalier de randonneurs de novembre à avril, comme pour les Great Walk en Nouvelle-Zélande. Avec un peu (beaucoup) de chance, un temps dégagé au sommet de l’île – le Mont Ossa (1600m) – vous permettra d’avoir une vue à 360° de toute l’île.

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A gauche : Overland Track, une heure après à Frog Flats, il neigeait...
A droite : Jonction Overland Track / Walls of Jerusalem, Wallaby près de Pelion

Franklin Gordon National Park

La majorité de ce parc est recouverte d’une forêt dense et humide, d’où l’avantage de le parcourir sur la rivière en raft : 14 jours plutôt sportifs, perdu dans cette immensité, un must mais qu’il faut pouvoir se payer… et réserver longtemps à l’avance.

SouthWest National Park

Il existe un itinéraire qui longe la côte ouest de l’extrême sud en remontant vers Cockle Creek. Là encore, de la nature à l’état pur, des forêts de pins Huon qui peuvent avoir jusqu’à 3000 ans… et des conditions météo souvent extrêmes ! Le retour ne peut se faire qu’en hydravion.

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A gauche : Un échidné à nez court de Tasmanie

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A gauche : Montée vers le mont Ossa depuis l'Overland Track
A droite : Sommet de l'île, Mt Ossa 1600m

La côte en kayak

La circumnavigation de l’île en kayak de mer a déjà été réalisée, et même par un trio féminin : voir le site www.cackletv.com qui, outre un récit et des photos de l’expédition, donne des infos utiles sur la navigation le long des côtes de Tasmanie. Les côtes sud et ouest sont très sauvages – pas de route les longeant –, mais la mer peut être assez agitée et forcer de temps en temps les kayakistes à attendre de meilleures conditions au bivouac.

Durée du séjour

L’île n’est pas bien grande – 67 000 km², soit environ la superficie de la région Rhône-Alpes – et le touriste moyen peut en faire le tour en quelques jours. Mais si l’on veut voir la Tasmanie autrement qu’à travers la vitre de sa voiture de location, il faut y passer au minimum 1 mois, voire plus, suivant ce qu’on a envie d’y faire : la mythique descente de la Franklin river prend par exemple déjà 2 semaines. Il serait par ailleurs dommage de faire un séjour au pas de course, sans prévoir de marge pour faire face à de probables mauvaises conditions météo et sans profiter tranquillement de l’hospitalité légendaire des Tassies.
Un passage en Tasmanie peut se combiner avec un voyage en Nouvelle-Zélande, les paysages y sont très différents, pas de risque de déjà-vu.

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Walls of Jerusalem, a la recherche du Platypus (ornithorynque)

S’y rendre

Une solution assez économique consiste à prendre le ferry depuis Melbourne. Mais attention au mal de mer, la Traversée peut être très agitée : le ferry fait demi-tour quand les vagues atteignent le 3ème pont supérieur, soit des creux de 20 à 30 m !
Sinon, il y a des vols réguliers pour Hobart ou Launceston depuis Sydney ou Melbourne.

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