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Une marche à travers l'Europe

(en cours)
Récit d'une traversée d'Europe à pieds en solitaire et par les montagnes, du détroit de Gibraltar à Istanbul.
randonnée/trek
Quand : 19/02/23
Durée : 400 jours
Distance globale : 6226km
Dénivelées : +178002m / -176649m
Alti min/max : -1m/3013m
Carnet publié par SamuelK le 08 oct. 2023
modifié le 23 avr.
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
Précisions : Pour me rendre au départ : bus de Bordeaux à Tarifa. Pour le retour : en voilier par la méditerranée ?
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Vue d'ensemble

Le topo : Et maintenant ? (mise à jour : 23 avr.)

Description :



Le compte-rendu : Et maintenant ? (mise à jour : 23 avr.)

Voilà plus d'un an que je marche, que la marche est non seulement mon mode de déplacement, mais aussi mon mode de vie, mon quotidien, mon activité principale qui structure mes journées et ma vie. Cela fait plus d'un an que moi et mon équipement élémentaire marchons et vivons durablement dehors, dans un très large pannel d'environnements, de saisons, de météos, d'ambiances, de réalités. L'objectif initial de traverser l'Europe à pieds du détroit de Gibraltar au Bosphore en passant principalement par les montagnes est atteint. En cela c'est une réussite d'avoir vécu et réalisé cette longue marche, dans le cadre simple mais strict que j'ai choisi, en marchant et vivant ainsi de façon durable. Tout au cours de cette traversée et même jusqu'à à la fin, je ne savais pas ce que je ferai une fois arrivé à Istanbul. J'ai d'ailleurs été surpris d'à quel point, dès l'Espagne, on m'a souvent et rapidement posé la question. J'ai souhaité effectivement ne pas avoir d'impératifs en termes de dates ou autres, c'est à dire de ne pas avoir de plan prédéfini pour après. Cet inconnu total est souvent difficile à gérer, mais c'est aussi ce qui permet de se laisser changer, ne serait-ce qu'un petit peu, par l'expérience, et de se confronter à toute la difficulté, la responsabilité et le potentiel que représente la liberté.

Ma marche a pris un renouveau, comme un deuxième départ, en entrant en Slovénie 6 mois et 4 000 km après mon départ de Tarifa. J'étais effectivement surtout attiré par les pays d'ex-Yougoslavie, l'Europe de l'est, la Turquie. Je suis alors rentré davantage dans un environnement inconnu avec plus de découvertes et d'adaptations qui accaparent le quotidien. Je suis également très attiré par la Turquie, les plateaux anatoliens et les grands massifs montagneux à l'est du pays, ainsi que par les pays du Caucase, leurs montagnes et leurs habitants. Alors après avoir déjà traversé l'Europe d'une extrémité à une autre, à présent à Istanbul aux portes de l'Anatolie et du Caucase, il est tentant sur le papier ou plutôt sur la carte, de continuer à marcher vers l'est et d'aller plus loin dans l'éloignement, dans cette expérience approfondie de la marche et de la solitude, dans un dépaysement avec un goût pour la découverte et la recontre à pieds.

Lorsque je marchais encore récemment dans les montagnes bulgares en hiver, bien dans ce quotidien changeant et souhaitant approfondir tous ses aspects, je me voyais continuer encore et encore, même si traverser la Turquie jusqu'en Géorgie représente objectivement un sacré morceau. Je voyais ensuite l'arrivée à Istanbul se rapprocher trop vite. Pourtant, pendant la même période en marchant dans la monotonie de la Thrace, je sentais s'installer une certaine lassitude de la solitude. En plus de cette solitude plus pesante et moins bénéfique, je ressens un manque en termes de relations. J'ai globalement une bonne relation avec moi-même. Les rencontres éphémères de toutes sortes sur la route comptent, elles sont importantes et répondent aussi à un besoin d'interactions humaines. Sans les minimiser, je suis en manque d'un autre type de relations et d'interactions absentes dans l'itinerance solitaire. Les relations avec des proches évidemment, mais plus largement des relations où l'on découvre l'autre et soi-même sur la durée, avec l'expérience, au long court, comme la marche finalement. À présent je souhaite me diriger vers ce type d'expérience et d'enrichissement.

J'ai donc laissé decanter tout ça sans trop y penser pendant mon séjour à Istanbul, et c'est assez naturellement que, comme je le préssentais en arrivant, j'ai décider d'entamer un retour progressif vers la France. Un retour plus rapide, mais toujours sans transports motorisés. Je change les règles et ajoute un second mode de déplacement : la voile. Sans aucune expérience dans ce domaine, en m'y projetant sans toutefois en avoir les moyens, j'ai soudain très envie de naviguer et de découvrir cet univers. Je vais donc tenter la conavigation, ou bateau-stop, dans l'objectif de me diriger vers la France à travers la méditerranée, ses terres et ses îles, en alternant marche et navigation. Je traverserai donc peut-être les Cyclades, la Grèce, le sud de le l'Italie, la Sardaigne ou encore la Corse, selon mes envies mais surtout selon les opportunités. J'ai pu échanger longuement au téléphone avec un navigateur expérimenté à qui j'ai pu poser un tas de questions de néophyte et écouter ses conseils. Cet échange m'a bien motivé à faire des sauts de puce sur la méditerranée et découvrir plusieurs bateaux et styles de navigation, et bien sûr leurs capitaines. Je deviens donc à présent bien plus flexible sur l'itinéraire et même le cadre du voyage. Je m'apprête ainsi à amorcer à la fois la suite de ma longue marche en Europe, découvrir je l'espère le monde de la navigation, et réaliser peut-être un autre depart et un autre voyage dans le voyage.


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