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Traversée en autonomie du Hardangervidda en snowkite avec pulka

(réalisé)
Traversée en autonomie du Hardangervidda en snowkite avec pulka 
kite ski
Quand : 25/03/18
Durée : 5 jours
Distance globale : 129km
Dénivelées : +1961m / -1733m
Alti min/max : 994m/1399m
Carnet publié par rabouin21 le 17 avr. 2018
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Le topo (mise à jour : 23 août 2020)

Description :

La vidéo du trip :
https://www.dailymotion.com/video/x6hv0im

Télécharger les traces et les points de ce carnet GPX , KML

Le compte-rendu (mise à jour : 23 août 2020)

Voici le Compte Rendu vidéo :

https://www.dailymotion.com/video/x6hv0im


Et pour ceux qui aiment la lecture, le récit détaillé avec photos :

Résumé :
Nous avons effectué la traversée en cinq jours et parcourus 133 km en totalité dont 62 km en kite (environ la moitié) et 71 km en rando.



Le vent a été globalement assez faible et nous n’avons utilisé que les grandes ailes.
Voici la part de rando en rouge et la part de snowkite en bleu :


Il a fait très beau durant tout le séjour mais assez froid, -10°C la journée et -24°C la nuit.


Dimanche 25 mars 2018 :
C’est le grand jour, nous partons à 4h du matin de Dijon, direction l’aéroport de Genève, en ayant évité le piège lié au changement d’heure cette nuit-là.
Une petite tempête de neige nous ralentit entre Les Rousses et le Col de la Faucille.
Pose du van au parking longue durée pour commencer le parcours du combattant car malgré le système de roulettes, la charge à tirer sollicite les bras et nous accueillons nos premières suées sans grand plaisir.
Une file d’attente nous attend à l’enregistrement, elle serpente en suivant les lignes de délimitation et il paraît bien difficile de suivre ce parcours avec des pulkas.
Nous les laissons dans un coin et prenons la file avec nos sacs à dos seulement.
Deux minutes plus tard le haut-parleur nous somme de les récupérer, plan Vigipirate oblige.
Nous les glisserons finalement en dessous du fil de séparation après chaque virage pour ne pas avoir à faire la totalité du parcours avec.
Le vol n’est qu’une formalité et nous débarquons à l’aéroport d’Oslo vers 14h20.



Nous squattons vers des prises de courant toute la journée en attendant de prendre un train dans la soirée pour rejoindre la gare centrale d’Oslo et transiter à pied jusqu’au terminal d’où partent les bus.



Je me rends à une station-service pour faire le plein de sans plomb 95 pour les réchauds, j’espère également y trouver des bouteilles de gaz, comme l’année dernière, pour pouvoir cuisiner sans danger dans l’abside en cas de mauvais temps.
Pas de chance ils n’en ont pas. Je retourne à l’aéroport rejoindre Morgan avec mes bidons de deux litres d’essence et repars à une autre station bien plus loin tenter ma chance qui restera vaine également.
Notre bus arrive peu avant 23 h, nous déposons les pulkas dans la trappe et réglons un supplément de vingt euros chacun pour ces bagages spéciaux.



Nous tentons de dormir un peu pendant le parcours, j’ai mis un réveil, l’arrivée est prévue à 4h10 à Haukeliseter.
Lundi 26 mars 2018 :
Nous sommes les seuls passagers à descendre à cet arrêt, le hytta est fermé, tout le monde dort.
Nous nous préparons dans la nuit et partons, éclairés par le halo de nos lampes frontales sur un lac couvert de neige durci par le froid qui facilite la glisse des pulkas.



Nous avons opté pour faire un détour de quelques kilomètres qui nous permettra de nous hisser sur le plateau avec des montées moins raides que la trace “classique” qui n’est pas appropriée aux pulkas car elle s’élève droit dans la pente.
La journée s’annonce physique avec un dénivelé positif de 400 mètres, réparti sur une immense grimpette à franchir après nos trois premiers kilomètres de chauffe sur le plat et un portage pour traverser la route principale qui relie Oslo à Bergen.
Je souhaite filmer notre évolution face au lever du jour, malheureusement ma caméra s’est allumée pendant le voyage et la batterie est à plat.
Morgan a paré cette éventualité en ne mettant pas de batterie dans sa caméra pour le voyage. De plus il s’est fabriqué une pochette en polaire qu’il garde près du corps pour maintenir ses piles et batteries au chaud pendant toute l’aventure.
Nous arrivons au bout de notre longue montée avec contentement, mais en ayant déjà bien puisé dans nos ressources déjà limitées par les deux courtes nuits précédentes.



De plus, Morgan part dès le premier jour avec une toux assez forte, il a pris froid lors d’un trail d’entrainement avant départ et crache ses poumons de temps en temps.
Nous basculons sur une longue descente et peaufinons notre technique dans la pente façon télémark.
La pulka pousse fort par moments mais les peaux qui équipent nos skis larges nous freinent en contrepartie, nous arrivons donc tout en bas dans le fond de vallée sans aucune chute.
Deux chalets isolés le long du tracé sont l’occasion de faire une pause-café, nous reprenons des forces avec les barres énergétiques fournies par notre sponsor " Félin21 (Pierre) " qui nous a également approvisionnés en rations lyophilisées pour le petit déjeuner et le repas du soir.



Nous repartons pour de longs kilomètres sur du plat et rencontrons une station météo dont l’anémomètre ne tourne pas d’une hélice malgré les prévisions qui annoncent un vent forcissant plus tard dans l’après-midi.



Au bout de 22 km de rando, alors que nous hésitons à poser le bivouac, un souffle marqué se fait sentir, nous continuons l’ascension de la rampe dans laquelle nous évoluons pour confirmer notre impression, cette légère brise va peut-être nous permettre de grappiller du terrain en kite.



Nous partons pleins d’espoir en speed 3 12 m mais le vent faiblit après à peine deux kilomètres parcourus, nous réussissons tout de même à en ajouter presque quatre de plus grâce à un profil descendant pour finalement poser notre campement à l’abri des regards à faible distance de Hellevassbu.
Il est 15h lorsque nous quittons la tente fraichement montée pour découvrir le petit refuge qui paraît surpeuplé au vu du nombre de skis posés en façade.
Le tenancier sort à notre rencontre pour nous confirmer qu’il n’y a quasi plus de places à l’intérieur et rien à vendre.
Notre rêve de bière fraiche s’évanouit, nous rentrons au campement assommés de fatigue et nous endormons emmitouflés dans les duvets vers 16 h.



Lorsque je me réveille, il est déjà 19 h. La sieste fut bonne mais je me mets en action rapidement pour faire chauffer de l’eau pour le repas, un paquet de chips est ouvert pour l’occasion.
Je laisse des questions en suspens pour le lendemain, doit-on continuer par les routes tracées ou suivre le parcours hors-piste que nous avons tracé en espérant ne pas rencontrer trop de difficultés, surtout la rampe au niveau d’Hansbu, sera-t-elle sans risque d’avalanche et faisable avec une pulka chargée ?
Nous bouquinons une courte demi-heure après le repas et sombrons rapidement vers 21 h
Mardi 27 mars 2018 :
Nous émergeons du duvet à 7h du matin après une longue nuit réparatrice.
Je sors effectuer une sombre besogne matinale à proximité du camp puis en profite pour lancer les tournées de neige à faire fondre pour remplir nos Thermos de thé bouillant à la menthe.
Il a neigé un peu pendant la nuit, le temps est mitigé avec une visibilité réduite et un froid incisif, mais la météo prévoit un dégagement total à venir.



Comme prévu, nous remballons la tente en la gardant quasiment montée si ce n’est quelques sections d’arceaux repliées et roulons l’ensemble qui viendra, une fois introduit dans le sac fait maison prévu à cet effet par Morgan, se positionner sur le dessus de sa pulka.
Ce système nous fera gagner beaucoup de temps au montage et démontage du camp, mais également limitera la manipulation des arceaux qui peuvent être fragilisés par le froid.
C’est décidé, nous partons hors itinéraire en suivant un de nos tracés gpx de détour en direction d’Hansbu, qui pourrait être notre point de bivouac.



Je longe un grand lac avec toujours une appréhension de me faire engloutir si la glace venait à céder, tout en étant conscient qu’avec les températures très basses de ces derniers temps il ne doit pas y avoir matière à s’inquiéter.
Morgan me relaie à l’approche d’un goulet très étroit surplombé d’énormes corniches de glace et de neige, je laisse une bonne distance de marge au cas où, d’autant plus qu’il serpente le long de la falaise avec de courts passages très pentus.



Effectivement, deux passages sont redoutables et je vois Morgan, cabré comme un diable à la limite de l’adhérence de ses peaux, batailler pour gagner le mètre salvateur.



Arrivés en haut du goulet infernal, nous évoluons dans un spot magnifique composé d’un grand lac vallonné sur ses contours.



Le soleil est définitivement installé et alors que nous traçons dans la neige fraiche, le vent se lève à environ 12 nœuds.
Nous montons les grandes ailes et partons avec les stabilisateurs de pulka écartés dans des paysages grandioses tout en jetant un œil au GPS de temps en temps.


Le vent faiblit en bas d’une descente magique et il ne reste à peine que huit nœuds pour monter dans le vallon en face.
Morgan arrive à monter sa pulka jusqu’au-dessus pendant que je bataille avec mon aile qui est définitivement moins puissante dans le petit vent.
Je plie l’ensemble et commence à monter en rando lorsque Morgan redescend prendre ma pulka pour la tirer jusqu’en haut.
Nous basculons dans une grande pente qui mène à mes fameuses interrogations, Morgan en kite et moi en rando.



Il apparaît que les 200 mètres de dénivelé positif à grimper sont largement faisables par un itinéraire transversal naturel qui ne pose aucun problème particulier.
Morgan envoie du loop et monte sa pulka en bataillant sur plusieurs bords jusqu’en haut puis vient chercher la mienne alors que je monte mon aile pour tenter de grimper à vide.



Petite déconvenue pour le Capitaine en arrivant au-dessus, ma pulka s’est retournée car j’avais rangé les stabilisateurs, et, au moment de la décrocher en tirant sur la ficelle, cette dernière a lâché.
Il est arrivé non sans mal à se désolidariser de la pulka en pinçant le crochet de tangon entre le pouce et l’index lorsque j’arrive enfin au-dessus.
Je reprends ma pulka après une réparation rapide du système et nous partons dans un petit vent régulier au milieu d’une immensité blanche surplombant un gigantesque lac.



Nous décidons de rejoindre Sandhaug qui est en plein dans la descente du vent qui faiblit fortement sur le lac.
Nous gagnons mètre par mètre tout en loop jusqu’au grand gite perdu dans ce désert gelé et trouvons d’un seul coup un vent de 14 nœuds à notre arrivée.
Grosse satisfaction d’avoir parcouru 46 km dans la journée dont une dizaine en rando, nous venons de doubler l’étape et surtout de vivre un grand moment de kite hors du temps, hors du monde…
Nous montons le camp pendant le soleil couchant et allons découvrir ce gite qui de par son ampleur promet une bonne bière fraiche.



C’est effectivement le cas, nous en boirons deux et achèterons une grande bouteille de gaz avant de regagner notre campement par -19°C.



Mercredi 28 mars 2018 :
Il fait très froid ce mercredi matin et sortir du duvet est une véritable épreuve.



J’ai bien dormi malgré la découverte d’une crevaison lente de mon matelas isolé qui m’a fait toucher le sol et valoir plusieurs réveils au plus froid de la nuit, environ -24°C.
Morgan quant à lui a eu un peu froid, il tousse de plus en plus et commence à se moucher abondamment.
Je switch mon réchaud Msr à essence en mode gaz afin de pouvoir cuisiner à même la tente en se penchant dans le trou de l’abside, luxe suprême de ne plus se geler au vent qui souffle particulièrement fort ce matin, ce qui nous réjouit.
Nous avions prévu des petites lingettes pour faire notre toilette, malheureusement elles ont gelé, comme tout le reste d’ailleurs et Morgan qui est de popote ce matin me les décongèle façon crêpes bretonnes sur le couvercle raisonnablement chaud.



Le vent soufflant régulièrement sans faiblir, nous optons pour prendre une petite heure de démêlage de ligne de kite ce matin car les avants sont vrillés par tous les loops d’ailes de la veille.
Nous quittons Sandhaug en snowkite dans un vent de 13 nœuds et fonçons à vive allure en direction d’un immense plateau blanc à perte de vue.



C’est pour cet instant précisément que nous sommes venus, la sensation d’isolement et de liberté est à son paroxysme.
Nos pulkas encaissent tous les chocs sans broncher ni retournement grâce au système de stabilisateurs façon trimaran que nous avons développé.



Au bout de huit kilomètres le vent faiblit fortement, nous bataillons sur un bon kilomètre pour retrouver un souffle qui s’éteindra définitivement quelques centaines de mètres plus loin en plein milieu de cet océan enneigé.



Nous replions les ailes et partons en rando pendant deux heures sur environ sept kilomètres jusqu’à Stigstu pour y faire une pause.



La vue est ahurissante et nous devinons presque le parcours réalisé depuis Haukelisetter, à travers les vallons puis sur ce gigantesque plateau.
Le vent a repris des tours à l’approche du gite et nous permet d’en repartir en kite, c’est d’autant plus satisfaisant qu’une longue montée nous attendait.




Comme précédemment, nous faisons neuf kilomètres jusqu’à ce que les ailes ne daignent plus nous porter.
Le vent est vraiment localisé mais par chance il nous emmène droit sur nos objectifs.
Nous équipons à nouveau les skis avec les peaux de phoque et je m’aperçois qu’un de mes tubes de stabilisateur a pris un choc, une petite pliure l’empêche de rentrer dans le tube alu de section supérieure.
Ce n’est pas bien grave, en forçant je casse le tube, je peux ranger à nouveau le stabilisateur le long de la pulka en mode rando et pourrai continuer à l’utiliser en kite, mais dans une position un peu moins écartée.
Nous continuons donc durant deux heures trente en rando pour franchir les huit kilomètres qui nous séparent de Halne, un grand gite privé bordant la route des spots qui passe par Haugastol et rejoint Dyranut.
En approchant, je reconnais les lieux grâce à la grande antenne qui surplombe la montagne faisant office de séparation naturelle avec Kriekkja de l’autre côté.
C’est la limite à laquelle nous nous étions aventurés avec Tom et Wiwi l’année précédente, c’est aussi ce jour-là qu’en voyant l’immensité du plateau je m’étais promis de revenir le traverser.
La fatigue se fait sentir la dernière heure, surtout pour Morgan dont l’état commence à se dégrader insidieusement, il crache ses poumons qui le brulent dans les montées et lui réduisent son quota d’air inspiré pour franchir les difficultés.
Nous posons le campement en contrebas de la route avec l’ouverture principale face au soleil couchant.


Grâce aux kites nous venons à nouveau de doubler une étape bien que nous ayons randonné de longues heures malgré tout à une vitesse de croisière d’environ 3,5 km/h.


La bière qui nous attend est un pur bonheur, nous profitons des toilettes pour remplir nos Thermos d’eau chaude et ainsi faire bouillir l’eau beaucoup plus rapidement qu’en faisant fondre de la neige.
La nuit s’annonce froide, les patrons du gite ont enregistré des températures en dessous de moins trente la veille.
Jeudi 29 mars 2018 :
J’ai assez mal dormi, à nouveau réveillé par le froid et quelques douleurs au dos à cause du matelas a moitié dégonflé dans la nuit.
J’ai entendu Morgan ronfler du sommeil du bronchiteux toute la nuit, mais il apparaît qu’il a bien dormi malgré cela, sans souffrir des -24°C que ma montre a enregistrés cette nuit-là.



Pour la peine il est de corvée de petit déjeuner, malheureusement lorsqu’il retire le flexible de la pompe en plastique, celle-ci casse dans ses mains à cause du froid.
Cette mésaventure nous servira de leçon, un petit coup de souffle chaud pour dégeler l’ensemble évitera à notre seconde pompe le même sort.
J’en profite pour faire un point sur le matos électronique et il s’avère que la résistance au froid de nos appareils est assez exceptionnelle.
Je change pour la première fois les deux piles AAA 2800 mAh rechargeables du GPS Garmin Etrex 30X qui nous sert à la navigation et à l’enregistrement des traces.
Quant au smartphone Blackview BV6000, il n’a perdu que 10% de batterie chaque jour en mode avion avec une utilisation exclusive de l’appareil photo et du logiciel Alpinequest, véritable merveille cartographique qui utilise les cartes IGN hors ligne réalisée sur PC avant le départ avec le logiciel Mobac.
Nous replions le campement rapidement avec l’habitude, et la tente est rapidement pliée selon la technique que Morgan avait prévue, un gain de temps appréciable et sûrement plus en cas de tempête.


Nous décollons à 10h40 dans une grande montée, en suivant le sentier devenu très large sur ce parcours qui est beaucoup plus fréquenté des skieurs.



Il y a également quelques traces de motoneiges partant dans diverses directions car ces dernières assurent le ravitaillement de quelques cabanes privées, ou vont chercher des clients directement à la sortie de la gare de Finse.
Nous réalisons notre première pause après la grande descente menant à Kriekkja.



Je connais désormais le parcours restant pour l’avoir fait deux fois en kite l’année dernière et je fais office de guide en montrant par exemple la corniche où nous avions dormi dans un trou à neige creusé par les scouts Norvégiens.
Morgan est bien affaibli par sa bronchite qui commence à se transformer en sinusite, il a les poumons qui le brulent et quelques bouffées de chaleur qui pourraient être liées à de la fièvre.
Je le laisse passer en tête, nous avançons à faible allure qui est sans doute un bon rythme pour son état.



Lorsque je rêvasse, ce qui m’arrive assez régulièrement sans m’en rendre compte, j’allonge ma cadence et viens parfois taper mes skis dans sa pulka.
Cette étape comporte malheureusement pour mon binôme beaucoup de dénivelé et après avoir parcouru quinze kilomètres, nous choisissons un lieu de bivouac sur le GPS.



Un lac à environ deux kilomètres de montée fera parfaitement l’affaire.
L’itinéraire est assez fréquenté et nous croisons beaucoup de monde, en solo, en groupe, presque sans équipement ou chargés de sac à dos immenses, avec pulka et même tirés par des chiens.



Je pars en tête et avance à bonne allure. Sans m’en rendre compte, j’ai mis une cadence assez rapide, j’attaque fort la dernière montée et Morgan me suis tant qu’il peut à une centaine de mètres derrière moi.
Arrivé en haut, je parle avec des kiteux norvégiens qui partent dans l’autre sens, ils ont opté pour coupler leurs pulkas en parallèle afin d’éviter les retournements, je leur montre notre système de stabilisateur qu’ils trouvent ingénieux.
Lorsque le Capitaine arrive à notre hauteur, nous repartons et je repère un endroit sympa à deux cents mètres un peu plus bas sur le lac pour bivouaquer.
J’entends Morgan s’impatienter derrière moi et me demander jusqu’où je compte aller, je me retourne et m’aperçois qu’il a le visage tout rouge, à la limite de l’asphyxie, l’effort a dû être très intense avec sa difficulté à respirer et la douleur aux bronches.
Nous montons le camp, il est environ 15h et nous avons parcouru un peu plus de seize kilomètres toujours par grand froid mais super temps.



À peine installé dans son duvet, Morgan s’endort instantanément. II est allé puiser dans ses dernières forces et j’entends sa respiration voilée accompagnée de gémissements réguliers qui cesseront après les deux premières heures de sieste.
Pendant ce temps-là, je reste dehors face au soleil, à préparer les Thermos d’eau bouillante pour le repas du soir.


Des norvégiens passent sur la piste et me font des signes auxquels je réponds. Un skieur prend même notre campement en photo ce qui me surprend.
Je réveille Morgan vers 19h pour le forcer à manger un lyophilisé alors qu’il n’a pas faim du tout, il l’engloutit en cinq minutes et se rendort instantanément.
Je regarde un film que j’avais enregistré dans le smartphone puis m’endors à mon tour bien au fond de mon duvet.
Le froid me réveille dans la nuit. Coup d’œil à ma montre, il est presque cinq heures et il fait -24°C.
J’ai envie d’uriner et il est hors de question que je sorte de mon duvet au risque de perdre toute la chaleur qu’il contient.
J’ouvre la fermeture du duvet raisonnablement, réalise une vrille pour me retrouver à quatre pattes et urine dans ma bouteille Nagel.
Je me rendors avec cette nouvelle source de chaleur collée contre mes reins.
Cette Nagel sera désormais sous haute surveillance de mon comparse pour qu’elle ne soit plus utilisée comme contenant d’eau commune alors qu’après un rinçage intensif, je continuerai à l’utiliser pour m’hydrater personnellement.
Le froid me réveille à nouveau une heure plus tard, rien d’anormal, j’ai le bassin et les fesses qui touchent mon tapis de sol en mousse.
Je regonfle mon matelas gonflable non sans mal, ce qui réveille d’un coup Morgan. Au moins il est vivant, cela fait presque treize heures qu’il a sombré dans un sommeil réparateur.
Vendredi 30 mars 2018 :
Nous émergeons des duvets vers 8h30, le temps est splendide comme les jours précédents mais sans un brin de vent.
Nous partons tranquillement dans une dernière montée en sachant qu’une fois au-dessus, il ne nous restera que de la descente et un peu de plat sur dix kilomètres.
Lorsque nous basculons de l’autre côté, nous pouvons voir l’itinéraire descendant jusqu’à Finse au loin, ce qui fait dire à Morgan que nous aurions pu boucler la traversée en quatre jours s’il n’avait pas été malade, ce qui est fort probable.



Nous arrivons au gite vers quatorze heures et fêtons la fin de notre traversée avec une douche suivie d’une bonne bière brassée sur place dans les caveaux souterrains.
Nous montons notre camp de base derrière un gros rocher pour plus de discrétion, à environ trois cents mètres du gite en direction du glacier.


Un mur de neige circulaire finira de camoufler la tente qui va se fondre dans le paysage malgré sa couleur rouge.


Désormais, nous dormirons et mangerons dans la tente jusqu’à la fin du séjour mais nous pourrons profiter du luxe que Finsehytta va nous apporter, tel que la douche chaude, un accès Wi-Fi, des prises électriques, des bières, des chips et surtout de l’eau chaude dans nos Thermos.
Les jours suivants :
Nous randonnerons samedi et dimanche jusqu’au sommet du glacier du Hardangerjukollen pour y chercher un brin d’air mais ces tentatives resteront vaines.


Cette randonnée représente environ huit kilomètres de montée avec 600 m de dénivelé positif et un peu de ski de descente au retour, sur une neige gelée ne comportant que peu de passages sympas en poudreuse.



Le lundi nous avons décidé que ce serait notre premier jour de repos, nous bullons dans nos duvets chacun devant un film alors que les rayons du soleil réchauffent l’intérieur de la tente.
J’effectue une réparation sur mes écouteurs avec mon couteau et du scotch.



Je les avais littéralement explosés dans la nuit en remuant dans mon duvet alors qu’ils étaient encore accrochés à mon smartphone.
Vers 14h nous sentons un peu d’air dehors et décidons tardivement de monter malgré tout au glacier.
Cette tentative sera payante, nous ferons une petite session au-dessus, dans une ambiance lunaire à cause du brouillard limitant parfois la visibilité.



Ils annoncent de la neige et du vent le lendemain ainsi que le mercredi, jour de notre départ.
Ce sera notre dernière nuit en tente, nous avons bien mérité une nuit au chaud en dortoir avant notre départ, d’autant que je suis moi aussi tombé malade, ce n’est pas la grande forme pour notre team.
Une couche de neige fraiche est tombée durant la nuit, et nous kitons dans 40 cm de poudre ce mardi matin. En contrepartie, nous avons les cuisses explosées en peu de temps.
Nous jetons l’éponge après plus d’une heure de kite à cause du manque de visibilité, ainsi que la fatigue et le vent très rafaleux qui n’arrange rien.


Le lendemain nous referons une session identique avec une meilleure visibilité dans un vent plus faible.



C’est l’heure du retour en France, nous repartons en train direction Oslo avec plein de paysages enneigés dans la tête, et ravis de cette expérience qui n’est sans doute que le début d’autres aventures.
Merci à tous pour vos encouragements, au Bien Public, à félin 21 pour les lyophilisés, à Vince pour l’échange de pulka suite à la casse de la mienne dans le Jura Vaudois et à tous les copains de KiteDor info.
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