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Du Léman au Cap Nord: 5'800 km en kayak de mer

(en cours)
Et si l'on reprenait la route. Une route différente avec pour seule ligne blanche l'écume et la neige ? Et si l'on reprenait la route non pas que pour nous, mais pour une raison plus grande transcendant le simple fait de voyager ? 5'800km en kayak de mer pour rejoindre le cap Nord dont 600km de marche, en hiver, en tractant nos bateaux à travers la mythique Laponie. Cap Kayak est la réponse à nos envies, nos besoins, une nouvelle aventure en faveur des enfants atteints d'un cancer.

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kayak de mer / randonnée/trek
Quand : 12/03/22
Durée : 880 jours
Distance globale : 4630km
Dénivelées : +754m / -1126m
Alti min/max : 0m/887m
Carnet publié par Chasseurs d horizon le 27 oct. 2023
modifié le 05 nov. 2023
Mobilité douce
du pas de la porte au pas de la porte
Précisions : ou presque. Partis de la maison avec nos kayaks et baskets, nous avons laissé toutes les portes ouvertes pour le trajet du retour... Mais où débute le retour quand un voyage n'a pas de fin ?
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Vue d'ensemble

Le topo : Préparations, la route des possibles. (mise à jour : 05 nov. 2023)

Description :

Après plus de 45'000 km d'itinérance à vélo, l'envie de reprendre la route se fait sentir. Découvertes, rencontres et apprentissages nous appellent comme le feraient des sirènes enchanteresses. Alors oui, allons les rencontrer ces ensorceleuses et quoi de plus logique pour ce faire que prendre la mer. Armés de notre inexpérience renouvelée, nous nous lançons dans ce voyage au long cours... mais par où commencer ?

Milieu traversé :

Environnement : [lac] Biotope : [neige]

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Le compte-rendu : Préparations, la route des possibles. (mise à jour : 05 nov. 2023)


PREMIER PAS - 14.10.2021

Choisir son kayak. Voilà une démarche qui peut sembler simple à première vue, mais qui, une fois la porte de l’univers des kayaks de mer entrebâillée, se révèle être quelque peu complexe. Après des heures de recherche chez des fournisseurs internationaux, de comparaison entre les nombreux modèles de bateaux, d’élaboration de tableaux Excel aux colonnes infinies, nous y perdons notre latin. Soit. Internet ne peut répondre à toutes nos interrogations. Nous nous tournons donc vers des personnes d'expériences. De fil en aiguille nous sommes mis en contact avec le « spécialiste technique » du Kayak Club Chablais, qui nous invite à rejoindre l’équipe des amoureux de ce sport. Voilà l’occasion d’alimenter nos réflexions grâce à leurs conseils, mais aussi d’expérimenter du matériel, de faire des rencontres et tisser les premiers fils d’un nouveau réseau. Le lac de Joux et sa fine pellicule de glace sera le terrain de jeux de notre première sortie, un jour de février 2021. Et alors que le sable du Sahara vient colorer cette atmosphère hivernale, nous nous projetons dans ce qui sera un jour notre quotidien. #Aline

Voilà l’occasion d’alimenter nos réflexions grâce à leurs conseils, mais aussi d’expérimenter du matériel...
Voilà l’occasion d’alimenter nos réflexions grâce à leurs conseils, mais aussi d’expérimenter du matériel...

LE BAPTÊME - 27.10.2021

Après la naissance, le baptême. Tout a commencé en Bretagne à Bains-sur-Oust plus exactement. « Eir Aurora » le kayak d’Aline et « Le crapaud fou » un magnifique bi-places, tous deux construits et offerts par le chantier naval Plasmor, nous attendent sur leurs tréteaux. Blancs immaculés, dans un atelier qui n’en n’est pas à son premier bateau, ils sont là devant nous. Avec une simplicité déconcertante, Thomas, le patron du chantier, nous cède ses œuvres en nous glissant au passage que notre projet lui plaît et que cela lui fait plaisir de nous aider dans notre aventure. Des contreparties ? « Faut voir avec ma femme, nous répond-il, c’est elle qui est au bureau… Des photos de votre expédition me ferait plaisir, ça oui ! »

Nous voilà donc là, à Vevey, devant nos montures marines. Longs de 5 et 6 mètres, ils en seraient presque intimidants. J’y vois une certaine fragilité, bien loin de mon carde acier d’antan, mais je sais que c’est mon ignorance qui me pousse à cette croyance. Demain nous serons sur la mer et cette apparente fragilité sera le rempart qui nous séparera des fonds marins. Si nos kayaks sont prêts à l’emploi, il nous reste tout de même quelques réglages personnels à effectuer. Munis de gouvernail, il nous faut définir l’emplacement des cales-pieds et y relier les cordelettes qui actionneront ce dernier. Le réglage demande de la finesse et c’est de manière empirique que nous arrivons à un résultat satisfaisant. Nos bateaux, des Bélougas Pélikans, sont des kayaks de mer conçus pour des expéditions au long cours. Plus larges qu’un kayak « sportif », ils offrent une meilleure stabilité et une capacité de portage accrue (320 kg pour Le crapaud fou). Si c’est sans nul doute un avantage pour notre voyage, cela va par contre nous obliger à ajouter des cales en mousse à l’intérieur de la coque pour que, via nos genoux, nous puissions faire corps avec elle. L’avantage ? Premièrement, permettre à nos jambes d’être positionnées de manière plus ergonomique, mais pas seulement. La stabilité de l’embarcation sera augmentée par le fait que les mouvements du haut de notre corps se répercuteront sur l’ensemble de l’embarcation ; de plus, la poussée sera amplifiée par l’intégration des muscles du bas du corps dans le mouvement de pagayage.

9h30, nous voilà à même l’eau non pas bénite mais sacrée pour les habitants de la Riviera : le Léman. Les conditions sont idéales. Le lac est plat et le soleil automnal brise la fraîcheur matinale. Equipés de pagaies groenlandaises offertes par l’entreprise estonienne East Pole Paddles, nous donnons nos premiers coups de rames. La première impression est positive. Je suis surpris par l’incroyable stabilité qu’offrent nos coques. Bien qu’encore haut sur l’eau, navigant sans bagage, il me semble impossible d’imaginer que ces kayaks puissent se retourner un jour. Mais qu’en sera-t-il ? La glisse est également bonne, tout comme la maniabilité apportée par nos gouvernails. Aujourd’hui, nous ne passerons que quarante minutes sur l’eau, mais déjà une to do liste est mentalement rédigée. Il faudra aussi se pencher sur la question de la fixation de notre panneau solaire… mais une chose à la fois et profitons de cet incroyable moment. Nous avons nos kayaks et ils nous ont été offerts. Une somme de travail considérable nous a amenés là et cette question récurrente qui résonne en moi. Est-ce que l’on en fait trop ou pas assez ? #Olivier


URGENCE EN MER - 15.02.2022

Partir de la côte pour la rejoindre quelques heures plus tard ; en jargon marin effectuer du cabotage. Cette manière de voyager qui deviendra le quotidien de nos 18 prochains mois comporte-t-elle des risques et nécessite-t-elle du matériel dédié aux appels d'urgence ?

Fort d'une solide expérience de voyage sur terre, mon ego a fortement influencé ma première position face à ce questionnement. Sentiments et non-réflexion que j'étayais par des arguments tels que le prix exorbitant de ce type d'appareils et la nécessité d'avoir un abonnement onéreux qui jure avec notre philosophie de voyage. De plus, comme tout appareil électrique, il faudrait un suivi régulier des batteries, réalité peu adaptée à notre mode de vie. J'avais là toutes les bonnes raisons de m'en détourner et de convaincre mon entourage de l'inutilité d'un tel produit. Mais voilà, la découverte progressive de notre futur lieu de vie, la mer et ses côtes, m'a fait comprendre que la connaissance de cet environnement conjugué à une bonne dose de prudence parfois pouvait se révéler insuffisant si l'on souhaite pouvoir encore contempler quelques couchers de soleil supplémentaires. En mer les dangers sont multiples. Et comme pour un iceberg, grande est la partie qui se cache aux yeux du néophyte. Si l'humain disparaît de la liste des dangers potentiels - tout du moins dans les eaux du nord où la piraterie n'est plus au goût du jour – la mer, elle, noircit cette liste comme une seiche apeurée. Mais quels sont ces dangers ?

Pour réduire les risques, il faut commencer par identifier les dangers. Et c'est là que cela se complique. Comme en montagne, le danger est bien souvent multifactoriel et l'élément risque isolé est en soi généralement maîtrisable. Prenons un exemple simple. Un bateau par beau temps n'est pas un danger pour un kayakiste. Mais si un épais brouillard s'installe, alors les bateaux deviennent de potentielles torpilles à kayak. La préparation et l'anticipation des futures avaries est une manière de se prémunir et, dans les situations graves, de s'offrir plus de temps pour retourner à une situation normale. La façon de charger son kayak, de manière équilibrée et avec un pont libre de tout objet, diminue la prise au vent et facilite la réintégration de son hiloire dans l'éventualité où l'on chavire. Le port d'habits appropriés, comme une combinaison étanche et un gilet de flottaison 50 Newton, offre quant à lui plus de temps d'action avant l'hypothermie.

La Nature, qui est l'une des raisons qui nous poussent à repartir, peut également devenir la cause de notre non-retour. La comprendre et posséder des informations la concernant (bulletins météorologiques, cartes des marées...) est nécessaire pour non pas la maîtriser, mais y évoluer de manière plus sécurisée. L'Homme et de surcroît le kayakiste est bien peu de chose face aux éléments marins. 3 miles marins par heure (5 km/h) est la vitesse moyenne d'un kayakiste en randonnée. Il est évident que vents et courants contraires réduisent rapidement nos chevaucheurs d'écume au rang de coquille de noix.

La situation se résume en une phrase. Se préparer à une telle expédition diminue les risques, mais ne les écarte pas. La réflexion relative à nos besoins en termes de sécurité est donc ouverte. Il nous faut bel et bien une balise d'urgence et elle devra performer sur trois plans.

Sécurité : la balise doit pouvoir émettre un signal d'urgence en continu, notre localisation pouvant évoluer au fil du sauvetage (courants marins).
Prix : la balise doit fonctionner sans abonnement, notre budget étant celui que vous nous connaissez.
Propriété : la balise doit tenir dans une poche de notre gilet de flottaison. Elle doit être maniable dans l'eau et la batterie doit avoir une autonomie longue durée, même si elle est exposée au froid.

La solution nous sera offerte gracieusement par notre partenaire Marine-electronique Sàrl établi à Morges. Une société experte dans la matière qui a comme clients, entre autres, Mike Horn et la freerideuse Géraldine Fasnacht. La solution réside dans deux petits boîtiers grands comme un Nokia 3210 de l'époque et qui portent le nom, on ne peut plus barbare, de ACR ResQLink 400. Le fonctionnement de cette balise est simple. Une fois l’antenne déployée et la balise activée manuellement, elle émet deux signaux radios en plus du signal lumineux produit par la lampe flache intégrée. Le signal GPS 406 MHz, réceptionné par le réseau international de satellites Cospas-Sarsat, informe la base où a été enregistré l’appareil. Dans notre cas, c'est la Rega qui réceptionne l'appel d'urgence. Cette société bien connue des Helvètes amateurs de montagne relaie l'appel auprès des services de secours responsables de la zone de l'incident. De plus, la Rega avertit la personne de contact que nous avons préenregistrée lors de notre inscription. Dans le cas d'un sauvetage en mer, les gardes-côtes du secteur concerné vont transmettre l'appel d'urgence à tout bateau navigant dans la zone de sauvetage. Ces derniers, quel que soit le type de bateau ou sa fonction, se doivent de répondre à l'appel, ceci conformément au droit maritime international. Le type d'embarcation, le nombre de personnes à secourir et la position sont transmises à l'ensemble des personnes participant aux recherches. Ces bateaux, gardes-côtes compris, utiliseront le deuxième signal de 121,5 MHz émis par nos balises. Fréquence adaptée à la communication en mer et utilisée par tout bateau immatriculé circulant sur les océans.

La question de la sécurité en mer ne se résume naturellement pas à une simple balise. Comportements adaptés à chaque situation, connaissances maritimes et météorologiques, matériel et démystification des fausses croyances sont la clé pour évoluer de manière pérenne sur les mers. L'approche des pôles ne rendant ces propos que plus véridiques. Sujet d’intérêt, nous y consacrerons un article plus complet dans la deuxième édition de notre magazine Le Vagabond. #Olivier

Les curieux que nous sommes avaient soif de nouvelles expériences.
Les curieux que nous sommes avaient soif de nouvelles expériences.

NAISSANCE D'UNE AVENTURE - 10.03.2022

Lors de notre dernier périple, après avoir pédalé sur quelques 45’000 kilomètres, nous nous sommes rendus à l’évidence que le voyage à vélo était devenu pour ainsi dire une routine. L’envie de renouer avec ce mélange d’appréhension et d’excitation caractéristique de l’inconnu, le besoin de retrouver l’émerveillement face à la nouveauté, nous ont portés à reconsidérer notre manière de voyager. Les curieux que nous sommes avaient soif de nouvelles expériences.

De retour en Suisse depuis décembre 2019 après différents voyages et expériences, malgré un contexte où élaborer des projets devenait compliqué en raison de la situation sanitaire mondiale, il nous a été difficile de confiner notre imagination, de bâillonner cette énergie qui une nouvelle fois nous poussait vers l’horizon.

L’idée de voyager en kayak de mer s’était depuis longtemps invitée à la table des folles idées dressées dans l’imaginaire d’Olivier. Prenant place parmi les nombreux projets fantasmés, alors que le projet de reprendre la route se concrétisait, le voyage en kayak s’est distingué car il pouvait alors s’accorder avec nos besoins de découverte, d’itinérance et d’une vie faite de simplicité.

L’itinéraire, comme à son accoutumée, s’est profilé au fil des rêveries et des discussions. Si le Nord s’est rapidement imposé à nous de par ses paysages, sa nature, ses peuples et sa faune, le point de départ a pris plus de temps à se définir. Et puis, une fois encore, partir de la maison, de celle qui a vu naître Olivier, qui nous a vus partir et revenir plus d’une fois, nous a semblé être un point d’ancrage solide pour reprendre le large. Nous aurions pu partir sans destination. Et dans l’absolu, il se peut bien que ce soit le cas. Si le Nord sera notre cap durant plus d’une année, nous savons que la mer est vaste et l’arbre des possibles infini.


Mais avant ça, il nous a fallu tout reprendre à zéro.

Nouvel environnement, nouvelles réalités météorologiques et climatiques, nouvel équipement, nouveaux apprentissages... Le vent n’a pas le même visage en mer que sur terre, les cartes topographiques deviennent marines, aux courbes de niveau usuelles s’ajoutent les indications des courants et le calendrier des marées, de nouvelles couleurs et symboles apparaissent sur les panneaux de signalisation. Certes nous apprivoiserons ce nouvel univers au fil du temps, mais il est un minimum qui ne peut être ignoré lors du choix de notre équipement et de la préparation d’un tel périple. Nous imaginions que choisir son kayak allait être aisé; nous découvrons qu’en réalité il en existe une diversité désarçonnante et qu’il nous faut des connaissances supplémentaires pour pouvoir effectuer notre choix. Et puis, au-delà de notre moyen de transport, il nous faut repenser notre habillement, le matériel logistique, notre production d’électricité, notre couchage... Avant d’avoir le mal de mer à force de brasser des informations digitales, nous nous orientons vers des personnes d’expérience. Kayakistes, navigateurs, ingénieurs ou passionnés, leurs partages esquissent les contours de notre futur et nous permettent d’affiner nos choix.

Et puis, la préparation, c’est aussi la période qui donne corps à un projet fait d’idées et d’envies. C’est le rendre palpable alors qu’il paraît encore si loin, lui offrir une place dans un quotidien si différent, jusqu’à ce qu’il nous submerge et nous emmène au large, un jour de mars 2022.

Il faut bien se lancer pour savoir si l'on est enfin prêt.
Il faut bien se lancer pour savoir si l'on est enfin prêt.
A chacun son kayak. Nous avons su apprécier les avantages d’avoir son propre vélo durant nos voyages précédents. Naviguer avec deux bateaux était alors une évidence. L’idée d’opter pour un biplace pour Olivier s’est quant à elle profilée au cours des réflexions. Une option imaginée dans un premier temps comme intéressante et qui se révèle être indispensable au regard du volume de notre équipement. L’hiloire du second passager pourra ainsi accueillir le matériel qui n’aurait su trouver sa place dans les caissons.

Certes le voyage au long cours ne se gagne pas à la loterie et n’est pas la résultante de ce concept que l’on appelle « chance ». Par contre, être en santé afin de pouvoir le réaliser ne tient pas qu’à une volonté propre. Cette fortune, nous l’avons. Du terreau que représente cette aventure, nous avions à cœur de faire émerger une dimension supplémentaire à celle de nos récits, de nos photographies, de nos souvenirs. Si nous y pensions depuis un certain temps déjà, l’idée de collaborer avec une association s’est inscrite avec naturel dans le script de ce voyage, incarnant auprès d’Olivier et de moi-même une signification complémentaire.

Pour Olivier, l’équation était simple. Il aime voyager. Il a la santé et la force physique de le faire. Il a à cœur de servir les causes qui sont en accord avec ses valeurs. Soutenir une association à travers le voyage n’était donc plus une question mais une évidence.

Pour ma part, s’il existe un nombre infini de causes nobles, il me fallait opter pour une qui me fasse vibrer. Qui me donne la force de donner les derniers coups de pagaie pour rejoindre la berge après une journée éprouvante. Qui m’aide à répondre à la question qui inévitablement s’invite un jour ou l’autre au menu du voyage : mais qu’est-ce que je fais ici ? L’action de Zoé4life répond à ces attentes. Est-ce parce que j’ai moi-même connu intimement le cancer ? Parce qu’un enfant malade dissone tant avec l’idée que je me fais de la justice ? Parce que la souffrance d’une famille déchire le voile qui sépare l’acceptable du révoltant ? Ou parce que le sourire et la joie d’un enfant ne devraient pas avoir de prix ? C’est un peu de tout cela, probablement; et bien plus encore, assurément. #Aline

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