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tour de Corse en pirogue

(réalisé)
Raid de 6 jours avec véhicule d'assistance à chaque étape. 
Pirogue de compétition en carbone transformée avec des coffres pour vivres , eau, matériels de sécu et affaires.
pirogue
Quand : 13/05/15
Durée : 6 jours
Distance globale : 462km
Dénivelées : +1467m / -1468m
Alti min/max : -34m/11m
Carnet publié par waterman73 le 06 juil. 2015
Mobilité douce
C'est possible (ou réalisé) en ferry
1145 lecteur(s) -

Le topo (mise à jour : 06 juil. 2015)

Description :

Résumé des étapes : 
La première étape autour du Cap-Corse a été merveilleuse. Après l’euphorie du départ Il y a d’abord eu une navigation sur une « mer d’huile » très au large des côtes devant le golfe de St Florent. Puis les dauphins sont venus m’accompagner durant plusieurs minutes. Avant l’arrivée aux îles Finocchiarola, Christine est venue à ma rencontre en paddle. Après une bonne nuit confortable au port de Macinaggio la météo annonçant le maintient du beau temps sur 3 jours, je décide de réduire au minimum, le nombre d ‘étapes sur la côte Est, pour assurer le passage par temps calme des Bouches de Bonifaccio. Deux étapes sans vent et sous la chaleur vont donc s’enchaîner le long des plages de sables bruyantes et sans grand intérêt jusqu’à l’entrée du golfe de Porto-Vecchio. La coupure à Aleria a fait du bien à mon dos après ma plus longue étape (en kilomètre). Au petit matin suivant je suis salué par des pêcheurs sur la plage : ce sont les prisonniers de « la prison sans murs » unique en France.

A partir des jours suivant la fatigue commence a bien se faire sentir. Les arrêts de midi durent presque une heure, les fins de journée sont pénibles et les arrivées vont être plus tardives, mais la faisabilité de pouvoir finir ce tour se concrétisait tout doucement au vu de mon bon état physique. La quatrième étape durant laquelle je passe le cap sud de la Corse fut la plus belle en termes de paysages. L’arrêt du matin eu lieu dans le lagon aux eaux turquoises de l’île de Piana. L’AM fut plus difficile avec le vent thermique dans le nez jusqu’à Tizzano où Christine avait garé le fourgon en bord de plage. Le bulletin météo du soir annonce du vent libeccio force 4/5 pour le surlendemain puis force 6/7 les jours suivants. J’avais gardé un jour sous le coude (pour finir avec des étapes plus courtes en 7j), tant pis, je décide de tenter de fermer la boucle au plus vite avant la tempête.

Le cinquième jour c’est l’étape la plus dure physiquement (et la plus longue en temps) face à un vent de nord 2/3B sur la moitié du parcours. C’est l’étape où je dois traverser (20 km à chaque fois) les 3 grands golfes de la côte ouest. Je trouve le moyen de faire ma pause casse croûte au cap d’Y Muru dans une crique paradisiaque puis je traverse le golfe d’Ajaccio pour rejoindre Christine qui m’attend aux Îles Sanguinaires (car je n’étais pas sûr de pourvoir finir l’étape). Après une bière fraîche, un bon repas à l’ombre, une sieste et les encouragements de ma chérie, je repars pour finir l’étape à Cargèse, la nuit tombée... Douche chaude au port, repas de roi et analyse météo car la VHF crache son BMS (bulletin météo spécial) toutes les heures pour un “avis de vent fort”. J’ai envie de partir sans dormir pour naviguer de nuit avant que le vent se lève mais je suis trop fatigué et c’est interdit !

Donc, pour le dernier jour nous décidons de nous réveiller à 4h pour un départ aux aurores, et j’ai droit à un magnifique lever de soleil sur les rochers rouges de Scandola. Ça « sent l’écurie » , je rame bien et ne fais pas d’arrêt casse croûte mais une pause à l’abri de l’île de Gargalo car le vent s’est levé comme prévu. Je range le bateau, vérifie le matos de sécu, met mon gilet (c’est la première fois depuis le début) et c’est parti pour une navigation dos au vent avec des belles vagues de 2 m, puis ça forcit encore et plus un bateau sur l’eau ! je me sens un peu seul et tendu jusqu’à me mettre à l’abri du cap de la Revellata. Malgré une gestion difficile de ma navigation à cause du vent qui me poussait à la côte, j’ai quand même pu prendre de beaux surfs. La fin fut épique. Je pensais que vu l’orientation du vent, je finirais dans une mer peu formée, mais j’ai dû gérer des creux de 3m pendant l’heure qui me restait à naviguer jusqu’à l’arrivée. J’ai seulement pu jouir du plaisir d’avoir réussi et pu décompresser qu’en étant enfin à l’abri sur la plage de l’Ile-Rousse avec Christine après ces 6 jours de « raid ».



Milieu traversé :

Environnement : [côte]

Télécharger les traces et les points de ce carnet GPX , KML

Le compte-rendu (mise à jour : 06 juil. 2015)

Intro:
Après ma traversée vers la Corse depuis le continent en 2014, en relais, j’avais envie de retourner sur cette île que j’aime bien, mais cette fois pour en faire le tour !
Quand on regarde la carte de la Corse, on se rend vite compte qu’il est possible de réaliser un raid en « tirant » au plus court sur 6, 7 ou 8 étapes, en fonction des conditions météo. Aimant les grandes navigations en mer loin du bord, j’ai donc préparé mon projet avec des arrêts, du coup assez espacés pour arriver à l’objectif suivant : essayer en « moins » d’une semaine ! En intégrant cette « aventure » durant une quinzaine de jours de congés j’avais la possibilité de choisir la bonne fenêtre météo ou de faire autre chose en cas de report, d’annulation ou d’abandon (je pensais alors, devoir tenter ce challenge durant 1 ou 2 ans avant de réussir).

Le tour au plus court, est d’environ 430 km, j’avais prévu en étant trop optimiste quelques petits détours pour 450 km, j’en ai fait (trace GPS) presque 480 (voir carte en annexe) ce qui fait finalement à peine 10 km par jour «d’écarts» (pauses, dérive, zigzag …).
Section 1

Préparation :
Il a fallu cet hiver étudier les cartes, regarder très souvent la météo pour vérifier les statistiques de vent et tracer les solutions possibles d’étapes sur la carte. Puis au vu des kilomètres à faire, j’ai dû m’entraîner pour vérifier si le projet était tenable, d’où les deux gros week-ends avec des étapes presque similaires en mer à la fin de l’hiver et au printemps. De plus, les séances d’entraînement pour la « compet » ont été remplacées par des grosses et longues sorties.

Pour moi, sur de telles durées de navigation et pour tenir une vitesse moyenne de 8km/h mon choix ne pouvait-être, autre que d’utiliser ma pirogue de mer (OC1) … J’ai donc dû transformer mon bateau de compétition (12kg) avec des trappes de type kayak de mer et y ai fait quelques renforts à l’intérieur (14kg) et tout remis l’accastillage à neuf pour avoir un bateau fiable (et j’ai bien fait).

J’ai aussi recherché quelques partenaires, J’ai préparé en avance tous les sacs journaliers de vivres, de vêtements et soins du corps. j’ai peaufiné la sécu (points GPS, cartes imprimées par étapes, essai de matériel, etc...)

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Le départ :
Me voilà début mai, en Corse, bien préparé physiquement mais un peu tendu et anxieux… La météo évoluait souvent avant le départ mais juste après l’arrivée sur l’île une période de vents calmes et variables est annoncée. Je propose à ma femme Christine de tenter tout de suite le coup plutôt que de passer nos premiers jours de vacances à « calculer la météo ». Étant sur Bastia, je décide de respecter le sens que j’avais prévu, mais je place le départ à l’Ile-Rousse, pour pouvoir tout de suite passer le Cap-Corse, par un vent annoncé de SSO (mais finalement il ne s’est pas levé … alors que moi oui, à 5h !!!)

Ça y est !!! c’est parti il est 6h du mat, je m’échauffe doucement (en fait je me détends petit à petit), la pirogue chargée (10 kg de plus) glisse sur une mer d’huile, le désert des Agriates s’éloigne, je vois le cap Corse et me voilà, au bout d’une heure, enfin dans « la course » !!!

Commence alors,pour quelques jours, une répétition : de coups de rame, d’intendance à bord et à terre, de soins et de calculs du ratio distance/vitesse en fonction de la météo.

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La Journée type :
Durant les premières heures, c’est mon assistante qui fournit le plus gros travail : elle se lève avant 5h, prépare le petit-dej, me réveille, me prépare mes affaires, m’aide à la mise à l’eau, puis range le camion... il est 7h, et moi, je rame cool, pour m’échauffer, que depuis 1h. Ensuite je fais apparaître sur le GPS l’écran « vitesse » et me voilà lancé pour ma journée. Je bois régulièrement et toutes les heures environ, je mange (très peu de produits énergétiques mais plutôt des biscuits, gâteaux, pâtes de fruits et amandes, nougat, fruits secs...)

Je m’arrête aussi de temps en temps, avec les pieds sur le flotteur pour mes besoins et mes soins : vêtements toujours adaptés, protection solaire, crème anti échauffement régulièrement mise sous les bras et fesses. Ces arrêts de quelques minutes me permettent la détente des jambes et aussi d’accéder à mes coffres pour remplacer mes bouteilles d’eau vides et refaire le « plein » de bonbons... Vient ensuite la pause de 10 h avec si cela est possible un arrêt au bord avec un bon casse croûte pour tenir jusqu’à l’arrêt de « midi » vers 14h pour : déshabillage, baignade, repas copieux, café et sieste avant de repartir changé. Je n’ai effectué qu’une seule fois un repas sur l’eau car j’étais trop loin du bord à ce moment-là (cela n’a pas été aussi scabreux que je le pensais).

Dans l’A.M. je me fais un petit plaisir avec une banane accompagnée d’un « coca » fait avec des pastilles effervescentes dans un bidon, c’est peu de chose mais c’est bon pour le moral et ça aide à tenir jusqu’à la fin de l’étape. Et là, à l’arrivée du jour, c’est un vrai moment de bonheur malgré la fatigue car je retrouve mon assistante préférée qui, a tout installé le camion, va rincer mes affaires, prépare le repas et me passe un peu d’arnica. Elle aura auparavant roulé sur les routes Corses, fait les courses, trouvé un camping ouvert, cherché un jeton pour la douche si l’étape est un port (ou mis la douche solaire à chauffer). Elle aura parcouru avec le fourgon 750 km, et cette empreinte carbone sera compensée par le reste des vacances passé à se reposer... Comme pour le matin l’assistante est LA personne qui permet la réussite d’un tel tour par étapes.

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Conclusion :

C’est l’effort le plus long, le plus abouti et engagé de ma « carrière » de sportif amateur mais pour autant, pas si « destructeur » que cela, comparé aux raids multisports d’une semaine. Je ne pense pas refaire aussi dur en solo. Étant donné qu’il est interdit de naviguer à une seule embarcation entre 3 et 6 miles d’un abri, j’étais parfois en infraction en « coupant » pour faire ce tour au plus court. Pour la première fois, j’ai pu « m’approcher » des limites admissibles pour pouvoir naviguer à la rame, seul en mer, par gros temps...une expérience de plus !!!

Je pense que ce genre de « raid » ne peut être réalisé qu’avec ce type d’embarcation bien préparée et bien équipée. Ensuite ramer pendant 10/12h sur plusieurs jours demande une attention toute particulière pour préserver son corps des blessures. Enfin, pour le moral et réussir de telles étapes, le fait d’être assisté, a grandement facilité la réussite de ce projet.

La Corse est toujours aussi belle, j'y reviendrai pour découvrir cette fois le fond des golfes et des criques que je n'ai vu que de loin !!!


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Commentaires
Olivier - 06 juil. 2015
2251 messages
Bravo pour la performance sportive et l'originalité de l'embarcation ! Merci pour ce partage

Philou Le Ré - 07 juil. 2015
7 messages
Bravo Waterman! J'ai beaucoup aimé ta façon légère de décrire ton raid alors que derrière cette "façade", il y a une grosse préparation, sérieuse, complète visant comme il se doit, une maitrise des risques! Respect! Bravo aussi à Christine pour l'assistance multi-usages. Comme quoi, la Belle Aventure, elle se partage! Et quand c'est avec sa chérie, elle devient du bonheur brut!
Tu nous donnes faim!... J'ai soif d'autres photos au large!...
Philou Le Ré

31 mai 2016
Invité (utilisateur non inscrit)
Merci pour ce beau compte rendu léger alors qu'en effet il y a une grande préparation et logistique derrière.
Ça donne envie de faire de la pirogue !!!
Bonne continuation.

Mansoib Mayotte - 25 nov. 2023
1 messages
Très inspirant bravo