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Philosophie du voyage nature 6

Du nomadisme

Désétoiles - 16 sept. 2011
27 messages
Et bien voilà, fraîchement rentrée de voyage, j'avais cherché du travail. Après quelques mois, je signais un contrat. C'était tous ce que je voulais. Un poste à l'étranger, en pleine campagne dans un pays encore inconnu pour moi. Deux ans pour travailler avec un mouvement paysan et défendre ce en quoi je crois: une terre cultivée sainement, la souveraineté alimentaire, un avenir pour ceux qui nourrissent le monde.

J'embarquais donc dans une nouvelle aventure, sédentaire cette fois.

Les premiers mois n'ont pas été évidents, mais j'ai trouvé ma place, organisé ma vie. J'avais ce qu'il me manquait sur la route: un potager, de bons amis à deux pas de chez moi, des collègues fantastiques, une bibliothèque, une bière fraîche au frigo et un bon lit.

Et puis j'ai fait une rechute depuis que j'accède au net dans ma campagne profonde. Je suis repartie sur la route au travers des récits des autres. Les rêves se bousculent dans ma tête. Où repartir? Quelle continent? Avec un autre cyclo? 1 an ou 2?
Diagnostic: crise de nomadisme aiguë.

Alors que chaque matin, je m'exhorte à profiter de cette vie; mon esprit s'échappe et prend la clef des champs.
Pourvue que la crise s'estompe un moment. Enfin, je sais déjà que je repartirais; mais il est un peu tôt pour rentrer dans l'esprit du voyage.

Et vous vos crises de nomadisme?

familleneau - 16 sept. 2011
84 messages
Au retour, chez nous il y a plusieurs phases : celle d'exaltation où on raconte beaucoup à notre entourage, on trie ses clichés, relit ses journaux de bord. Aprés, on profite de son chez soi. On y aménage de nouvelles choses. Il faut tenter de se réhabituer à la vie française. Ensuite (pour nous cela prend bien 2 ans voire 3 !), c'est l'heure de re-préparer un autre périple. C'est un peu un virus. Quand on y a goûté, ......
Nous avons la chance d'écrire nos livres-récits et de réaliser des diaporamas, une manière détournée, sans doute, de rester un peu trempés dans le voyage dans ce partage avec autrui...

kikilecyclo - 17 sept. 2011
41 messages
ciao desetoiles
c'est moins grave que le palu , et puis au moins il n'y a pas de traitement préventif,
un jour ou l'autre tu seras obligée de repiquer au truc alors continue d'entraîner doucement tes neurones à rêver
depuis une 20 aine d' années j'ai en grande partie organisé mon boulot en fonction de mes projets de balade ( de 1 à 9 semaines ...), et la nuit , quand je ne dors pas , j'y pense comme d'autres tricotent, sans en avoir l'air .
le jour , je remets mon costume de citadin normal et normé, ça me calme quelques heures.

indispensable d'avoir ce petit fil directeur dans la tête, cette perspective mentale et visuelle, tout petit déjà, je voulais aller "voir derrière", et ça ne s'arrange pas !
en cas de crise de"nomadite aigue", sur fond chronique, mes remèdes sont:
- revoir quelques bonnes vieilles photos
- plonger dans les cartes - symptôme de la chronicité de l'affection - pour bidouiller un n-ième projet qui se fera , ou pas
dernière fantaisie: 8 jours en aout dernier avec madame en autonomie pédestre à bouffer de la semoule, dans la haute ubaye et la maïra : c'était bien .
en conclusion , au moins tu ne souffres pas d'anosognosie, ta sais le mal qui te ronge
profite, pédale, rêve , raconte
bon vent
un peu lecture parce que tu es très sage :

2008 : http://www.vttour.fr/articles/read_36.html
http://www.vttour.fr/articles/read_37.html

2010: http://www.vttour.fr/articles/read_48.html
http://www.vttour.fr/articles/read_49.html

H3 - 17 sept. 2011
150 messages
@ Désétoiles : Pourquoi "un potager, de bons amis à deux pas de chez moi, des collègues fantastiques, une bibliothèque, une bière fraîche au frigo et un bon lit" ne peuvent suffire, visiblement, à ton épanouissement ?

familleneau - 17 sept. 2011
84 messages
kikilecyclo :
ciao desetoiles
c'est moins grave que le palu , et puis au moins il n'y a pas de traitement préventif,
un jour ou l'autre tu seras obligée de repiquer au truc alors continue d'entraîner doucement tes neurones à rêver
depuis une 20 aine d' années j'ai en grande partie organisé mon boulot en fonction de mes projets de balade ( de 1 à 9 semaines ...), et la nuit , quand je ne dors pas , j'y pense comme d'autres tricotent, sans en avoir l'air .
le jour , je remets mon costume de citadin normal et normé, ça me calme quelques heures.

indispensable d'avoir ce petit fil directeur dans la tête, cette perspective mentale et visuelle, tout petit déjà, je voulais aller "voir derrière", et ça ne s'arrange pas !
en cas de crise de"nomadite aigue", sur fond chronique, mes remèdes sont:
- revoir quelques bonnes vieilles photos
- plonger dans les cartes - symptôme de la chronicité de l'affection - pour bidouiller un n-ième projet qui se fera , ou pas
dernière fantaisie: 8 jours en aout dernier avec madame en autonomie pédestre à bouffer de la semoule, dans la haute ubaye et la maïra : c'était bien .
en conclusion , au moins tu ne souffres pas d'anosognosie, ta sais le mal qui te ronge
profite, pédale, rêve , raconte
bon vent
un peu lecture parce que tu es très sage :

l

Yeah ! Tout ce que je pense et que je n'ai peut-être pas su écrire, tu le dis là !
Se plonger dans les albums photos (et oui, j'en fais encore), réouvrir les cartes, en parler encore et encore...... bref entretenir des rêves et les accomplir pour certains. Voilà ce qu'est le nomadisme aigu et ça nous plait bien ainsi !

Désétoiles - 21 sept. 2011
27 messages
H3 :
@ Désétoiles : Pourquoi "un potager, de bons amis à deux pas de chez moi, des collègues fantastiques, une bibliothèque, une bière fraîche au frigo et un bon lit" ne peuvent suffire, visiblement, à ton épanouissement ?

Parce qu'il y manque le zeste de mystère, de découverte indispensable à mon équilibre psychique.
Parce qu'il y d'autres choses à faire et découvrir.
La rencontre du soir lorsqu'on cherche un endroit de bivouac.
Le paysage arraché aux mollets en haut du col.
L'être humain qui te dépanne quand tu es seule sur la route, la roue arrière crevée, sous la pluie, en plein vent. Cette personne qui t'offre la plus belle chose au monde: son aide.
Pour l'intense sentiment d'exister que je ressens en pédalant et que je suis bien plus difficilement capable de retrouver à l'arrêt.

Je sais on est toujours insatisfait...

H3 - 22 sept. 2011
150 messages
Désétoiles :
Et vous vos crises de nomadisme?

J’habite un endroit très agréable à vivre.
J’ai souvent entendu de la part de marcheurs qui passent à proximité : ‘c’est le paradis ici !’.
Probablement à cause de la vue, de l’absence de voisinage, du silence, des fleurs et du magnifique potager de mon épouse, du doux bruissement de la source qui alimente la fontaine, etc.
Les soirées au coin du feu avec des amis autour d’un plat mijoté dans le poêle en faïence laissent généralement de chouettes souvenirs à tous-tes.
Et pourtant, comme toi, j’ai la bougeotte !
Pourquoi ?, me suis-je déjà demandé.
Mon analyse aboutit à une conclusion aussi simpliste que fondamentale à mes yeux : tout bouge en permanence, depuis la particule la plus élémentaire jusqu’aux galaxies.
Je résume cela en une affirmation : le principe premier se nomme ’Mouvement’.
Le corollaire n°1 : s’inscrire dans le mouvement est vital, c’est l’essence du nomadisme.
Le corollaire n°2 : se forcer à l’immobilisme est une singularité, c’est l’essence du sédentarisme.
Alors quand l’immobilisme commence à me gêner aux entournures, eh bien je rassemble les affaires que j’ai plaisir à emporter à ce moment-là et je me mets en mouvement vers de nouveaux horizons, de nouvelles surprises, de nouvelles rencontres.
Outre l’équilibre que cela m’apporte, j’arrive ainsi à conserver ma joie de vivre dans ce monde qui m’est de plus en plus étrange tant, c’est ma conviction, sont but ultime et plus ou moins conscient m’apparaît comme une étonnante tentative de figer le réel.
Pour y arriver il a doctement posé des fondamentaux qui, à mon avis, sont des insultes à l’intelligence et à l’harmonie :
-La mise en propriété du vivant
-Un projet politique standard axé sur le triptyque ‘emploi, consommation, croissance’
-La récupération et/ou le combat systématique de ce qui reste, au fond de la plupart d’entre nous, du besoin de vivre intensément le présent sans (trop) se préoccuper du lendemain
Je cherche les fondements de ce phénomène qui m’apparaît comme une monumentale erreur à l’échelle planétaire.

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