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Extraterrestre CA 26 : N’oublions pas le ticket retour ! Partir, savoir revenir

par Lecteur Extraterrestre dans Billets et éditos 03 déc. 2011 mis à jour 14 mars 2017 2918 lecteurs Soyez le premier à commenter
Lecture 3 min.

N’oublions pas le ticket retour !

Chronique publiée dans Carnets d'Aventures n°26.
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Le 4 novembre 1962, Heinz Stücke enfourche son vélo et part pour un tour du monde. Un voyage qu'il n'a, à ce jour, pas encore achevé.
 
Au détour des magazines d'aventures sans moyen motorisé (ça doit bien exister ce genre de bouquin), nous autres lecteurs ou rédacteurs nous sommes posé beaucoup de questions quant aux raisons qui poussent à partir. Et, par extension, celles qui nous poussent à revenir. Pêle-mêle : le besoin d'ailleurs, l’envie de souffler, de rencontrer d’autres peuples que nos voisins de palier dont on ignore tout, le rêve de découvrir d’autres cultures, d’apercevoir un ours blanc devant soi (ce qui est toujours mieux que de s’apercevoir qu’il y a un ours blanc derrière soi) et tout un tas d'autres raisons.
 
Pour sa part, Heinz Stücke a passé les 50 dernières années sur sa monture... parce qu’il n’avait aucune raison de ne pas le faire. Un objectif s'est cependant dessiné à mesure qu'il suivait les laies de la taïga ou les infinis rubans de bitume du Red Rock Country. Un objectif tout simple, ou presque : il voulait être le premier homme à avoir tout vu.
 
Mais revenons quelques coups de pédale en arrière (je sais, ce n'est pas facile) afin d'analyser notre modeste condition. Car une fois que nous avons entamé notre itinérance, nous avons tout un tas de nouveaux sujets sur lesquels nous pencher : pourquoi ai-je attendu si longtemps pour m'échapper du tumulte de la ville et partir découvrir la vie, la vraie ? Quelles sont ces forces obscures qui m'ont contraint, des années durant, à régler ce maudit réveil sur 5 heures du matin ? Qui sont ces esprits malins qui m'ont obligé à partir travailler chaque jour pour faire avancer un peu plus ce monde de fous ? Pourquoi la vraie vie ne m'est-elle pas apparue plus tôt, plutôt ? Car rien ne peut remplacer un lever de soleil à l’horizon d’une plage d’ambre désertée. Ou cette intime conviction qu'on regarde le monde d'en-haut, assis sur le sommet fumant du Kilimandjaro. Bon, c'est vrai, une soirée pourrie, égaré et sans feu à manger des haricots crus et périmés sous une pluie battante est également un sentiment irremplaçable.
 
Heinz a la tête remplie de ces cartes postales du monde. Et d'anecdotes en pagaille : de son vélo six fois volé jusqu'aux veillées de Noël passées sur chacun des continents. En passant par les images de lui qu'il vendait en brochure pour gagner deux francs six sous. Le passeport de Heinz, c’est son vélo. Il lui a donné les clés de toutes les maisons du monde, lui permettant de survivre aux tempêtes et à la soif, de trouver les moyens de continuer, encore et encore, cet incroyable périple.

Après tous ces rebondissements vient pour nous le moment du retour. Les plus grands tourments surviennent alors : qu’allons-nous faire désormais ? Comment allons-nous reprendre la main face à cette vie d'avant, maussade et sans saveur ? Où est rangé ce fichu réveil ?
 
C'est ici que notre route diverge de celle qu'emprunte Heinz : lui n’est jamais revenu. Il ne voulait plus de ces questions. Il ne voulait pas de ce monde futile : un travail, une épouse, une famille... pour quoi faire ?
 
Si notre modeste condition, (je sais, je me répète) nous oblige à repousser l'heure du départ, si elle rend parfois difficile le jour du retour, si elle nous impose toutes ces questions, c'est parce que la petite planète bleue tourne aussi dans le bon sens, à l'occasion. Il y a en nous un petit quelque chose qui nous empêche de prendre la place de Heinz Stücke, une petite voix qui nous souffle que notre place est ici, à entretenir la flamme de notre propre petite planète.
Heinz est comme tous ces globe-trotters qui ont trop retardé le train du retour. Plus personne n’est là sur le quai d’arrivée pour partager leur carnet de voyages.
.
Si le virus du voyage nous dévore encore, consolons-nous : après tout, nous sommes tous des nomades : Il y a les babas cool et leurs combis orange, les retraités et leurs camping-cars, les extraterrestres et leurs navettes spatiales, la petite famille en week-end dans les Alpes. Si on y met un peu du sien, l’aventure est au coin du paillasson.
 
Pensons à demain et n’oublions pas cette belle citation de Charles Nodier : « Les rêves sont ce qu’il y a de plus doux et peut-être de plus vrai dans la vie ».

Un lecteur extraterrestre

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