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Faire son sac ultraléger !

par erwan dans Voyager léger 27 janv. 2014 mis à jour 28 janv. 2014 4676 lecteurs Soyez le premier à commenter
Lecture 12 min.

Faire son sac MUL, mode d'emploi

Texte et photos : Mad des forums de Carnets d'Aventures, Randonner Léger et Vie Sauvage et Survie
Dessin : Olivier Nobili
www.randonner-leger.org

www.davidmanise.com
Article publié dans Carnets d'Aventures n°21

Le titre est ambigu : il ne s’agit pas de dire comment remplir son sac et dans quel ordre (encore qu’il y aurait matière à développer ces points), mais plutôt de discuter de ce que l’on emporte, sur soi et dans son sac.

Il y a parfois une grande jouissance à fourrer au dernier moment un tas de trucs dans un sac à dos, puis de partir quelques jours à l’aventure. Et avec un peu d’habitude, ça se passe très bien, les oublis étant plutôt source d’amusement. Mais cette attitude a ses limites :

a) Quelqu’un qui a peu d’expérience de la randonnée ne sera pas à l’aise pour improviser, et risque d’être dégoûté à jamais si sa première expérience est catastrophique par manque de préparation.

b) Même un habitué de la randonnée et du voyage perdra en confort en improvisant trop sauvagement : les objets en trop étant presque aussi pénalisants que les objets manquants (j’ai vu un jour un MUL trouver au fond de son sac un ARVA et une sonde à neige lors d’une sortie week-end en forêt de Rambouillet – ce n’est pas une blague, mais je ne donnerai pas de nom :-D !).

c) Pour une randonnée plus longue ou plus engagée, l’improvisation peut être carrément dangereuse : il est souvent possible de partir avec très peu de choses, mais encore faut-il savoir comment se débrouiller avec le peu qu’on emporte. Et dans certains cas, il n’y a pas le choix, il faut emporter beaucoup (nourriture, eau, vêtements, matériel de montagne, etc.) sous peine de courir des risques inacceptables.

d) Last, but not least, faire sa liste c’est déjà un peu partir ;-) ! Et c’est souvent un grand plaisir que de planifier objet par objet ce qu’on emportera pour tel ou tel week-end en France, ou pour telle ou telle expédition plus longue et plus lointaine. Sur le forum de Randonner Léger, un nombre impressionnant de messages concernent des listes, et des demandes de conseils de ce type. Il y a là un peu de l'émerveillement qu’on avait enfant à regarder les catalogues de jouets, et cela même sans forcément entrer dans une spirale consumériste, puisque pour certains, le catalogue est ce qu’on a accumulé en quelques années de voyage et de randonnée, et que, par ailleurs, il est possible de s’équiper en réduisant les coûts au minimum (cf. la chronique « Randonner léger » dans CA n°18 : « le MUL fauché »). À part quelques moines zen dont nous tairons les noms, il y a peu de pratiquants chevronnés qui n’ont pas au moins quelques redondances (il y a des collectionneurs de tentes, d’autres de popotes, d’autres de couteaux – il y a même des pervers polymorphes qui ont des stocks de tout :) !). Et pour celui qui découvre la randonnée et doit s’équiper, le lèche-vitrines, qu’il soit réel ou virtuel, la consultation de forums et de revues comme Carnets d’Aventures, sont plus souvent sources de plaisir que corvée :).

Qu’on soit néophyte peu équipé ou routard confirmé avec un hangar plein de matériel, l’élaboration d’une liste suit les mêmes principes. Il faut tout d’abord définir clairement le projet de sortie :

a) Durée : partons-nous quelques heures, quelques jours, quelques semaines, pour des mois, pour des années ?

b) Quelles conditions de climat : température, précipitations ?

c) Quels paysages, – au sens relief et écosystèmes : forêt d’altitude, désert torride, campagne de plaine en milieu tempéré, jungle impénétrable, moyenne ou haute montagne, etc.

d) Quelles ressources, en eau, en nourriture, en transports, en assistance médicale ? On peut choisir de voyager en autonomie, mais parfois ce n’est pas un choix mais une nécessité.

e) Quel « style » de sortie visons-nous : le plaisir du confort, la performance sportive, l’entraînement à la survie ou encore le purisme « XXUL » ? (« UL » voulant dire « ultraléger », vous devinerez sans peine ce que « XXUL » signifie…).

Bien circonscrire son projet est une étape indispensable : en effet, il n’y a pas de liste universelle qui convienne à chacun, en tous lieux et en toutes saisons. Cela vous semble sans doute évident, mais il y a vraiment des gens pour qui ça ne l’est pas !
On peut néanmoins définir un squelette de liste quasi-universel, qu’on habillera, puis déshabillera, en s’adaptant au projet. Pour cela, on énumère les différents « postes » de matériel, et on met en regard de chaque en-tête tout ce que l’on possède (dans le cas des randonneurs « expérimentés »), ou tout ce qu’on rêve de posséder (dans le cas des « débutants »).
On entre alors dans le vif du sujet ! En effet, que l’on ait son garage plein de matériel, ou bien qu’au contraire on se demande ce qu’il est indispensable de se procurer avec un budget limité, il va falloir imaginer ce qui sera le plus utile et le plus adapté. Un hamac sera inutile au-delà du cercle polaire, et des raquettes au Sahara ne seront pas non plus indispensables. Et pourtant, partir d’un squelette de liste qui couvre toutes les situations sera un bon moyen de ne pas oublier des éléments utiles. On fait un paragraphe pour chacun des postes d’équipement principaux (vêtements, couchage, nourriture, etc.) puis on crée une ligne pour chacun des éléments de ce poste (par exemple, pour les vêtements, on mettra couche de peau, couche thermique, couche imperméable, gants, couvre-chef, etc). Et sur chaque ligne, on mettra tout ce que l’on possède – ou qu’on envisage de se procurer – sans a priori à ce moment. Ce peut même être une bonne idée de rajouter des éléments auxquels on n’aurait pas pensé, mais qu’on a repérés dans la liste d’un tel ou un tel. Pour les « geeks », un tableau Excel est bien sûr une solution :) ! Pour d’autres, plus « visuels », un vrai tas physique des objets sera plus parlant… Et, je le répète, à ce point, il s’agit de « se lâcher », et mettre un peu tout et n’importe quoi – le tri viendra après.

Voici un embryon d’une telle liste, non exhaustive bien sûr, et que chacun peut personnaliser en précisant les choix personnels possibles (par exemple, à la ligne « popote », on pourrait préciser : popote titane MSR 900ml, bouilloire Primus, tasse Tibetan 50cl, etc.).

La liste initiale

Le mode de transport

a) La marche

Les chaussures : chaussures hautes rigides (« grosses »), chaussures de trail, chaussures de running, sandales, Crocs, tongs, etc.
Les bâtons : solides, nordiques, ultralégers, avec de gros ou petits paniers, pas de bâtons…
Carrix, pulka, raquettes, skis etc...
On mettra ici aussi le matériel d’escalade éventuel (crampons, piolet, baudrier, cordes, etc.)

b) Le vélo

Nous ne développerons pas beaucoup ce point, dont les exigences sont assez proches de celles la marche, sinon pour dire que le système de portage sera différent (sacoches ou remorque plutôt que sac à dos, encore qu’un petit sac à dos permettra de brèves incursions dans des endroits inaccessibles au vélo, et sera aussi utile pour faire les courses lors d’étapes dans des villages (ndlr : le sac à dos est pour nous un élément indispensable du VTT BUL !)). Les chaussures seront elles aussi différentes, encore que là aussi, pouvoir faire quelques kilomètres à pied sans trop souffrir ouvrira le champ des possibles. Pour l’abri enfin, une tente sera souvent plus adaptée qu’une tarp, puisque le double usage des bâtons de marche ne sera plus à l’ordre du jour.

c) Le kayak ou le canoë

Il n’y a pas eu de chronique MUL dans le numéro « spécial kayak » de Carnets d’Aventures. Dans le cas de voyages en kayak rigides ou pliants, avec une logistique dédiée de transport au point de départ et depuis le point d’arrivée, cela n’avait en effet pas lieu d’être, le problème du poids (quoique non négligeable) n’étant pas aussi crucial (ndlr : celui du volume peut l’être davantage). Il en est tout autrement dès lors qu’on parle de randonnée en kayak gonflable, et surtout quand l’idée est de rejoindre le point de départ et de quitter le point d’arrivée au moyen des transports en commun. En effet, on se retrouve dans la situation de la randonnée légère, avec en outre la nécessité de transporter son embarcation, les gilets, les pagaies, le gonfleur etc. Il n’est sans doute pas inenvisageable qu’un jour la « chronique MUL » soit à thème « KUL » :-D…

Les vêtements

  • Couche de peau : sous-vêtements classiques, collants et maillots de running, sous-vêtements thermiques, chemise à manches longues, chemisettes…
  • Couche thermique : micropolaire, polaire, doudoune, pull…
  • Couche imperméable : poncho, capuche en nylon, veste imper-respirante, softshell…
  • Chaussettes : en soie, en synthétique, en laine, mixte…
  • Guêtres : grosses montantes, mini-modèles, guêtres à sangsues…
  • Gants : fins en soie, en laine, gants épais, moufles ou surmoufles
  • Couvre-chef : bonnet en laine ou en polaire, buff, bandana, balaclava, casquette, chapeau…

Le principe de polyvalence s’appliquera ici en plein : on privilégiera une approche multicouches (ndlr : cf la chronique Vie Sauvage de CA n°19 : Les couches de vêtements), qui permet de s’adapter à des conditions changeantes avec un minimum d’éléments. Le coton est à proscrire dans presque tous les cas car il ne sèche pas vite une fois mouillé par la transpiration ou les éléments, et mouillé, il n’offre aucune isolation thermique – sa seule utilisation est par temps très chaud et très sec, comme au Sahara. Dans des conditions estivales, un maillot de sport ou une chemisette en synthétique fera la première couche, puis une micropolaire et une veste imperméable ou un poncho complèteront la partie haute. Un short, ou un pantalon synthétique (éventuellement à jambes dézippables), avec un slip non irritant et des chaussettes en mélange laine-synthétique couvriront le bas. Il suffit d’un maillot (ou chemisette) et d’un slip de rechange, car le synthétique séchant vite, une mini-lessive tous les jours ou tous les deux jours permettra de ne pas se charger. En conditions hivernales, doudounes, softshell (peu polyvalente), grosse polaire, moufles, sous-vêtements thermiques, etc. seront de la partie. Mais partir d’une liste très (trop) complète, puis la taillader suivant ses goûts et ses besoins, est la bonne démarche.

Le couchage et l’abri

  • Sac de couchage : duvet ou synthétique, sarcophage ou pas, topbag ou quilt, pour quelle température confort, drap de soie, doublure polaire…
  • Abri : nous développerons plus longuement ce point important, choisi comme exemple type de la démarche décrite ici.
  • Vêtements de bivouac.

Le principe de polyvalence s’appliquera là aussi : plutôt que d’avoir 3 ou 4 sacs de couchage suivant la saison, une bonne solution est de penser encore au multicouches : la combinaison d’un sac d’été (confort 15°C) glissé dans un sac synthétique déperlant confort 0°C permettra d’affronter des températures très négatives (-10°C) avec un poids et un coût raisonnables. Et dormir habillé avec ses vêtements de bivouac augmentera encore la gamme des températures accessibles. Mais on ne fera le choix qu’après avoir envisagé sur la liste toute la gamme des possibles.

La nourriture et la boisson

  • Réchaud : réchaud multicombustibles, réchaud à alcool type P3RS (tapez « P3RS » sur Google, ou cherchez sur le forum de « Randonner Léger »), réchaud à gaz ou à bois : le choix dépendra des températures attendues, de la facilité à trouver du carburant, et du type de nourriture. La solution adaptée la moins lourde sera bien sûr celle à retenir.
  • Popote, bouilloire, récipients, couverts : même problématique, même méthode !
  • Couteau : très personnel – cela peut aller de rien à la machette ou au couteau de Rambo :-) . La plupart des MUL se contentent d’un mini-couteau, style Opinel #6, Douk-Douk ou petit couteau suisse, mais si vous avez un réchaud à bois, quelque chose de plus conséquent sera utile. Là aussi, faites la liste de ce dont vous disposez, et choisissez en fonction du programme prévu, ou de votre fantaisie.
  • Transport de l’eau et stérilisation : bouteilles PET (polyéthylène), poches à eau d’hydratation, outres type Dromedary MSR (très résistante et adaptée à des sorties engagées), filtres, pailles filtrantes, hydrochlonazone, Micropur, teinture d’iode, etc.
  • Nourriture : vaste et important sujet, déjà bien abordé dans Carnets d’Aventures (ndlr : dossier Nourriture de bivouac de CA n°10, également en ligne sur www.expemag.com), et dans le forum de Randonner Léger qui y consacre un sous-forum ! Mais le choix de la nourriture dépend de votre programme : il est tout à fait légitime de vouloir bien manger en randonnée, alors qu’à certains moments pour des traversées longues en autonomie, on pourra être contraint au minimalisme au point de tabler sur la métabolisation de ses réserves pour tenir la distance. Le choix du type de réchaud et popote est lié à celui du type de nourriture, et donc indissociable de vos objectifs.

Toilette

Déjà dit ailleurs : une serviette en microfibre, une brosse à dents, un morceau de savon d’Alep ou de Marseille, un rasoir jetable, du produit à lentilles si nécessaire, le tout dans un ziploc, et ça devrait suffire. Mais si vous avez VRAIMENT besoin d’autre chose, vous êtes seul juge…

Pharmacie, trousse de secours

Il est hors de question de donner ici une liste type de trousse de secours-pharmacie. Il y en a sur plusieurs forums, et le plus important est de savoir si vous êtes proche ou éloigné d’une assistance médicale. Dans le premier cas, il ne faut pas grand-chose, et sinon, il ne faut que ce que vous saurez utiliser : il est peu probable que vous fassiez une greffe cardiaque en pleine jungle !
Mais outre vos traitements éventuels, il faut prévoir ce qui peut vous sauver : par exemple, emporter des antipaludéens au Spitzberg ne paraît pas indispensable, néanmoins, si vous êtes allé sous les tropiques dans les semaines qui précèdent, il faut emporter de l’Arsumax ou autre curatif, sous peine de risquer une mort idiote et évitable !
Là encore, partez d’une liste très exhaustive, et éliminez ce qui n’est pas utile. Dès lors que vous projetez d’aller « loin », discutez-en avec votre médecin.

Le reste (boussole, cartes, frontale, etc.)

  • Orientation : boussole de poche, boussole à visée, GPS, altimètre, cartes, guides…
  • Éclairage : frontale, torche, bougies, etc.
  • Appareil photo, téléphone, MP3, jumelles, carnet et crayon…
  • Papiers (passeport, visas, carte de crédit, argent, carnet de vaccination, permis de conduire national et international, etc.) : faire la liste est très important, c’est vraiment ballot de se retrouver sans son passeport au comptoir d’embarquement…

Le reste (bis)

Lâchez-vous en grand : depuis les jeux de société jusqu’à la boîte de peinture avec le chevalet idoine, en passant par les boules de pétanque (ndlr : bien sûr ! Cf la pétanque sous-marine en voyage kayak dans CA n°5 :-)), le matériel de pêche au gros, une robe de soirée ou une cravate pour aller en boîte, ou des instruments de musique (NON, PAS LE STEINWAY !), n’hésitez pas à remplir des lignes. Ce sera d’autant plus satisfaisant ensuite de les éliminer si elles ne répondent pas à un vrai besoin :-)…
Mais suivant votre projet, certains éléments qui paraîtraient absurdes à certains pourront vous être indispensables : j’ai ainsi trimballé un nœud papillon et ma femme une robe de soirée (légère :-)) lors d’une traversée de la Corse, parce que nous devions assister à une réception à l’arrivée à Cargèse…

Le sac à dos

Il serait idiot de chercher à s’alléger et d’avoir un sac de 90 litres pesant 3 kg à vide, comme c’est trop souvent le cas des sacs dits de « grande randonnée ». Un volume de 30 litres suffit dans la plupart des cas (et le poids doit être sensiblement en dessous du kg), et même en hiver en montagne, un sac de 50 litres et d’1,5 kg maximum permet de passer plusieurs jours en autonomie. Cependant, partir 3 semaines en autonomie avec un sac de 15 litres paraît difficile, et par ailleurs, dans certaines conditions, un sac spécialisé peut être indispensable (sac à dos étanche et résistant en milieu très humide comme la jungle avec des parties en kayak gonflable). Un sac un petit peu trop grand tout en restant léger pourra être compressé, alors qu’un sac trop petit sera trop petit ! Mais le choix final du sac ne devrait intervenir qu’après l’établissement de la liste de ce qu’il devra contenir.

Le tri

Car c’est alors que ça devient intéressant : il s’agit maintenant d’éliminer ce dont on n’aura certainement pas besoin (les raquettes au Sahara par exemple), puis dans les candidats restants, de voir si on a une solution mieux adaptée (on élimine alors les autres), ou s’il y a un manque (il faut alors envisager de s’équiper ; une traversée du Vercors en hiver sans skis ni raquettes est sans doute possible, mais moins agréable qu’avec). Dans bien des cas, on hésitera entre deux solutions (soit dans ce qu’on a déjà, soit dans ce qu’on envisage d’acheter ou d’emprunter). Le poids est alors un critère très important, mais il ne doit pas devenir tyrannique au détriment du plaisir, et encore moins de la sécurité !
Illustrons ça plus en détail par l’exemple d’un dilemme qui se pose à chaque fois : le choix de l’abri (non, ce n’est pas une contrepèterie !).
La mosaïque de photos ci-dessous montre divers abris que nous utilisons. De gauche à droite et de haut en bas, on trouve un poncho-tarp monté en « lean-to », une tarp montée en demi-tipi, une tarp fermée avec moustiquaire (la regrettée « Taranis » d’Arklight), un hamac sous bâche avec sa moustiquaire, une tente deux places avec double toit, et une tente d’expédition polaire (fabriquée par ChP :-)) : on se doute bien que ces abris ne sont pas interchangeables !

Le poncho monté en tarp convient pour une personne seule ; un sursac est presque toujours indispensable (sauf en conditions estivales dans des zones peu pluvieuses), mais, bien orienté, il permet des nuits correctes même avec une pluie battante et des températures négatives. La tarp (ici montée en demi-tipi, mais d’autres montages sont possibles) est bien plus polyvalente – elle abrite facilement deux personnes, et peut de plus être utilisée en bâche pour hamac. Une tarp qui se ferme, et qui a des bandes en moustiquaire à la base, comme la Taranis en haut à droite, protège bien des insectes volants (moustiques et autres), donne une certaine intimité quand on doit parfois utiliser un camping ou un lieu de bivouac partagé, mais n’empêche pas les animaux rampants (sangsues, tiques, etc.) de pénétrer : en avril dernier en Tasmanie, je me suis réveillé avec un wallaby qui s’était endormi sur mes pieds ! Le hamac (ici monté avec moustiquaire et bâche en Amazonie) est très confortable et protecteur par temps chaud et humide pourvu qu’il y ait des arbres (ou des rochers :) – les montages avec des bâtons de marche sont des légendes dangereuses :-( ) – en l’absence d’arbres, et pourvu qu’on ait un tapis de sol, on peut se résoudre à monter la bâche en tarp. À mon avis, le hamac n’est pas une bonne solution en dessous de 5 ou 10°C.

Dans des conditions plus froides et ventées, on peut envisager d’utiliser une tente légère comme celle au milieu en bas. La protection contre les intempéries – mais aussi contre les bestioles – est meilleure qu’avec une tarp, au prix d’un poids et d’un coût plus élevés. Dans des conditions polaires, il serait très imprudent de ne pas recourir à des tentes spécialement conçues pour les froids extrêmes comme celle d’en bas à droite, qui possède des jupes à neige pour l’ancrer solidement contre les bourrasques.
Une même personne n’aura donc pas toujours recours à la même solution pour son abri, sauf si elle reste toujours dans le même terrain de jeu : ce sera le programme, la saison, le relief, etc. qui dicteront le choix.

Ce type de réflexion et de décision s’appliquera à toutes les lignes de la liste de départ. Et on conçoit bien qu’il y aura des interactions – ainsi, si on ne prévoit pas d’emporter des bâtons de marche, l’avantage d’une tarp par rapport à une tente légère diminue en partie… L’établissement de la liste finale est donc une démarche non linéaire, avec des allers-retours, des changements, etc., et seule une grande expérience permettra d’accélérer le processus. Restera alors à choisir le sac et à le remplir efficacement !

Conclusion

À programme égal, il faut un entraînement physique bien moindre si on porte un sac très léger que si l’on est chargé comme un baudet ! Une méthode bien connue pour alléger son sac consiste à s’astreindre à chaque retour de randonnée à défaire le sac en triant en trois tas : ce dont on s’est beaucoup servi, ce dont on ne s’est presque pas servi et dont on aurait pu se passer, et ce dont on ne s’est pas servi du tout. À part quelques évidences (ce n’est pas parce qu’on ne s’est pas servi d’un poncho parce qu’il n’a pas plu qu’il ne pleuvra pas une autre fois, et ce n’est encore moins pas parce que la trousse de pharmacie est restée au fond du sac qu’il faut l’éliminer), les conclusions seront claires – ce qui n’a pas servi n’aura plus sa place dans le sac ! Et vous pouvez alors éditer vos listes personnelles types, dont vous savez qu’elles vous conviennent dans telles ou telles conditions, tout en gardant une marge pour l’imprévu : l’inconscient qui partirait faire le GR20 en hiver avec des tongs et un t-shirt n’est pas « MUL » : il est juste inconscient !
Alléger son sac ne se fait pas en prenant des risques, et ce ne doit pas être un but en soi, mais juste un moyen de randonner beaucoup plus agréablement et en toute sécurité.

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