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Kungsleden

par Fanny Cathala dans Dans le monde 23 nov. 2010 mis à jour 30 oct. 2012 13987 lecteurs 9 commentaires
Lecture 6 min.

Randonnée nordique en Laponie : sur la Kungsleden, la « voie royale ».

Kungsleden Même si le train a constitué une part importante du voyage, rentrons à présent dans le vif du sujet… Peu de mots me viennent à la bouche pour qualifier cette lumière, ces grands espaces, la magie des paysages nordiques…

Voir l'article très complet et intéressant de Fanny sur l'accès en train

1) La Kungsleden en bref

La Kungsleden est un sentier de randonnée au nord de la Suède (Laponie). Il est divisé en quatre parties correspondant chacune à environ une semaine de marche. Sa création remonte à la fin du XIXe siècle, à l'initiative du Svenska Turistföreningen (STF), homologue suédois du Club alpin français. L'itinéraire a progressivement été équipé en refuges (tous les 20 km environ aujourd'hui, principalement dans la partie Nord).

tronçon parcouru : Abisko-Nikkaluokta/ 110 km

localisation : 200 km au Nord du cercle polaire. En pleine toundra

Voir la discussion associée

Refuges :
Ce tronçon est équipé de refuges tous les 15 km en moyenne. Les refuges suédois sont des exemples en matière de confort. On y trouve souvent une « dryingroom » pour faire sécher ses affaires, chaque pièce est équipée d’un poêle, gazinière et vaisselle dans la salle commune. Certains refuges sont équipés de sauna et proposent une petite épicerie.
Les refuges n’ont pas l’électricité et les corvées d’eau (dans les trous creusés dans la glace de lac) et de bois sont à faire.
Le prix en 2010 pour une nuit est de 360 kr (36 euros) pour les non-membres du STF et 100 kr de moins pour les membres.

Pour notre part, nous avions tout le matériel nécessaire pour effectuer le raid en autonomie. Nous avons donc passé nos nuits sous tentes et parfois profité de la proximité des refuges qui proposent pour 100 kr (10€) l’accès aux parties communes du refuge.
Une seule nuit a été passé en refuge… une tempête pointant son nez.

Climat :
Du Nord…
Le soleil a largement dominé durant cette traversée. Seulement deux jours nuageux.
Les températures ont toujours été négatives et peuvent descendre bien bas la nuit (-25°C). En journée, elles tournent autour des -10 à -5°C.
Températures basses donc, mais le corps s’y habitue si bien qu’à -5°C, il fait chaud ! Attention toutefois lorsque le vent souffle. La température ressentie diminue à grande vitesse.

Attention aux suédois lorsqu’ils annoncent des températures entre 10 et 5°C… il faut rajouter un moins devant !

Cartes :
Abisko
Kebnekaise

Fréquentation :
Nous ne savions pas trop à quoi nous attendre quant à la fréquentation du trek. En journée, nous ne croisions pas grand monde (en moyenne 5 personnes je pense + les motos-neige). L’essentielle des rencontres se faisaient aux refuges.
Paradoxalement, c’est l’hiver que l’activité est la plus intense dans le Nord. Les fleuves et lacs gelés permettent un accès aisé aux motos-neiges qui en profitent donc pour ravitailler les refuges pour la saison d’été. L’été, ils sont coupés du monde. Les Sames ne se déplacent aujourd’hui aussi qu’en moto-neige. Nous n’avons pas croisé de motos-neige de loisirs… ce type de nuisance ne nous a donc que peu gênés jusqu’à Kebnekaise, d’autant plus que nous n’en avons croisé que proche des centres importants (Kebnekaise et Abisko)

Transport du matériel :
Deux pulka pour quatre. Amandine, enceinte de 4 mois ne pouvait rien tirer, ce qui explique ce choix et ce qui permettait d’aménager des demi-journées de repos.

2) La randonnée, jour par jour

Jour 1 : Abisko-Abiskojaure
Distance : 12 km
Dénivelé : +105 m
Facile

Remarque : randonnée se déroulant entièrement dans le parc national d’Abisko.
Le trail part du village d’Abisko Touristation et longe la rivière gelée. Nous suivons le balisage au milieu de la forêt de bouleaux.
Au loin, les montagnes dans lesquelles nous allons nous engouffrer. Nombreuses traces d’élans et premières traversées de rivières et lacs gelés. La glace sonne creux et, à tort, nous serrons les fesses… jusqu’à ce que deux motos-neige nous passent devant à toute vitesse !
Une journée comme dans nos rêves.

Le refuge se situe au bout du lac d’Abiskojaure. Le gardien annonce -36° mais nous passons la nuit sous la tente. Très bon accueil.
Aurore boréale, mais de faible luminosité.
Jour 2 : Abiskojaure - lac de Radujavri
Distance : 15 km
Dénivelé : +330 m
Long

La journée commence par une longue montée. Amandine ne pouvant tirer les pulka, nous avons donc fait le choix d’atteler les deux pulka à trois. L’effort est ainsi répartit.
Sur le plat, c’est un véritable plaisir de tirer les pulka. En montée, cela devient vite exténuant !
Nous mangeons au milieu d’un immense plateau avant de redescendre sur les lacs, véritables autoroutes du Nord. Au passage, nous observerons des rennes et un lagopède.
Nous passons la nuit sous la tente en profitant du poêle de la cabane de secours au bord du lac de Radujavri. Encore une fois, de faibles aurores balayent le ciel.

Jour 3 : lac de Radujavri –refuge de Tjaktja
Distance : 18 km
Dénivelé : +220 m
Long

3 bonnes heures sont nécessaires pour rallier le refuge d’Alesjaure et terminer ainsi l’étape de la veille.
A Alesjaure, après un repas copieux autour du puit dans la glace, nous décidons d’effectuer la troisième étape pour rejoindre le refuge de Tjaktja. Le ciel se couvre et le vent se lève. Nous remontons une large vallée. Les derniers kilomètres en montée sont exténuants. Nous décidons de passer la nuit au refuge. Très bon accueil du gardien et de sa petite fille de trois ans, véritable petit lutin des neiges.
Le vent souffle toute la nuit.

Jour 4 : refuge de Tjaktja – refuge de Salka

Distance : 12 km
Dénivelé : +150 m/-300 m
Facile mais long sur les derniers km

Le col de Tjaktja(1150 m) est le point le plus haut de l’itinéraire. Il est coutume de dire que pour comparer cette altitude aux Alpes, il faut rajouter 2000 mètres. La montée au col se fait tout en douceur. Un abri de secours est ouvert à son sommet. Nous y mangeons à l’abri du vent. La descente sur la vallée de Salka avec les pulka est des plus épiques et chacun cherche la meilleure manière de la diriger.
Nous évoluons à présent au cœur d’une vallée glaciaire. Les montagnes qui nous dominent sont des plus imposantes.
Au refuge de Salka, nous faisons un tour au sauna, profitons du poêle…et passons la nuit sous la tente ! Pour la nuit, nous avions adopté sac de couchage en duvet (t° de confort de 0°) dans un sac de couchage synthétique. Grâce à cela, nous avons largement supporté les températures négatives dans la tente. Et lorsque le tout est jumelé, il y fait +20°C !
Nombreuses possibilités de randonnées en étoile autour de Salka.



Jour 5 : refuge de Salka- refuge de Singi
Distance : 12 km
Dénivelé : - 100 m
facile
Etape des plus magique ! des plus venteuse aussi ! A plat, au cœur du massif de Kebnekaise, le paysage ne fait que changer. De nouvelles vues s’imposent à nous, toutes plus belles les unes que les autres !
Nombreux rennes. Fort vent, un vrai temps du Nord !
Abri de secours à 5 km de Salka.
Singi est situé à l’extrémité d’un village Same. La gardienne vient à notre rencontre. « You are welcome ! ». Vive l’accueil suédois.
Jour 6 : Singi – station de Kebnekaise
Distance : 14 km
Dénivelé : +120/-150 m
Normal
Les vallées ne cessent de s’approfondir et les montagnes de grandir. Des falaises apparaissent même. Paysages très alpins.
Une très belle étape !
Des rennes à ne plus savoir qu’en faire !

La dernière courte montée sur la station de Kebnekaise est quand même éprouvante. La station de montagne de Kebnekaise est un véritable centre de vacances. Hôtel, sauna, magasin de location de matériel, restaurants, services d’accompagnements… toutes les activités alpines y sont pratiquées.
Nous plantons la tente au milieu des bouleaux et profitons des services offerts. Kebnekaise constitue un doux retour à la civilisation… il n’y a pas affluence!

Jour 7 : repos
Petite balade autour du site. De nombreuses possibilités de randonnées en étoile.

Jour 8 : Kebnekaise – Nikkaluokta
Après avoir campé à 3km de Kebnekaise, nous prenons la direction de Nikkaluokta, notre dernière étape avant la fin du voyage.
Nous retrouvons les forêts de bouleaux et traversons notre dernier lac. Le ronronnement des motos-neiges qui emmènent les touristes à Kebnekaise nous ramène à la réalité. Adieu les montagnes, Adieu le Nord…

Jour 9 : retour en bus sur Kiruna

2 bus par jour font la liaison sur Kiruna. Il en coûtera 116 kr. Le voyage dure une heure et donne l’occasion d’observer des élans.

Kiruna est la grande ville du Nord. On y trouve toutes les commodités… sauf durant le long week-end de Pâques où les suédois partent tous… dans les montagnes !
Pas de chance pour nous donc… seul le magasin de souvenirs est ouvert !

Les suédois nous regardent un peu comme des extra-terrestres lorsque nous traversons la ville en tirant les pulka !

En ville, nous découvrons les kiksleigh. C'est une sorte de luge que l'on pousse devant soi et qui permet de se déplacer debout sans risquer la chute à chaque pas. Ces kiksleigh sont garées devant les maisons ou à l'entrée des magasins, fixées avec un antivol exactement comme chez nous les vélos. Et pour la petite histoire, en Laponie, les vélos ont les pneus cloutés !

Nous passons la nuit en auberge de jeunesse.

Conclusion

Nous n’avons pas fait d’exploit sportif. Loin de là. Mais un raid dans le Nord ne s’improvise pas… et avec une femme enceinte, je ne souhaitais prendre aucun risque !
La Kungsleden est vraiment un bel itinéraire, peu fréquenté. Nous évoluons dans de grands espaces, mais les paysages sont changeants. Aucune monotonie, et des lumières toujours féeriques… même dans le grand blanc.
Le balisage et les refuges en font un raid peu engagé.

Kungsleden
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Commentaires
19 janv. 2014
Invité (utilisateur non inscrit)
Bonjour et merci pour ce récit. Je voudrais faire cette partie du Kungsleden en Ski de randonnée sans pulka en dormant dans des refuges, afin de faire quelques sommets à partir des refuges. Que pensez-vous de ce parcours en ski de randonnée et non pas en ski nordique ?
Merci !

19 janv. 2014
Invité (utilisateur non inscrit)
Bonjour Julien,
Fanny est absente en ce moment et ne peut donc pas répondre. Mais d'après ce qu'on en sait, c'est faisable à ski de randonnée classique. C'est moins confortable et rapide que des skis de randonnée nordique sur les longues portions plates, mais ça marche quand même, et surtout ça te permet de faire des sommets avec de belles descentes à ski ce qui semble être ton programme :) !
Bonne balade !

20 janv. 2014
Invité (utilisateur non inscrit)
Voici la réponse de Fanny a qui nous avons transmis le message :
"Bonjour julien,
Pour ce qui est de prendre des skis de rando, si tu ne crains pas les longs plats, ça se fait bien. Il y a beaucoup de sommets le long de la kungsleden qui offrent un large choix de pentes et d'orientations.
Les refuges ne font pas à manger. Un refuge sur 2 propose une petite épicerie. Mais mieux vaut avoir des réserves ! D'où l'intérêt d'une pulka. Elle te permettra aussi d'être plus à l'aise niveau matos.
Excuse-moi pour cette réponse courte mais je suis à l'étranger... N'hésite pas si tu as d'autres questions,"
Fanny

24 janv. 2014
Invité (utilisateur non inscrit)
Merci beaucoup pour ces réponses ! Je suis allé sur quelques autres forums et la plupart conseillaient les ski de randonnée nordiques, voire déconseillaient carrément les skis de rando, je ne sais pas trop quoi penser. Mais je n'ai pas trop envie d'investir dans du nouveau matériel, et j'ai envie de me faire plaisir en descente ! Vos commentaires sont donc plutôt rassurants. A vrai dire j'ai voulu faire en octobre ce parcours mais un bête problème de bus nous a empêché de le finir, j'ai donc une "revanche" à prendre ! Vous avez pris toutes vos affaires par avion, ça ne pose pas de problème ?

24 janv. 2014
Invité (utilisateur non inscrit)
Fanny est son équipe se rendent souvent en Laponie en train ! Cf. leur site rail and ride

24 oct. 2014
Invité (utilisateur non inscrit)
Bonjour,
J'ai lu avec attention votre récit ! Je suis déjà parti en Laponie fin décembre, mais coté finlandais. J'aimerais cette fois parcourir cette fameuse Kungsleden, selon le même itinéraire que vous.
Tout comme vous je compte partir en train avec ski et pulka. Pour la période, je n'ai pas trop le choix ça sera plutôt en janvier... donc températures froides, journées très courtes et nuit sous tente obligatoire.
Étant donné les conditions météo qui peuvent être très difficiles à cette période, pensez-vous que c'est raisonnablement jouable de s'aventurer sur l'itinéraire si tôt en saison ? Le balisage est-il relativement régulier sur cette partie ? Je table sur une progression de 8 à 10 km/jour maximum, pour palier aux imprévus météo éventuels.

Voilà si vous avez des conseils il seront toujours bons à entendre.
D'avance merci!
Félix

03 nov. 2014
Invité (utilisateur non inscrit)
Félix :
Bonjour,
J'ai lu avec attention votre récit ! Je suis déjà parti en Laponie fin décembre, mais coté finlandais. J'aimerais cette fois parcourir cette fameuse Kungsleden, selon le même itinéraire que vous.
Tout comme vous je compte partir en train avec ski et pulka. Pour la période, je n'ai pas trop le choix ça sera plutôt en janvier... donc températures froides, journées très courtes et nuit sous tente obligatoire.
Étant donné les conditions météo qui peuvent être très difficiles à cette période, pensez-vous que c'est raisonnablement jouable de s'aventurer sur l'itinéraire si tôt en saison ? Le balisage est-il relativement régulier sur cette partie ? Je table sur une progression de 8 à 10 km/jour maximum, pour palier aux imprévus météo éventuels.

Voilà si vous avez des conseils il seront toujours bons à entendre.
D'avance merci!
Félix


Bonjour,

Janvier c'est effectivement froid et bien noir! Par contre, pour ce qui est des nuits sous tentes ce n'est pas sure...les refuge possèdent normalement des abris d'hiver. A confirmer sur le site du stf... La tente reste je pense obligatoire en cette saison en cas de blocage météo par exemple. La portion Abisko/Nikkaluokta est très bien balisée. De ce côté, je n'ai pas d'inquiétude.

Par contre, je m'interrogerai plus sur les conditions météo (tempêtes et vents violents), l'état des lacs (janvier n'est pas la meilleure période de gel des lacs) et le plaisir de la progression. Cette portion de la Kungleden est en zone montagneuse. Les conditions sont très différentes de la taïga à quelques km de là.

Pour ma part, je ne trancherai pas la réponse (une balade à la lueur de l'aurore boréale me tente bien). Mais je connais mon niveau, mes limites et aussi l'itinéraire pour être montée de nombreuses fois là-haut. Pour une première, je conseillerai toutefois d'y aller plus tard en saison pour profiter du soleil, des paysage mais aussi des aurores boréales... quitte à reculer le voyage de quelques mois, années...

Bonnes réflexions, et dans tous les cas bon voyage!

Fanny

07 nov. 2014
Invité (utilisateur non inscrit)
Bonjour Fanny,

Merci beaucoup d'avoir pris le temps de me répondre, tes conseilles sont vraiment les bienvenus :)

Alors, pour le timing, ça s'est un peu précisé. On sera deux à partir sur l'itinéraire (départ de Grenoble le 16 janvier, retour le 1er février). Des raisons personnelles font que je ne peux vraiment pas partir plus tard.

Pour la luminosité, je ne suis pas trop inquiet, le soleil sera au dessus de l'horizon environ 3h au début du périple, et plus de 5h sur la fin, ce qui nous laissera, en théorie, une bonne marge d'action pour effectuer nos 8 à 10 km quotidiens. On peut aussi espéré marcher part une belle nuit de pleine lune, qui sait...

Concernant les conditions météo, j'ai déjà pu tester mon équipement en conditions difficiles, que ça soit en montagne ou dans le grand nord Lapon ou Sibérien, je reste aussi assez confient sur cet aspect. En cas de gros temps, on sera aussi deux, ce qui veut dire deux paires de bras pour batailler au montage de la tente ; point non négligeable;)

Le balisage est un vrai point important, notamment pour éviter de se retrouver au milieu d'un lac... On essayera de les éviter autant que possible. En Finlande, fin décembre, on avait aussi cette crainte de passer à travers la glace, donc on restait bien consciencieusement sur les bords...

J'ai vu le teaser de votre film "Terminus Boréal" passé au festival Fontaine en Montagne, magnifique (et le gros tipis n'a pas du être simple à transporter!).

Encore une fois, merci beaucoup pour tes conseils Fanny et merci à toi et ton équipe de partager votre belle philosophie de voyage et d'aventure!

Félix

10 nov. 2014
Invité (utilisateur non inscrit)
Si tu es sur Grenoble, on fait une projection de notre nouveau film "Tysfjord, les enfants d'Anta" demain à 14h à la maison du tourisme de Grenoble. On pourrait discuter de tout ça! Et notamment du poids du tipi qui est l'équivalent de 3 tentes d'expé VE25 2 places!